Ambiance particulière aujourd’hui à la cour d’appel d’Alger. Et pour cause, la tenue du procès en appel d’Algérie Télécom, et ce, après trois reports. Ce mardi, la défense sera renforcée par un apport externe, soit l’arrivée d’un avocat français inscrit au barreau de Paris. Il fait partie du collectif de défense de Chani Medjdoub.
Attendue pour hier lundi, soit la veille du procès, la conférence de presse des avocats des deux mis en cause dans cette affaire n’a pas eu lieu. Les avocats de la défense ont décidé de faire l’impasse sur ce rendez-vous, préférant que celui-ci n’intervienne qu’après le procès. Cela dit, ce procès en appel sera riche en événements d’autant que la défense sera renforcée par l’arrivée d’un avocat venu spécialement de France. Ce dernier, dit-on, est un pénaliste spécialiste des questions relevant du délit économique. Sur un autre plan, on évoque l’épineuse question de la présence ou non au procès de Fermine Dominique, l’employé de la banque Natixis basée au Luxembourg. Pour rappel, les avocats de la défense avaient demandé à la cour de convoquer en sa qualité de «témoin-clé» le banquier luxembourgeois. D’ailleurs, pour eux, l’absence de ce dernier ne fera que «confirmer la peine de 18 ans de prison retenue contre les deux accusés», à savoir Mohamed Boukhari, ancien conseiller du P-dg d’Algérie Télécom et Chani Medjdoub, homme d’affaires algéro-luxembourgeois. Il y a moins d’un mois, les avocats de la défense avaient organisé une conférence de presse, lors de laquelle ils avaient dénoncé «une procédure qui dénie le droit aux justiciables». Pour le collectif d’avocats de la défense, «sans la présence d’un témoin-clé dans l’affaire», à savoir Fermine Dominique, employé de la banque Natixis au Luxembourg, «le droit de ces accusés sera bafoué et violé». Ainsi, tour à tour Me Bourayou, Me Chelgham et Me Bellarif, avocats de Medjdoub Chani et Samir Sidi-Saïd, ont plaidé «la présence des témoins qui est plus qu’impérative», car, ajoute-ton «c’est sur la base de leurs déclarations à la commission rogatoire que les deux accusés ont été inculpés ». Pour Khaled Bourayou, «il sera impossible de plaider cette affaire sans la présence des témoins». Pourtant, explique-t-on, «le magistrat est obligé de reproduire tous les documents à discuter d’une manière contradictoire en audience». Parmi ces documents, le procès-verbal de l’audition de Fermine Dominique par la police judiciaire, le 10 octobre 2011, au Luxembourg, où il raconte ses différentes rencontres avec Boukhari et surtout l’ouverture de comptes structures (sociétés offshore) et un autre compte au nom de Boukhari. Dans le même procès-verbal d’audition, Fermine affirme que «Chani ne connaissait pas Boukhari» et Chani Medjdoub «avait fait des recherches en Algérie et qu’il n’avait pas trouvé d’élément s’opposant à une entrée en relation professionnelle» avec Boukhari. Selon Me Bellarif, cette déclaration de Fermine «confirme que Chani ne connaissait pas Boukhari». En somme, poursuivis et condamnés par le tribunal de Sidi M’hamed à une peine de 18 ans de prison ferme pour «corruption et blanchiment d’argent » (entre 2002 et 2006), et après avoir interjeté appel, Mohamed Boukhari, ancien conseiller du P-dg d’Algérie Télécom (en détention), et Medjdoub Chani, homme d’affaires algéro-luxembourgeois, cité dans l’affaire de l’autoroute Est- Ouest (en détention), sont donc cités à comparaître, aujourd’hui, avec deux sociétés chinoises, ZTE et Huawei, devant la chambre pénale près la cour d’Alger. Le procès sera sans aucun doute riche en événements. Des rebondissements sont dès lors attendus.
A. B.