Les cinq accusés dans l’affaire Sonatrach-Safir semblaient pourtant optimistes quant à leur acquittement à l’issue de l’appel qu’ils avaient introduit. Le verdict prononcé hier en début d’après-midi, où le juge a confirmé les peines énoncées en première instance, les a surpris. «Nous nous attendions à être acquittés, c’est injuste !», nous dira l’un.
Pour rappel, c’est suite au double appel interjeté par les accusés, d’un côté, et le ministère public, de l’autre, que l’affaire des transactions de «gré à gré» conclues entre le groupe Sonatrach et la coentreprise algéro-française d’engineering et de réalisation Safir SPA, impliquant les ex-numéros un et deux de la compagnie pétrolière nationale, Meziane Mohamed et Feghouli Abdelhafid, accusés au même titre que trois autres personnes, de passations de marché contraires à la réglementation et de dilapidation de deniers publics, a été rejugée le 23 novembre 2011 et mise en délibéré.
Le ministère public avait requis des peines plus lourdes. Durant l’audience d’hier, tous ont répondu présent pour entendre le verdict, à l’exception d’Abdelhafid Feghouli qui était absent. L’un des avocats de la défense, qui s’exprimait à l’issue de l’énoncé du verdict, nous dira : «C’est plus facile de maintenir les peines que l’acquittement. Nous pensions vraiment qu’ils allaient tous être acquittés.» «Nous irons jusqu’au bout et ce n’est pas pour être réintégré, je ne veux plus rien avoir avec Sonatrach, nous le ferons pour les autres cadres et aussi jusqu’à obtenir notre acquittement !» nous dira l’un des cinq accusés. Les avocats de la défense nous confirmeront que les cinq accusés introduiront un pourvoi en cassation dans les huit prochains jours. A sa sortie du tribunal, l’ex P-dg de Sonatrach, Meziane Mohamed, ne trouvait pas les mots pour exprimer sa réaction suite au maintien de sa peine. D’un geste de la main, il nous signifiera qu’il ne trouve pas les mots pour réagir au verdict, sa déception était très visible. Pour rappel, les cinq accusés avaient été jugés en première instance par le Pôle pénal spécialisé d’Oran au mois de mai dernier. Meziane Mohamed, l’ex-P-dg de la compagnie pétrolière nationale, a été condamné à deux ans de prison, dont un an ferme, le vice-président du groupe et P-dg de la filiale Activité aval à la période des faits, Feghouli Abdelhafid, avait écopé d’un an de prison dont quatre mois fermes, au même titre que les trois autre accusés : Benamar Touati (Pdg de la filiale Sonatrach : Cogiz), Henni Mekki (DG des études et du développement de Sonatrach), Nechnech Tidjini (DG de la coentreprise algérofrançaise Safir). Ces peines étaient assorties d’amendes : 500 000 DA pour Meziane Mohamed, 200 000 DA pour les quatre autres. En vertu de ces décisions, les accusés, à l’exception de Meziane Mohamed, qui était en liberté depuis sa mise sous contrôle judiciaire, ont pu quitter la prison le jour-même, car ayant déjà purgé leur peine. Hier, ils ont quitté le tribunal décidés à aller jusqu’au bout pour prouver leur innocence.
Amel Bentolba
