Procès el khalifa Bank, Antar accélère la démarche

Procès el khalifa Bank, Antar accélère la démarche

Le procès perd de son suspense

S’étant aperçu de l’effarant nombre d’accusés (76), le juge a décidé de juger ce jour 8 accusés et de bosser le samedi.

L’audience d’hier a débuté à 9h05. Maître Benraïs, l’unique avocat du notaire Maître Amar Rahal, 86 ans très malade, insistera durant douze minutes pour que son client reste au niveau de l’infirmerie de la prison de Blida avec ceci de particulier: «Au cas où le tribunal criminel veut l’entendre, on le ramènera!» Menaouar Antar, le juge, demeure inflexible. Il reste attaché au respect des procédures en vigueur. Mais au moment où le magistrat allait marcher avec Maître Benraïs, Rahal, depuis le box demande à y rester suivre les débats. «Voilà, Maître, on ne peut plus être plus royaliste que le roi!» s’est exclamé le président visiblement heureux d’avoir raison…

Il faut dire que ce mardi, la moitié des chaînes TV nationales ont disparu de la courette de la cour de Blida. On vous l’a écrit! L’intérêt du procès est tombé après l’audition remarquable de Rafik Abdelmoumène El Khalifa ce qui explique le passage à la vitesse supérieure du juge qui était ce matin à l’accusé n°9 dans l’ordre donné par l’arrêt de renvoi. Et sincèrement, nous avons un peu peur d’ennuyer nos lecteurs en rapportant de menus détails telles les conditions de recrutement de tel ou tel accusé.

Les banalités lancées à la barre ne valent pas le coup d’être reprises mais si elles ont été suivies…

Maître Kamel Ouzaghla, lui, a envie de se taire que de dire des bêtises du genre «Quand prendra fin le grand procès»? et sourit, lance une anecdote à Maître Farouk Dechicha qui débattait de la suppression de la procédure de «prise de corps» dans des pays où les «droits de l’homme» dominent le climat ambiant.

Sac cadenassé

Entre-temps, Antar rappelait à l’accusé que le Québec est une province francophone! Maître Rabah Benguittoun lui, est impatient de voir le justiciable Mohamed Bousahoua en découdre avec l’insupportable accusation et Zerguerras.

Puis il raconte comment il avait reçu un sac cadenassé et une enveloppe contenant la clé du sac de la part de Akli à remettre en direction, au bureau de l’administration de Khalifa Banque. «Je l’ai remis au directeur.» Le juge le gronde et lui apprend que cette manière de faire d’un directeur chargé de la sécurité envoyant un sac contenant du fric» et il complète: «On ne peut pas estimer le contenu du sac scellé!».

Le président veut savoir si une décharge a été signée. L’accusé répond non et d’ajouter:

«Mon rôle est de m’assurer que le sac arrive au destinataire. Cela m’est arrivé à deux reprises.

Le juge cherche à savoir si quelqu’un d’autre lui avait donné une instruction et que ces deux opérations de Akli étaient les seules et de raconter le prêt accordé avec intérêt en vue de «me payer un trois-pièces cuisine». Antar rappelle les deux déclarations contradictoires: «Devant le juge, vous aviez répondu avoir transporté à cinq reprises et aujourd’hui seulement deux! Le président aurait aimé le 5 fois que 2.

A 12h30, Ouaheb en était à jurer et le juge de balayer de la bouche: «Dans le pénal, on ne jure jamais!» avant de questionner l’accusé sur l’utilité de ces opérations: «Tout ce que dit et fait Chachoua est sacré?». L’accusé répond qu’il a des ordres et ne peut que s’exécuter et il semble que le juge cherche à savoir pourquoi lui, le petit ancien flic n’a pas pu s’interroger sur le pourquoi de l’envoi de sacs entre Akli et Chachoua.

Une chose est certaine: Chachoua confirme deux réceptions de sacs envoyés par Akli. Et Ouaheb de s’accrocher à son rôle de transporteur. De quoi? il s’en passe et dit ne jamais vouloir s’intéresser à ce qui ne le regarde pas.

Une dernière question du juge: «Vous étiez seul au volant? – Souvent avec un chauffeur ou un caissier. Ces deux opérations étaient faites de telle manière à ce que je sois seul dans la voiture et le sac cadenassé. J’ai été recruté pour la garde du transport!»

