Reporté quatre fois, le procès des vaccins périmés et de complicité de passation de marchés contraire à la réglementation, connu sous le nom de l’affaire de l’Institut Pasteur, s’est ouvert hier à la Cour d’Alger par l’audition du principal prévenu.
Le prévenu, Amani Ammar, représentant des laboratoires étrangers, sous les verrous depuis 13 mois, a clamé son innocence. «C’est un complot», a-t-il indiqué au juge, avant d’ajouter : «je suis un patriote dévoué à mon pays». Interrogé par le juge Benkharchi Omar sur les contrats signés avec l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), l’inculpé a indiqué qu’il n’a aucune relation avec la signature dudit contrat.
« Je n’ai rien signé avec l’IPA, je suis un représentant commercial d’un laboratoire étranger, INC. Mon travail consiste à recevoir, à l’aéroport, les vaccins à partir de l’étranger et de les transmettre à l’Institut Pasteur Algérie. Les contrats et les conventions que vous citez ont été signés entre les deux établissements, l’IPA et celui dont je suis le représentant», a-il indiqué. Interrogé, également sur l’absence d’une autorisation de ministère de la Santé, Ammani répond : « je travaille dans un cadre organisé. C’est l’INC qui devrait avoir tous ces documents et pas un représentant ». Concernant la péremption des vaccins, le mis en cause a indiqué que les vaccins étaient valables à la date de leur dépôt au niveau de l’IPA, « ce n’est que quatre ans plus tard que les vaccins sont devenus dangereux ».
A rappeler que l’affaire en question remonte à l’année 2005, lorsque une lettre anonyme a été reçue par les services de sécurité concernant un important lot de vaccins contre la grippe, la tuberculose, la rougeole et des vaccins pour nourrissons acquis par l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) auprès de quatre laboratoires étrangers par voie de marchés publics suspects.
Le ministère de la Santé a mis en place une commission d’inspection en mai 2005. Celle-ci a conclu dans son rapport à la responsabilité des différents intervenants de l’IPA à tous les niveaux, à savoir son directeur général, sa direction commerciale et son responsable de la gestion des stocks. Selon le même rapport, ces marchés publics « anarchiques » ont causé à l’Etat un préjudice de 147.531.844,08 DA, sans compter les frais engagés dans la location des chambres froides, ajoutant que des poursuites judiciaires doivent être engagées contre les personnes sus-citées.
Cependant l’enquête n’a débuté qu’en novembre 2009. Elle mettra au jour la mauvaise gestion de l’ancien DG de l’IPA et révélera que la majorité des contrats passés avec des fournisseurs étrangers étaient non conformes à la réglementation régissant les marchés publics. A noter que le tribunal de Sidi M’Hamed, dans sa section correctionnelle, avait prononcé en première instance, en date du 13 octobre 2010, des peines allant d’un an de prison avec sursis à 10 ans de prison ferme à l’encontre des dix cadres, dont l’ex-directeur général de l’IPA, Miloud Belkaïd, en fuite et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Au moment où nous mettons sous presse, le juge Benkharchi continuait à interroger les mis en cause.