M. Nadir

En réalité, B. Mustapha, 46 ans, marié sans enfants, n’aurait jamais dû se trouver dans le box des accusés si l’enquête de la gendarmerie nationale avait été correctement conduite, comme le soulignera l’avocat de la défense dans sa plaidoirie. Aucun élément de preuve matérielle ne relie l’accusé au trois quintaux de résine de cannabis saisis le 12 juin 2016 dans la localité de Bouyakour, à une dizaine de kilomètres de Misserghine.
Ce jour-là, les services de la gendarmerie nationale reçoivent des informations selon lesquelles un réseau de trafic de drogue s’apprête à convoyer de la drogue de Maghnia à Oran à bord d’une Renault Laguna. Ils installent un barrage à Misserghine, 28 km de la capitale de l’Ouest, et attendent le passage de la Laguna immatriculée à Aïn Témouchent. Probablement alertés par la mise en place du dispositif sécuritaire, le ou les transporteurs de la drogue décident de s’arrêter à Bouyakour et de laisser la voiture près d’une mosquée.
En mars 2017, B. Mustapha est inculpé dans le cadre d’une affaire de trafic de drogue par le magistrat qui instruit l’affaire des 300 kg de kif. Les enquêteurs relèvent que l’homme est propriétaire d’une «Renault Clio immatriculée à Aïn Témouchent». Il est soupçonné et, plus tard, inculpé de trafic portant sur les trois quintaux saisis neuf mois plus tôt.
A la barre, Mustapha clame son innocence : il n’a jamais trempé dans cette affaire et ne se souvient même pas avoir garé sa voiture de 12 juin 2016 près de la mosquée à Bouyakour.
Ce qui n’empêche pas le représentant du ministère public de requérir la réclusion à perpétuité contre l’accusé qui, assène-t-il, est le propriétaire de la drogue.
Ce qui suscitera l’indignation de l’avocat de la défense qui étalera, d’abord, les «failles considérables» de l’enquête dont les responsables n’ont même pas relevé les empreintes digitales sur la Renault Laguna, ni analysé les appels téléphoniques de son client pour déterminer sa position ce jour-là. «Les gendarmes disent avoir vu une Clio passer et repasser près de la Laguna, mais ils n’ont pas relevé l’immatriculation, ni noté sa couleur et encore moins déterminé combien de personnes il y avait à bord», déplore l’avocat en signalant qu’ils «avaient les moyens de la prendre en chasse». L’avocat affirmera que ce n’est pas la voiture de son client qui a été aperçue, qu’aucune preuve matérielle ne démontrait son implication dans le trafic. En conséquence de quoi, il demande l’acquittement.
Après délibération, le tribunal se rendra aux arguments de la défense et élargira B. Mustapha.