Les conditions s’étaient accélérées depuis lundi 17h à 20 h comme si les membres du tribunal criminel avaient tous saisi que si El Khalifa n’a rien déclaré de détournement, qu’attendait-on donc des autres «petits» accusés et inculpés?

L’audience était à 10h10, morne, voire morte surtout que la vivacité dans la manière de poser les questions de Antar, était retombée d’un ou de deux crans!

Le service d’ordre est décrispé. Dans le box, les accusés affichent, chacun une mine.

Rafik Abdelmoumen El Khalifa suit sans teint ni ton dans le regard les nombreuses et pertinentes questions du procureur général. Puis le questionnaire retombe dans la description superflue des lieux et, ô comble de désespoir, alors que lorsque El Khalifa était à la barre, il s’agit de 10 milliards, 20 millions, 400.000 euros et aujourd’hui on évoque le retrait de 200 milliards de dinars. C’est dire si les débats ont décroché en entrant dans des détails surprenants où les arguments pour enfoncer l’accusé principal étaient quasi absents!

Et ici, nous nous souvenons de nos écrits d’il y a quelques années contre ceux qui, pour des raisons obscures, tentaient de faire avaler des couleuvres en mettant en cause de grosses pointures du régime. Tous ceux qui s’étaient approchés du pouvoir de l’époque ont été cités mais jamais inculpés donc inquiétés.

A la barre, Antar explique une autre question du procureur général autour du devoir de réserve à propos d’une discussion concernant El Khalifa. Il cite les personnalités comme Gérard Depardieu. L’accusé se défend, la peur au ventre: «Je n’ai pas cette éducation. Lorsque je discute avec un étranger, j’aborde des généralités. Je ne rentre jamais dans les détails» dit Abdelouahab Rida qui n’a jamais compris ce genre de questions…

Zerguerras, essaie de confondre Ouaheb en lui rappelant, qu’il était chef d’une équipe de gardien» chargés d’avoir l’oeil en accompagnant des délégations étrangères, pas de transports de fonds.

Et le procureur général de faire allusion au transport de fonds au noir sans aucune précaution, d’usage d’armes de feu ou encore l’obtention d’un agrément.

-«N’aviez-vous pas suspecté une quelconque opération frauduleuse?»

-«Non, je suis entré dans le groupe avec un salaire de 19.000 DA! Quelles question pouvis-je me poser? Tout ce que je peux confirmer, c’est que j’ai remis deux sacs à Chachoua de la part de Akli, loin de tout soupçon» a ruminé Ouaheb qui a rappelé le prêt de 200 millions et le juge de sauter sur l’occase.

«En 2001, vous aviez bénéficié de 200 millions et vous avez quitté El Khalifa en 2003» et de conclure: «Je travaille dans une nouvelle entreprise qui m’a avancé la différence et donc j’ai liquidé une dette avec le liquidateur.»

A force d’insister sur ce point, le juge donne la nette impression de vouloir prouver l’abus de confiance et les détournements de fonds de l’époque…

Un avocat se demande si tous les sacs cadenassés ne contiennent que du liquide. La question reste posée. Et Ouaheb de répondre que les sacs qu’il avait entre les mains étient destinés au fric!

L’audience est levée à 13h20 pour reprendre cinquante minutes plus tard avec l’accusé Salim Larbi assisté de Maître Nabil Ouali qui suivait de très près l’interrogatoire.

Salim a visiblement peur du juge et (peut être) du jugement. Il répond souvent avec des hochements de tête avec cette remarque: «Que pouvais-je dire au P-DG de la banque en recevant un ordre?» dit-il

-Non, la loi vous interdit d’enregistrer un crédit non… mérité. Ce n’est pas votre fric.

-J’ai pris 150 millions de centimes et on m’a enregistré au titre de prêt social à l’agence d’El Harrach. J’ai dit au juge d’instruction que j’allais rembourser le prêt auprès du liquidateur mais je nie avoir déclaré autre chose de plus à Tahir, le juge d’instruction de Chéraga. Sur place, on m’a donné un feuillet. J’avais sur mois les 150 millions de centimes ramassés à gauche et à droite et j’ai versé la somme dûe.

Le lendemain, j’ai revu le juge d’instruction qui m’a félicité et je suis ressorti le coeur léger.

