Fin de l’audition de l’ex-milliardaire Abdelmoumene Khalifa au tribunal de Blida. L’audition de l’ex golden boy n’a pas révélé plus que l’on ne savait déjà sur cette affaire. Ce qui était étonnant c’est l’assuranec avec laquelle l’accusé s’était défendu et a répondu aux questions du juge, du procureur ou de sa propre défense ce matin-même.
Le procès de l’affaire Khalifa Bank a donc repris ce 10 mai au tribunal criminel près la cour de Blida par les questions de la défense de l’ex milliardaire.
Deux avocats assurent la défense de l’accusé, en l’occurrence Me Merouane Boumedjhouda et Me Nasserdine Lezzar qui avait demandé jeudi dernier au président du tribunal, le juge Antar Menouar, d’ajourner son intervention afin de lui permettre de disposer du temps nécessaire pour poser 66 questions à son mandant.
Son audition n’a pas duré plus de 20 minutes où il a expliqué encore une fois que l’argent des se sociétés pharmaceutiques (KRG Pharma et pharma production) lui permettaient de créer une banque, que la banque n’était pas en faillite en 2003 et qu’il n’avait pas enfreint la loi.
Mis à part le fait d’avoir affirmé qu’il « ne pouvait pas tout dire », Abdelmoumene Khalifa explique sa fuite à l’étranger, par son souci d’ éviter « des émeutes » et « un bain de sang » au pays, car il employait « plus de 22.000 personnes qui allaient se retrouver au chômage », a-t-il argué.
Abdelmoumene Khalifa a confirmé, du coup, ce que l’on savait déjà. Le montage de ses sociétés s’est fait au vu et au su de tous. C’est pourquoi il répondait aux questions sur les dépôts des entreprises publiques, « leur gestionnaires ne pouvaient rien faire sans l’accord de l’Etat » et à celle de l’infraction à la législation qu »il n’avait enfreint aucune loi à moins que tous les fonctionnaires de la banque centrale aient fermé les yeux sur des procédures illégales ».
Abdelmoumene Khelifa a réitéré, plus d’une fois, n’avoir jamais enfreint la réglementation du contrôle de change et a insisté sur « la bonne santé financière » de son entreprise, allant jusqu’à affirmé avoir laissé pas moins de 97 milliards de DA dans ses caisses lorsqu’il a quitté le pays en 2003.
L’interrogatoire du président du tribunal pendant deux jours consécutifs mercredi et jeudi), a porté sur les dessous de la création de la banque, sa gestion, et sur les autres entreprises du groupe.
L’accusé, qui a étonné par son assurance, a nié avoir falsifié deux contrats d’hypothèque d’une villa d’un local, du même qu’il a nié les avoir utilisé pour contracter un crédit auprès de la BDL de Staoueli afin de financer sa banque. Quant à la gestion des filiales de la banque, l’accusé a expliqué qu’elle incombait à ses directeurs, et qu’il n’était pas en mesure de contrôler toutes
leurs activités et transactions.
Le prévenu considère l’annonce de la faillite de sa banque dont l’actif était « supérieur » au passif, selon lui, comme étant un « vol organisé » des fonds, parlant de preuves « fabriquées » dans l’affaire.
Il a également nié que Khalifa Airways remettait des cartes de gratuité de voyage sur ses lignes aux personnalités, affirmant qu’il s’agissait juste de cartes de fidélité permettant de bénéficier de réductions sur les tarifs.
Quand au lancement de ses chaînes de télévision, il l’expliquera par sa volonté de « soigner l’image de l’Algérie à l’étranger », selon ses dires, et l’importation des stations de dessalement de l’eau de mer, qui étaient « en mauvais état et contenant de
l’amiante », selon l’expertise, allaient « servir le pays menacé par la sécheresse ».
Au procureur général, le représentant du ministère public, Mohamed Zerg Erras, le prévenu démontera pièce par pièce les charges retenues contre lui.
Par la suite, Abdelmoumene Khelifa a répondu aux questions de la défense de nombreux accusés, notamment sur des détails reliant leurs mandants à l’accusé principal.
Détendu tout au long de l’interrogatoire, presque comme s’il ne mesurait pas la gravités des chefs d’inculpation retenues contre lui, l’ex Golden Boy provoquait, par moments, des éclats de rire dans la salle lorsqu’il rétorquait à certaines remarques du juge par de l’humour.
Créée en 1998, Khalifa Bank était gérée au début par Ali Kaci avant la nomination par le conseil d’administration de Abdelmoumene Khelifa à ce poste qu’il a occupé de 1999 à 2003.
Abdelmoumene Khalifa, faut-il le rappeler, est poursuivi pour escroquerie, association de malfaiteurs, vol qualifié, faux et usage de faux en écriture bancaire, abus de confiance, trafic d’influence, corruption, détournement de fonds et banqueroute
frauduleuse
L’accusé avait été jugé en première instance en 2007 par contumace et condamné alors à la réclusion criminelle à perpétuité, dans le procès de l’affaire de la caisse principale de Khalifa Bank.
Son jugement par contumace étant rendu nul après son extradition, Khalifa est actuellement jugé dans le même procès que les 76 accusés (5 sont morts), dont 21 prévenus, ayant introduit un pourvoi en cassation devant la Cour suprême,
après la jonction de son affaire avec celle de 2007.
Plus de 300 témoins comparaissent pour la deuxième fois de même que les victimes et partie civile. Des peines allant d’une année à 20 ans de prison avaient été prononcées en 2007, une cinquantaine d’accusés avait été relaxée.
Une fois que l’audition de Khalifa est terminée, on appelle à la barre, le notaire Omar Rahal accusé d’avoir falsifié les actes qui ont permis la création de la banque.
Diminué par les nombreuses années de détention et en raison de son âge et sa maladie, le tribunal l’autorise à répondre aux charges en restant assis.
Le notaire avait été très malmené lors du procès de 2007. Cette fois-ci, il esquive les questions et semble vouloir, aussi, nier les charges retenues contre lui. Parviendra-t-il à convaincre le tribunal qu’il n’avait pas enfreint la loi mais agit de bonne foi?