Procès de 22 cadres des oeuvres universitaires,Des peines de prison ferme sont attendues

Procès de 22 cadres des oeuvres universitaires,Des peines de prison ferme sont attendues
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Les documents relatifs aux passations des marchés publics de toutes les résidences universitaires de la wilaya d’Alger ont été passés au peigne fin

L’énorme enveloppe budgétaire allouée attire et aiguise bien des convoitises des corrompus et corruptibles de tout bord.

Les scandales à répétition, qui secouent l’Office national des oeuvres universitaires, refusent, paraît-il, de faire une pause. La chambre correctionnelle du tribunal correctionnel d’El Harrach reprendra ce mercredi, 11 avril, le procès d’une vingtaine de directeurs régionaux et de résidences universitaires ainsi que deux fournisseurs, condamnés le 23 février dernier, en première instance, pour des peines de prison ferme, allant de deux à trois ans. Ainsi, des directeurs d’offices nationaux des oeuvres universitaires (Onou) et de nombreuses résidences universitaires de la wilaya d’Alger (certains en poste et de nombreux anciens) ainsi que certains cadres au sein de ces cités universitaires et des fournisseurs en fruits et légumes, risquent de se retrouver derrière les barreaux.

Les chefs d’inculpation retenus contre les prévenus sont, entre autres, violation des dispositions légales régissant les marchés publics, passation de marchés contraires à la législation. Cela, en plus de la surfacturation des prix des produits alimentaires en complicité avec les fournisseurs choisis, en violation des principes de la légalité et de la concurrence citées par la disposition 111 du décret présidentiel 02/250 qui précise que le choix doit être porté sur le fournisseur dont la proposition financière est la plus basse vu que la prestation demandée est simple. Il s’agit, en effet, de recourir à la régularisation de la situation par l’échelonnement du coût en plusieurs parties et pour divers fournisseurs sans dépasser le plafond fixé à 60.000 DA. Dans ce cas de figure, il est indiqué le choix du fournisseur à partir de bons de commande sans concertation, ce qui est contraire au principe de la légalité et de la concurrence citées dans le décret présidentiel, des factures gonflées et des fruits et légumes non mentionnés sur la liste présentée aux soumissionnaires pour pouvoir gonfler leurs prix sur les factures.

Néanmoins, pour se défendre, les inculpés ont nié les faits qui leur étaient reprochés en expliquant que le recours à la formule «du gré à gré simple» fait suite à la note de la direction de l’Onou leur demandant de proroger des marchés déjà conclus pendant la période de transition entre l’ancienne organisation de gestion des oeuvres universitaires et la création de l’Onou en 2005.

Une source proche de l’Onou a soutenu que, depuis quelques semaines, des enquêtes minutieuses seront lancées dans tous les campus universitaires y compris ceux des capitales de l’est et de l’ouest du pays où des affaires semblables ont été ouvertes par la justice, alors que d’autres sont entre les mains des renseignements généraux et d’autres services spécialisés.

La même source ajoute que les documents relatifs aux passations des marchés publics de toutes les résidences universitaires de la wilaya d’Alger ont été passés au peigne fin.

Le pot aux roses ne tardera pas à être découvert, avant de poursuivre que plusieurs milliards alloués au secteur des oeuvres universitaires ont été dilapidés et détournés par des cadres gestionnaires en complicité avec des fournisseurs.

Les oeuvres universitaires, véritable boîte de Pandore, et tonneau des Danaïdes, engloutissent annuellement un budget avoisinant les 7000 milliards de centimes, soutient une source à l’Office national des oeuvres universitaires (Onou). Pourtant, étudiants et travailleurs, dans leur désarroi, dénoncent leurs mauvaises conditions de vie, vivant au rythme de manifestations, de grèves et de mouvements de protestation réguliers. C’est dire que l’énorme enveloppe budgétaire allouée attire et aiguise bien des convoitises celles des corrompus et corruptibles, de tout bord. D’où l’on observera que l’enveloppe budgétaire constitue, tout simplement, «un gain» convoité par des groupes d’intérêts, bien introduits dans les rouages de cette institution.

Cette enveloppe budgétaire profiterait, selon de nombreuses sources au fait de ces manipulations, aux corrompus et corruptibles, composés, selon elles, essentiellement de cadres gestionnaires et de fournisseurs.

De tels constats ont été établis par un rapport de l’Office national des oeuvres universitaires, qui dévoile de graves dépassements enregistrés au niveau des directions des oeuvres universitaires, impliquant des directeurs et de nombreux cadres de résidences universitaires.

Ainsi, le directeur général de l’Onou a cité dans son dernier rapport (n°880), les problèmes liés à la gestion du secteur et les scandales qui l’ont éclaboussé ces dernières années, notamment la passation des marchés publics dans ce secteur, la surfacturation des marchés destinés aux sociétés de gardiennage, de sécurité et de nettoyage, l’absence de livres d’inventaires envoyés par l’office aux cités universitaires et directions régionales des oeuvres universitaires.

En ce sens, il faut relever que le rapport du DG de l’Onou indique avoir remarqué une exagération dans les dépenses pour la nourriture et le transport, malgré les directives et instructions de la direction.

Le même rapport révèle également des dépenses importantes au niveau des cités universitaires pour l’achat de livres et paiement des frais d’électricité, gaz et abonnement à Internet. Il est surtout mentionné que les sociétés de gardiennage consomment une grande partie du budget des cités universitaires, en contrepartie, les prestations de ces dernières laissent à désirer.

En outre, il est à signaler que l’attribution des marchés ne cesse de soulever des remous et luttes intenses entre les groupes d’intérêts. Rien qu’à Tizi Ouzou, selon la commission des marchés de la wilaya, 50% des marchés de produits alimentaires ont été réattribués à d’autres candidats, qui ont été écartés par les commissions de marchés internes des oeuvres universitaires.