-«où est la preuve que vous aviez obtenu un crédit? demande Antar à dessein car il savait que l’accusé ignorait les démarches à suivre pour obtenir un prêt. Il répond par l’affirmative à propos de son chef Nouredine Dahmani… lui aussi à bénéficié».

Zerguerras, le parquetier intervient pour savoir si il a pris le même avion que Rafik. La réponse est oui: «Un vol spécial privé au Liban!» précise l’accusé qui ajoute que c’était en mai 2001 contrairement à 2003 lancé par le parquetier. Antar parle vite d’une erreur matérielle. Il est même sûr de la date: 2001. Le P-DG trouve bizzare que quelqu’un qui n’a pas de grosses entrées et qui se permet le luxe de prendre deux prêts pour l’acquisition d’une auto et pour achever la construction.

«Non, pour le parquet, c’est de la corruption!» martèle le représentant du ministère public lequel ouvrira le registre de la bureaucratie dans les banques chez nous.

«C’etait une occasion à saisir, je l’ai fait» dit-il en souriant Salim qui est choqué que Zerguerras rende hommage au chef d’agence qui a découvert le potaux roses car il n’y avait aucun papier ni dossier de prêts.

L’accusé répond que son éducation lui interdisait ces pratiques. Avant de rejoindre le box, Salim demande la permission au juge d’emporter avec lui la bouteille d’eau.

«Oui, à condition de rendre ce qui y reste et la bouteille vide!» plaisante Antar libéré du stress «El Khalifa».

Yassine Ahmed est appelé à son tour. Maître Nora Chelli Ould El Houcine l’assistante ainsi que maître Nabil Benouaret le bosse de Degromat. L’accusé donne son C.V et sa carrière devant laquelle il a occupé plusieurs postes, de responsabilité dans la gestion ainsi qu’à titre d’enseignant dans différents instituts et grandes écoles privées.

D’emblée il jure n’avoir bénéficier d’aucun privilège!

Fayçal Zerrouki est appelé à la barre vers les 16h06. Il est très crispé malgré Maître Ouali son avocat. L’ingénieur en informatique s’avance avec les mêmes accusations que les précédentes.

Menouar Antar, le juge annonce que les débats ne s’arrêteront que les vendredis pour reprendre les samedis et toute la semaine.

Zerrouki décline son identité et comment il a connu El Khalifa Rafik Abdelmoumen.

J’ai été nommé à l’agence de Chéraga le 15/08/98 en qualité d’agent auxiliaire, puis vice-directeur de l’abattoir.

Au fur et à mesure de l’interrogatoire, Zerrouki se crispe à la question:

-«Comment vous êtes-vous laissé faire d’ingénieur à agent auxiliaire?»

-C’est comme ça…

-Oui mais, on a bien vu un niveau terminale diriger une ligne aérienne… (peu de rire dans la salle clairsemée)

Le seul coin où il y a du monde, demeure le box où plus d’une vingtaine y est assise à l’aise. Antar veut vite arriver aux graves accusations en suivant l’accusé raconter son itinéraire. Il parle en se demandant si les juges vont le croire comme pour ceux qui l’ont précédé.

Ronronnement

Il a surtout peur des questions trop longues de Antar qui a tendance à reprendre les mêmes questions dans le désordre. Puis il entre dans la corruption en invoquant les connaissances de l’accusé! A toutes les questions, c’est non. A 16h30 c’est franchement le ronronnement et les inévitables questions répétées avec le même «non monsieur le président». Et puis la question qui fâche rugit:

«Quel est le montant du prêt?»

-Cinq cent mille dinars répond sans réfléchir Zerrouki qui n’arrive pas à suivre le juge qui vérifie le tour de passe passe lors du retrait d’un prêt de la caisse.

«Aviez-vous un document permettant l’octroi du prêt et son montant?»

L’accusé est acculé. Il ne sait pas trop expliquer ce que le juge cherche – code secret à l’appui, de quoi bloquer toute opération frauduleuse espérée par un gus.

-Je parle des documents qui donnent le feu vert du retrait du fric. Comment ont fait ceux qui ont découvert le potaux roses».

Le procureur général conclut sur un amer constat pour ce qui est du contrôle de l’époque avant de revenir à Abdelhafidh Chachoua dont le domicile a fait l’objet d’une fouille et où on y a trouvé 85.000 dollars pour la confection d’un film documentaire louant l’empire «El Khalifa» et si lui l’accusé avait bénéficié d’un prêt énorme.

