C’est aujourd’hui que doit s’ouvrir, selon la programmation établie par la cour d’Alger, le procès en appel de l’affaire de dilapidation de plus de 1200 milliards de centimes de la Badr (Banque de l’agriculture et du développement rural) au profit du groupe Digimex, selon l’accusation.
Les 25 accusés, dont 9 avaient été placés sous mandat de dépôt, ont fait appel après les condamnations qui ont été prononcées à leur encontre par le tribunal correctionnel, le 17 novembre 2007, peines allant de 2 à 10 ans de prison et une amende de 1 million de dinars pour chacun d’eux, rappelle-t-on.
Les mis en cause, dont un ex-PDG de la Badr, Bouyacoub Farouk, le gérant de Digimex, Z. Y., et plusieurs cadres de ladite banque sont accusés de dilapidation et de complicité de dilapidation de deniers publics, de faux et usage de faux et d’escroquerie, selon le dossier judiciaire. L’enquête a été menée par les investigateurs de l’ex-SCRB (Service central de répression du banditisme). Une plainte a été déposée par le chargé des affaires juridiques de la Badr.
La banque s’est constituée partie civile. Il s’agit, dans cette affaire, et selon l’accusation, de plusieurs crédits (en dinars et en dollars) accordés sans garantie ni dossier, de dépassement des lignes d’escompte, de 640 traites accordées et qui sont retournées impayées,
d’escompte de chèques certifiés malgré le compte du groupe qui était débiteur. Il est aussi question de transfert d’argent entre les comptes des entreprises créées par le patron de Digimex et son associé (une dizaine au total) alors que ces comptes n’étaient pas approvisionnés, est-il rappelé. Le préjudice, selon une expertise ordonnée par la justice, a atteint les 1200 milliards de centimes.
Il est à noter que les cadres de la banque ainsi que les gérants de Digimex ont tous nié leur implication dans la dilapidation, rejetant en bloc les accusations portées contre eux, lors du procès tenu en 2007. Les inspections internes de la Badr n’ont pas décelé d’anomalies dans les différentes opérations effectuées au niveau de l’agence de Birkhadem
au profit de Digimex, a-t-il été indiqué au cours du procès. Un expert qui avait mis en exergue que «600 travailleurs de Digimex avaient perdu leur emploi dans cette affaire», avait annoncé que «toutes les opérations ont été effectuées légalement avec des hypothèques», et que «86% des crédits de Digimex étaient couverts par des garanties». Le procès, sous réserve de renvoi, pourrait mettre toute la lumière sur cette affaire.
M. A.