Le ministère public près la cour d’Alger a requis l’aggravation des peines à l’encontre des mis en cause dans l’affaire de trafic de devises d’Hydra, dont le procès en appel a eu lieu hier à la cour d’Alger. Le verdict sera connu dans une semaine.
Abder Bettache – Alger (Le Soir) – Après deux reports de suite, le procès en appel des mis en cause dans l’affaire de trafic de devises, dont le réseau a été démantelé à Hydra sur les hauteurs d’Alger, a eu lieu hier au niveau de la cour d’Alger. Le procès en appel a eu lieu après le pourvoi interjeté simultanément par le ministère public et les avocats de la défense. Pour rappel, lors du premier procès, qui a eu lieu en août dernier au niveau du tribunal de Sidi M’hamed, des peines fermes et avec sursis, allant de 8 à 1 an de prison ferme, ont été prononcées à l’encontre des prévenus. Lors du même procès, le représentant du ministère a requis des peines très lourdes, soit vingt ans de prison ferme contre le principal mis en cause, alors que pour les autres prévenus, au nombre de dix, l’accusation avait demandé à leur encontre des peines allant de cinq à dix ans de prison ferme. Il est à noter que les chefs d’inculpation retenus à l’encontre des mis en cause sont «association de malfaiteurs, transfert illégal de capitaux, blanchiment d’argent et violation des dispositions de la loi sur la monnaie». Cela dit, à en croire l’accusation, ce qui n’était au départ qu’une simple rumeur sur l’existence d’une filière de trafic de devises dans le quartier chic d’Hydra, sur les hauteurs d’Alger, s’est finalement avéré être une grosse affaire qui dépasse l’acte du simple change. Selon l’accusation, «l’arrière-base exerce avec un important réseau international de fuite de capitaux et de mouvements illégaux de devises». Le réseau avait été démantelé par la Gendarmerie nationale suite à un long travail d’investigation engagé par la section de recherches (SRGN) relevant du groupement de la wilaya d’Alger. Selon les premiers éléments de l’enquête, le réseau qui était spécialisé dans la vente de téléphones mobiles et autres accessoires, sous fond de trafic de devises, disposait de ramifications en Algérie, en Europe et en Amérique. L’enquête lancée en 2009 a permis, dans un premier temps, la découverte de dizaines de swifts prouvant le transfert de 320 milliards de centimes, soit l’équivalent de 26 millions d’euros, vers l’étranger. La perquisition du magasin «spécialisé» dans la vente de téléphones portables, mais qui faisait office de bureau de change, a permis la récupération de 50 000 euros, de 70 000 dollars américains et de 25 millions de dinars algériens. Selon les éléments de la section de recherche de la Gendarmerie nationale, le local commercial ressemblait à une «succursale bancaire». En effet, trois machines, des compteuses de billets de banque, 2 coffres-forts pleins de dinars et de devises, un autre coffre-fort plein de swifts ont été découverts. Le transfert frauduleux de devises se faisait en direction de la Turquie, de la Tunisie et des Emirats arabes unis. L’accusation fait état également d’un large mouvement de «blanchiment d’argent». Ainsi, les sommes colossales qui ne pouvaient être transférées vers l’étranger ont toutes été «investies » en Algérie. Le blanchiment d’argent s’opérait avec l’achat de locaux commerciaux, d’appartements et de villas dans une dizaine de localités de la capitale. Les quartiers ciblés sont notamment Hydra, Ben Aknoun, Bouzaréah, Bir Mourad Raïs, Ouled Fayet et Bouchaoui.
A. B.