«J’ai eu ce prêt au même titre que tous les cadres de la banque!» Antar le juge reprend la parole pour se demander pourquoi Les réponses de cette semaine n’ont rien à voir avec 2007; «Nous sommes plus à l’aise et même la manière de mener les débats aujourd’hui est plus rassurante!» dira un accusé visiblement reposé. Maître Nasredine Lezzar intervient pour une question sur la responsabilité du P-DG de la banque, même indirecte pour ce qui est des faux sur des écrits authentiques.

L’accusé déclare ne pas être un expert en la matière. Il refuse même de faire un commentaire sur un défunt collègue: Hamou Nekkache. L’accusé se dit contre les demandes de fric par coups de fil et dans des sachets. «Il y a des procédures de retrait».

Abdelouaheb Delel né à Alger en 1961 et de préciser: Delel Ouaheb selon l’extrait de naissance. Quatre accusations dont l’abus de confiance. A donné son niveau d’instruction: terminale en 1979 au lycée Thaalibi. Entré à la Dgsn en 1988 et exercé dans la capitale.

«J’ai quitté fin 1994 la police pour raisons familiales pour m’installer en France pour revenir en 2000 définitivement. J’ai été recruté à Khalifa banque en mars 2003. J’ai appris qu’à Chéraga on chercherait d’anciens policiers aguerris. Je me suis présenté et été recruté comme chef de brigade de sécurité du groupe Khalifa avec mon chef Chachoua Abdelhafidh.

A 11h45 l’accusé, ex P-DG adjoint de la banque répondait directement au juge à propos des entrées énormes qui entraient dans les caisses via le sponsoring musclé qui gonflait les recettes «Et les sommes envoyées à l’étranger?» demande le juge qui obtient des chiffres à sept ou huit zéro à droite impressionnant!

Et vous, vous ne vous êtes pas intéressé aux agences?

Vous connaissiez El Khalifa? Est-ce qu’il passait de temps à autre?

L’accusé répond «non, je ne l’ai jamais vu à la caisse principale car je bossais un peu loin des lieux cités Comme la veille et les jours d’avant, les curieux étendaient des noms de «pontes» et de personnalités. En vain!

L’accusé est alors interrogé par Zerguerras, le parquetier qui arrive à placer une question précise tournant autour de visiteurs qui paraissent étranges car ils n’avaient rien à faire dans les parages de la caisse principale. La réponse est «non!»

Le procureur s’étonne que le caissier Akli Youcef au faible niveau scolaire fut D.A.G. et libre de tous ses mouvements tous les mouvements.

«Il ne dépendait pas de moi, «rétorque l’accusé. «3,20 milliards de centimes de banque, ça ne vous disait rien? interroge le procureur général qui cherche à comprendre comment sans l’inspection ce découvert n’aurait jamais été…découvert!.

L’accusé évoque le responsable chargé de la publicité qui peut avoir une meilleure réponse.

Des documents n’étaient jamais joints aux rapports d’activité de la banque. Est-ce normal? demande Zerguerras.

Jusqu’à présent l’accusé n’a porté aucune accusation à l’encontre de Abdelmoumen Khalifa.

Il est entré à Khalifa banque avec des placements de l’entreprise qu’il dirigeait de 1997 à 2001. «200 millions de dinars ont été confiés aux bons soins de la banque dans des conditions pour nous légales. Notre argent était au début au CPA avant le transfert, surtout que tous les fonds au niveau national étaient bloqués.

«Est-ce que vous aviez vérifié les possibilités de Khalifa Banque avant de vous jeter dans ses bras?» «Non, pour nous c’était une banque agréée.» «Oui, mais Sonatrach a demandé à voir de près.» «C’est vrai. Nous n’avions pas eu ce réflexe. Et pas un instant n’avions imaginé un scénario catastrophe pour El Khalifa Banque», enchaîne-t-il. L’échange s’étale en longueur surtout lorsque Antar ou Zerguerras posent des questions souvent redites à la barre en vue «d’arracher» des témoignages à charge contre El Khalifa qui, à 14h50, a la joue droite sur sa main droite et assis à gauche de Meziane Ighil. Yassine, lui, affirme qu’il n’est jamais intervenu pour recruter son fils à Khalifa: «C’est un architecte capable!» Le juge a évoqué le recrutement de sa seconde épouse auquel il y était étranger. «Et la villa à Saïd Hamdine? demande Antar. «J’ai vendu à Kouba en demandant deux prêts en revendant un terrain.» «Et le domicile de Tigzirt?» «Il est familial», rétorque entre les lèvres l’accusé.

