Procès des quatre chrétiens : Le procureur requiert une année ferme, verdict le 12 décembre

Procès des quatre chrétiens : Le procureur requiert une année ferme, verdict le 12 décembre
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Le verdict dans le procès des quatre chrétiens qui s’est tenu dimanche 28 novembre, au tribunal de Larbaâ Nath Irathen, wilaya de Tizi Ouzou, a été remis en délibéré pour le 12 décembre. Le représentant du ministère public a requis une année ferme contre chacun des prévenus, la peine minimale prévu par l’article 13 de la loi 03-06 de février 2006, relative à l’exercice de cultes.

Les quatre personnes étaient poursuivis pour exerce illégale d’un cultre. Dans un entretien accordé à DNA, Mustapha Krim, président de l’EPA (Eglise protestante d’Algérie) dénonce la persécution de la communauté chrétienne en Algérie.



Les quatre prévenus ont été appelés à la barre pour répondre au chef d’inculpation d’ouverture d’un lieu de culte non musulman sans autorisation de la commission nationale des cultes. L’un des quatre mis en cause était également poursuivi dans un autre dossier lié à l’hébergement d’une personne étrangère sans avertir les autorités concernées. Devant le tribunal, Abdenour, Idir, Mahmoud et Nacer ont rejeté en bloc les accusations portées contre eux, s’estimant en droit d’épouser la foi chrétienne, étant donné que la loi suprême du pays le garantit. La défense représentée par cinq avocats a trouvé peu de difficultés à battre en brèche l’accusation en demandant simplement la relaxe des mis en cause.

Le procureur de la république a requis une année ferme, suivant ainsi à la lettre l’article 13 de la loi 03-06 de février 2006 qui stipule l’exercice d’un culte, y compris musulman, est soumis à une autorisation administrative.

L’affaire remonte au mois d’août lorsque les quatre chrétiens ont aménagé un lieu de culte au village Aït Atelli, à Larbaâ Nath Irathen (Ex-Fort National), en Kabylie. Suite à une pétition de villageois qui se sont plaints de cette présence protestante, le maire a signé un arrêté de fermeture de ce lieu de culte, avant que la police ne défère les quatre prévenus devant le procureur. Ce dernier les a aussitôt mis en examen pour « Ouverture illégale d’un lieu de culte ».

Le procès a connu trois reports successifs. Il devait se tenir, une première fois, en août, puis le 26 septembre et, enfin, le 10 octobre. A chaque fois, le président du tribunal justifiait le report du procès par l’absence au tribunal d’un ou plusieurs témoins concernés par l’affaire. Parallèlement au procès, un sit-in s’est tenu le jour même devant le palais de justice par des organisations des droits de l’Homme, des militants politiques, des animateurs du collectif SOS Libertés, des membres de l’Eglise protestante d’Algérie (EPA) représentée par son président Mustapha Krim.

Celui-ci, tout en saluant la formidable mobilisation citoyenne, s’est montré confiant quant au dénouement de cette affaire qui a défrayé la chronique locale. « Les quatre prévenus sont poursuivis pour pratique de culte non musulman sans autorisation. Or, nous activons dans la légalité et notre organisation est dûment agréée par les autorités du pays », a déclaré M. krim.

Pour lui, la présence de plusieurs citoyens de confession chrétienne ne peut que rassurer les quatre prévenus qui « sont innocents ». D’ores et déjà, les organisations des droits de l’Homme qui ont bravé, dimanche 28 novembre, le mauvais temps, pour tenir un sit-in, se mobilisent pour le 12 décembre, jour du verdict final. « Nous allons revenir le 12 décembre », a promis le président de l’EPA.

Mustapha Krim :

« Il faut arrêter la persécution des chrétiens dans ce pays gagné par le matraquage islamiste »

DNA : Le juge vient de mettre en délibéré le verdict du procès concernant l’affaire des quatre chrétiens. Quel commentaire faites-vous ?

Mustapha Krim : Je suis convaincu que le dossier des quatre chrétiens est vide. Le fait que le procureur de la République demande dans son réquisitoire la peine minimale est la preuve que nos coreligionnaires sont innocents. Ils doivent être relaxés tout bonnement. Lors du procès, la défense a remarquablement joué son rôle. Elle a ainsi battu en brèche l’accusation qui ne se base sur aucun argument juridique, d’autant plus que la Constitution algérienne garantit la liberté de conscience.

Peut-on dire que la mobilisation citoyenne autour des prévenus a influé sur le déroulement du procès ?

J’imagine que oui. Cette formidable mobilisation de citoyens qui sont venus nombreux, malgré le mauvais temps, soutenir la cause des prévenus et surtout marquer leur détermination à imposer la liberté de conscience dans notre pays, est la preuve que les mis en cause ne sont pas dans le tort. C’est un honneur de voir cette ferveur et cette disponibilité citoyenne désintéressée.

Et comment voyez-vous l’exercice du culte chrétien en Algérie ?

Nous sommes des légalistes. Notre organisation travaille avec un agrément délivré par les autorités de ce pays. J’espère que la réponse du tribunal sera positive le 12 décembre prochain. En tout état de cause, nous sommes déterminés à défendre nos droits de citoyens ayant opté librement pour la foi chrétienne. Nous voulons simplement que notre choix de la chrétienneté soit respecté. Il faut arrêter la persécution des chrétiens dans ce pays gagné par le « matraquage »islamiste.