Les algériens auront les oreilles rivées vers le tribunal militaire d’Oran où s’ouvrira demain jeudi un procès pas comme les autres. Le général Hassan de son vrai nom Abdelkader Ait Ouarabi, sera présenté en effet devant le juge pour répondre de deux chefs d’inculpation : «infraction au règlement de l’armée et de destruction de documents».
C’est un procès inédit contre un haut responsable de services secrets algériens puisque le général Hassan est pratiquement le numéro deux du DRS dirigé pendant 25 ans Mohamed Lamine Médiene dit «Toufik». Précisément, l’importance ou la curiosité de ce procès réside dans la présence ou pas du général Toufik que réclame l’avocat de l’autre général Hassan Me Mokrane Ait Larbi s’appuyant sur le fait que l’ex patron du DRS était le supérieur hiérarchique de son client.
Verra–t-on demain «l’invisible» général Toufik à la barre ? C’est la grande question que se posent les médias et l’opinion publique.
Procès inédit

«Pour la manifestation de la vérité et le triomphe de la justice, nous estimons nécessaire de citer le général de corps d’armée Mohamed Lamine Mediène dit Toufik, comme témoin dans l’affaire du général Hassan conformément aux articles 131 et 192 du code de procédure militaire », a écrit Mokrane Ait Larbi dans une déclaration remise à la presse qui a fait sensation.
Et pour cause ! Pour les algériens il s’agit d’une mission impossible que de ramener à la lumière un homme qui a tout sa vie vécu dans l’ombre des services. Mais pour l’avocat du général Hassan c’est avant tout une exigence du droit et de la défense et la présence de Toufik est à ses yeux «indispensable» pour faire éclater la vérité.
Il est vrai que Toufik est un témoin clé dans cette affaire en ce sens que le général Hassan a agi sous son autorité.
Public ou à huis clos ?
Mais ce qui est valable dans la justice civile ne l’est pas forcément dans la justice militaire bien que la juridiction militaire a bien jugé feu le général Mustapha Beloucif en 1992, en ouvrant les portes du tribunal de Blida aux journalistes en plein folie terroriste. Il est vrai qu’à ce moment plusieurs généraux emmenés par le général Nezzar voulaient, par tous les moyens, la peau de Beloucif qui était proche du président Bendjedid et qui était le plus apte à être désigné comme ministre de la défense. Ouvrir le tribunal à la presse était fait surtout pour humilier le général Mustapha Beloucif.
Pour revenir à celui du général Hassan, il est donc possible que le procès connaisse un rebondissement qui justifierait le témoignage du général Toufik. De même que l’on ne sait pas encore si le procès du général Hassan de demain sera ouvert au public se déroulera à huis clos. En tout état de cause, et au-delà de la présence ou pas de l’ex patron du renseignement algérien, c’est avant tout la culpabilité ou pas du général Hassan qui sera tranchée. Pour Me Brahimi qui était un temps, l’avocat du général, celui-ci ne risque rien. «C’est certain, et je suis optimiste quant à l’issue de cette malheureuse affaire», a-t-il affirmé. On en saura un peu plus demain.