Dans la salle, on murmure toujours le train de vie des Chachoua père et fils que tous les Blidéens d’origine évitent de par leurs comportements (les couffin de Ramadhan détournés par exemple). Et puis, comme pour vouloir détourner le débat, il rappelle qu’il a fourni plusieurs cours même à des magistrats. «Par la suite, on m’a démenti à ce propos. C’est une évidence. J’ai donné des cours et souvent gratuitement.» «Quelles sont les compétences?» «J’ai beaucoup enseigné. Je n’ai pas perdu mon temps.» «Et la carte de voyages gratuits?», insiste le juge. «6 en tout. Un voyage à Lyon, et jamais je n’ai utilisé ces cartes à l’intérieur du pays.» Son troisième avocat, Maître Chabi Benouret arrive le sourire en coin, en guise d’excuse pour le léger retard…

Des preuves

Les débats s’emballent au moment où l’ex-DG de Digromad avait reproché à Zerguerras de ne pas le défendre car il est au service de la société, pas seulement de l’accusation. Et Maître Chabi Benouaret un de ses avocats exige du parquetier d’étaler les preuves de l’accusation. «Vous êtes le ministère public, en mesure de fournir des preuves si vous êtes sûr de vos dires qui resteront au stade des seuls dires!»

Antar s’en mêle et promet que le procureur général s’en tire jusqu’à présent. Il intervient en qualité de représentant du parquet. L’accusé se mêle les pédales. Il n’arrive pas à compléter une phrase explicative. Antar comprend et passe au mot de passe en allant vers les possibilités d’entrer par effraction en utilisant le numéro du receveur de prêt. L’échange est flou et le tribunal passe à la partie civile. Maître Ali Meziane pose une question relative au prêt et à son remboursement: «500 millions de centimes que j’ai remboursés», répond, entre les dents, Zerrouki. L’avocat s’intéresse à ceux des clients qui ont obtenu des prêts. «Djellouli a eu 20 millions de centimes», dit-il en qualité d’ex-chef d’agence El Khalifa de Blida. Les bons de caisse aussi ont été au centre des débats. L’accusé affirme ne pas connaître ces bénéficiaires. Le juge est tolérant avec lui. Sur une question du PG, il répond qu’il a été dans «le même lycée que Abdelaziz El Khalifa, pas Rafik». On évoque Belaïd Keched et les relations dans la banque. Rien de nouveau ne se dégage de ces propos. Il est 16h50 et c’est toujours le non-événement. Tapis dans le box, Meziane Ighil se prépare à se défendre rudement. Zerrouki refuse de répondre aux questions qui concernent Chachoua Abdelhafidh. Et passant à Ighil, il évoque le découvert du sportif. Zerrouki affirme que Meziane a respecté les remboursements: «Mais il n’avait pas de liquide. Comment pouvait-il se permettre de tirer plus de 1 million 300 millions? Zerrouki va se rasseoir et Ighil arrive à la barre. L’enfant de Fréha où il y est né en 1954, répond par «oui, monsieur le président».

Conseiller aux sports, il énumère sa carrière en foot. Depuis les catégories de jeunes jusqu’à entraîner l’ASO l’USMB, la Casoral, Chlef, le NAHD, etc. Etudiant en commerce et en sport (haut degré d’entraîneur). IL a cessé de jouer après sa blessure au cours d’un match en 1978, (éliminatoires de la coupe d’Afrique). Il avait 28 ans. Il était sponsorisé à la Cnan avant Air Algérie, le Nasr de Hussein Dey, l’Equipe nationale.

C’est l’occasion pour Antar d’étaler sa large culture footballistique… mondiale! «SVP, avant d’arriver en 2000, date de son recrutement à El Khalifa Banque qui sponsorisait le NAHD» «Je n’ai jamais connu Rafik. Le NAHD a écrit à Khalifa Banque. J’étais manager général. Rafik nous a reçus pour un accord de sponsoring car Gema ne nous aidait pas bien.

