Une vue du tribunal d’Alger
Le renvoi a été décidé pour permettre au troisième accusé, assis dans le box, Makhkloufi, de constituer un conseil.
C’est vers 10 heures que Mohamed Regad, le président du tribunal criminel d’Alger, solidement assisté de Nadia Bouhamidi et Houria Meddah revint sur le pupitre pour annoncer le report du procès dit «Frik Bachir, l’ancien wali d’Oran et consorts» à la prochaine session criminelle en automne 2013.
Le renvoi a été décidé à la demande, d’une part, de Maître Walid Laouar, le jeune avocat de la partie civile – l’Opgi d’Oran – et pour permettre au troisième accusé, assis dans le box, Makhkloufi, de constituer un conseil.
Auparavant, le trio d’avocats Maître Miloud Brahimi, Maître Mokrane Aït Larbi et Maître Amine Sidhoum, avait pris la résolution de déverser face à la composition du tribunal criminel toute l’amertume née de piétinements, quotidiennement, des lois de la République.
«Après cette histoire de constituer un avocat en 24 heures, je m’élève contre ce procédé inhumain car il est quasi impossible à un défenseur de s’imprégner du contenu d’un dossier constitué de douze cartons d’archives, de chemises, de procès-verbaux et autres témoignages d’experts, ce n’est pas juste, ni légal. La constitution d’un avocat dans les règles de l’art et le respect des lois, est un principe constitutionnel et uni-ver-sel!», s’est écrié l’avocat de la rue de la Liberté qui a ajouté que l’article 119 du Code pénal a été abrogé au profit de l’article 29 de la loi 2006 portant lutte contre la corruption.
«Nous ne sommes plus devant un crime mais un délit!» a encore articulé Maître Aït Larbi qui est donc arrivé à la conclusion que la prise de coups, effectuée au matin du 8 juin 2013, n’avait pas lieu d’être et s’adressant à Regad en superforme ce lundi, le défenseur a tiré à bout portant sur le parquet pour ce qui est de la positon abusive à l’encontre de citoyens qui ont droit au respect et non pas à l’humiliation. «Vous êtes des juges du siège indépendants. Acceptez le renvoi à une date ultérieure et vous aurez ainsi remis le train sur les rails!» a conclu Maître Aït Larbi, qui s’efface au profit de Maître Brahimi qui fera preuve d’une agressivité dont il possède seul le secret en s’attaquant de fouet à la détention arbitraire des accusés que le parquet veut «bousiller» à l’aide de l’arrêt de renvoi de la Cour suprême. «Rien que pour cela, nous refusons de participer à une parodie de justice dont on en a assez!» s’égosille le vieil avocat toujours d’aplomb, surtout lorsqu’il dénonce l’atteinte aux droits de la défense quotidiens et que l’avocat est tenu de mettre tout en oeuvre pour arrêter ces bévues.
Pour ne pas être en reste, Maître Sidhoum se dit O.K. avec ses deux aînés en mettant en exergue le danger précédent pour la justice, cette fâcheuse procédure de prise des coups qui est en soi inacceptable.
«L’Etat de droit veut que chaque citoyen ait son dû». Mohamed Regad écoutera ensuite avec beaucoup de calme la réplique de Mohammed Mameri, le procureur général, qui a dit ne pas personnaliser le problème soulevé par les honorables avocats mais il estime que l’arrêt de renvoi de la Cour suprême veut que le tribunal criminel soit «ligoté» et ne peut sortir de l’ornière fixée par la loi. Alors que Maître Walid Laouar était assis suivant les débats, Nacef un des adjoints de Belkacem Zeghmati effectuait un va-et-vient visible entre la salle des «pas perdus» et celle des délibérations.
Les «hostilités» prennent fin et tout le monde y compris les jurés convoqués se dispersent dans une atmosphère empreinte de sécurité, car les «armoires à glace» de la Dgsn veillaient…