«Dans le box des accusés, il n’y a pas les vrais accusés»
Les avocats de la défense des accusés se sont succédé à la barre, sans trop de différences dans leurs plaidoyers. Ils ont tous demandé l’innocence pour leurs clients. Par ailleurs, le plaidoyer le plus attendu est sans conteste celui de l’avocat de la défense de Abdelmoumène Khalifa.
Au tribunal de Blida, on aborde la 30e journée sous l’effet du réquisitoire du procureur général, qui avait duré jusqu’à 21h, la veille. Ce dernier avait requis, sans grande surprise, la peine maximale pour Abdelmoumène Khalifa, soit la prison à vie et la mise sous scellés de tous ses biens. Pour le reste des accusés, les peines requises par le procureur général allaient de 18 à 20 ans de prison, avec des amendes s’élevant à 500.000 DA, ce qui a laissé place hier, aux avocats de la défense des accusés, pour l’énoncé de leurs plaidoyers.
Me Miloud Brahimi, avocat de Réda Rahal, directeur général de l’Entreprise nationale de géophysique, poursuivi pour corruption, et obtention d’avantages contre un dépôt de 10 milliards de dinars à El Khalifa Bank, dira d’emblée que ce procès avait démarré sur de mauvaises bases.
Il argumente que dans le box des accusés, il n’y a pas les vrais accusés. Il ajoute que des personnes impliquées dans cette affaire, occupent aujourd’hui des postes importants. Il a précisé que les vrais coupables ne sont pas là, et qu’on ne les verra jamais au box des accusés, «mon client est poursuivi pour avoir reçu des rabais de la part de Khalifa Airways, mais même les membres du syndicat des avocats avaient reçu les mêmes avantages, je dirai que même des personnes qui nous gouvernent aujourd’hui ont reçu ces avantages».
En outre, Me Brahimi, constitué également avocat de la défense de Djamel Guelimi, inspecteur général à Khalifa Airways, déclare que l’accusation de corruption et de faux et usage de faux, adressée à son client était cousue de fil blanc. Il s’indigne, en s’adressant au juge Antar, et dénonce l’absence dans ce procès des fils des hauts responsables et des ministres qui ont obtenu d’El Khalifa Bank des avantages ou des aides. Il précise que le fait que Abdelmoumène soit intervenu pour le recrutement d’un enfant de ministre n’a rien de criminel. Il finira par demander au juge d’appliquer la loi et d’innocenter son client de toutes les accusations.
Arrive à la barre, pour la défense de Aïsser Idir, cadre à la caisse principale d’El Khalifa Bank, directeur de l’agence BDL Staouéli auparavant, Me Bourayou qui dira avant tout propos, que ce procès qui devait être celui de la plus grande escroquerie du siècle, s’est réduit à une affaire de cartes de thalassothérapie. Il poursuivra par préciser que dans l’affaire de son client, pour laquelle le procureur avait requis une peine de 15 ans, son client était celui qui avait accordé à Abdelmoumène le crédit pour ouvrir sa banque, sur la base d’une garantie supportée par l’hypothèque de deux biens. Or il indiquera que ces deux contrats étaient falsifiés, et qu’à leurs arrivée par courrier au juge d’instruction, il s’étonne que ce dernier n’ait pas demandé une contre-expertise de ces documents. Et ce en plus du fait que les deux contrats à leur arrivée au bureau d’ordre du juge d’instruction ne comportaient pas de sceau de la justice.
Or, à leur sortie, il était aisé de constater que deux sceaux de couleur bleue avait été apposés sur les documents. Le plus étrange pour l’avocat, était que la loi stipulait que les sceaux de justice devaient être apposés en rouge. Me Bourayou dira carrément, que ce juge d’instruction ne cherchait plus la vérité, mais ne voulait qu’inculper son client. Il argumentera en présentant une expertise effectuée en France, et qui démontre que les deux documents n’avaient jamais comporté de sceaux. A cet effet, il demandera au juge un non-lieu pour son client.
Pour sa part, Me Salim Sidi Saïd, constitué avocat de la défense de Laouèche Boualem, conseiller à El Khalifa Bank, dénoncera des le début se son intervention, le fait que son client soit poursuivi, alors que l’ex-ministre des Finances, M.Medelci, n’a pas été inquiété pour la dissimulation du rapport qu’il avait reçu de la Banque d’Algérie. Il dira que cette affaire est devenue une affaire politique, et que son client avait été accusé à tort, et avait souffert du chômage à cause de cette accusation. Et il ajoutera que dans cette affaire, beaucoup d’éléments resteront à jamais secrets et finira par demander le non-lieu pour son client.
Pour les observateurs, cet épisode du feuilleton Khalifa aura été le plus plat de la série. Et pour cause, les avocats de la défense des accusés se sont succédé à la barre, sans trop de différences dans leurs plaidoyers. Ils ont tous demandé l’innocence pour leurs clients. Par ailleurs, le plaidoyer le plus attendu est sans conteste celui de l’avocat de la défense de Abdelmoumène Khalifa.