Ighil Ali continue le récit de son recrutement après un long entretien avec Rafik El Khalifa: «Je m’intéresse aux équipes qui disputent les titres africains et arabes, voire internationaux, m’a-t-il dit ajoutant que son défunt père El Khalifa Laroussi était P-DG d’Air Algérie et m’a demandé d’être consultant auprès de lui», a raconté Meziane. «J’ai constitué un dossier et on ne m’a plus rappelé.» Antar reproche à l’accusé de ne pas s’être inquiété des conditions de recrutement. Meziane répond que c’était surtout une question de principe sans paniquer, contrairement à beaucoup de coaccusés entendus avant lui. Il rappelle que le NAHD avait bénéficié de près de 6 milliards par an et les voyages étaient gratis.

«Vous étiez rémunéré 10 millions de centimes sans dépôt de dossier…», coupe Antar qui apprend que le NAHD avait accédé cette année en N1. Puis, Antar sort ses griffes: «Sincèrement, méritiez-vous à cette époque une paie de 10 millions?» «J’ai travaillé et fait mes preuves. J’avais des comptes à Koléa, à Blida.»

Le juge s’arrête vingt secondes pour les équipements Puma (il s’excuse de la pub à Puma avec la permission de Antar).

«Meziane, vous aviez déclaré l’ouverture de mon compte à Blida à titre de commerçant qui se comporte avec beaucoup de respect pour ce qui est des découverts?».

Meziane sait qu’avec Antar ce n’est pas facile à convaincre dans les explications, mais Meziane Ighil Ali a un joli minois sympathique surtout au moment où il égrène la liste des clubs qui achetaient à crédit. Le CRB, le RCK sont cités comme des clubs qui paient par chèque, par, non pas de transparence, mais de célérité dans les règlements des arrières. Il évoque l’entrevue avec Djellab, ex-liquidateur de Khalifa Bank qui m’a promis de me convoquer. Un jour, au CPA, on, m’a appris que le liquidateur a gelé mon compte.

«J’ai dû liquider mon stock pour régulariser ma situation. L’essentiel aura été d’avoir respecté les délais de règlement», a articulé le costaud Meziane que contrera le juge à propos de la vente du nom au profit d’El Khalifa avec cette question: «L’argent de la pub qui est un art, ne vous pas gratté le cuir chevelu. Une chose est certaine: n’aviez-vous pas senti que l’on se soit servi de votre carrière et votre notoriété?» «Non, je n’ai rien remarqué d’anormal pour reculer. J’ai au contraire senti un honneur d’avoir été choisi pour ce poste…»

L’OM c’est lAlgérie

Mais Antar l’interrompt: «Devant le juge d’instruction, vous aviez déclaré que vous étiez là pour la pub, uniquement…»

«Excusez-moi, monsieur le président, jamais des privilèges ne m’ont été accordés directement, mais le club qui a gagné en somme. Je n’ai jamais négocié. J’ai toujours accompagné des gens.» «Reconnaissons que vous aviez été utilisé en puisant dans la caisse du Trésor public! Avec Kechad et Chachoua, c’est clair, comme opération nocive.» Meziane se défend bien et à quatre reprises, il lâche la barre pour invoquer Allah et le prend à témoin. Il explique le choix de l’OM pour le sponsoring: «Rafik vous l’a dit. Marseille c’est l’Algérie! Et puis, les Européens ne cherchent jamais qui sponsorise quoi, mais pour la majorité des Français, il n’y avait pas de la joie en l’air. Meziane raconte l’inauguration de Khalifa TV avec Maâmar Djebour. Et Meziane de clôturer: A la question de savoir comment Ighil Ali a fait «fortune», le sportif a raisonné ainsi: «Je n’ai jamais eu une vie extravagante. J’ai économisé pour la famille!»

«Je vous informe que je n’ai jamais retiré un dinar de ma paie. L’administrateur a tout pris!» Il a tout dit et souffle après avoir redit qu’il ne doit plus rien depuis 2005 au liquidateur. Antar est étonné de tous les biens amassés. Ighil Ali précise qu’il a quatre enfants mariés et grand-père et qu’il a bossé longtemps et ramassé beaucoup de fric. Je ne connais pas l’extravagance…