Procès “complot contre l’État” : Ce qu’il faut retenir des auditions

Procès “complot contre l’État” : Ce qu’il faut retenir des auditions

Le procès du complot contre l’État et l’armée a pris fin, hier samedi 2 janvier au tribunal militaire de Blida, avec comme verdict l’acquittement de tous les mis en cause.

Toutes les charges retenues contre les accusés ; Saïd Bouteflika, les généraux Mohamed Mediène dit Toufik, Athmane Tartag et Louisa Hanoune, ont été abandonnée. Ils sont donc tous acquittés.

Le procès en appel d’hier a été ouvert après l’annulation par la Cour suprême du verdict de la cour de justice militaire de Blida et la décision de reprogrammer le procès toujours à la Cour militaire de Blida, avec une nouvelle composante d’officiers magistrats.

Rappelons que les quatre mis en cause avaient écopé, en septembre 2019 en première instance, de 15 ans de prison ferme. Ensuite, février 2020, la même peine avait été reconduite contre Saïd Bouteflika, Toufik et Tratag.

S’agissant de la secrétaire du parti des travailleurs Louisa Hanoune, elle avait quitté la prison le 10 février 2020, après la réduction de sa peine à 3 ans de prison dont 9 mois ferme.

Le général Toufik affirme qu’il ne s’agit pas d’un « complot contre l’autorité de l’État »

Lors de son audition, le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediène a affirmé qu’il ne s’agit en aucun cas d’un « complot contre l’autorité de l’État ».

« Comment pourrais-je être accusé de complot contre l’autorité de l’État, alors que la rencontre a eu lieu avec le frère et conseiller du Président encore en exercice ? », a-t-il déclaré selon ce qu’a rapporté le quotidien El Watan.

Le général à la retraite a estimé, toujours dans ses réponses au juge, que la réunion « n’était pas secrète. Elle devait se dérouler dans un endroit officiel. La villa appartient à la Présidence … ».

Il ajoute : « Nous n’avons jamais parlé de l’état d’urgence ni du limogeage du chef d’état-major de l’Anp. Ce qui m’a amené ici, ce sont des choses dont je ne pourrais parler aujourd’hui, un jour peut-être, mais pas ici ».

Saïd Bouteflika : « je n’avais jamais comploté conte ma partie »

Pour sa part, Saïd Bouteflika a préféré d’abord parler lors de son audition de son frère, le président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Il a, en effet, affirmé que son frère « est en résidence surveillée, et son frère se trouve en prison, je le répète, en résidence surveillée, et son frère se trouve en prison ».

Selon lui, son frère qu’il a qualifié de « patriote », « n’a voulu que construire son pays », tout en faisant allusion à des « proches » qui l’ont, selon lui, « trahi ».

Concernant les accusations portées à son encontre, Saïd affirme : « je n’ai jamais utilisé le sceau de la présidence de la République parce que je n’étais qu’un simple conseiller du président qui gérait le pays ».

D’emblée, l’accusé a également tenu à clamer son innocence en répétant à l’adresse du juge : « je suis innocent, et je n’avais jamais comploté conte ma partie, contre mon peuple ou encore contre l’armée », en réponse aux questions sur réunion du 27 mars.

Tartag : « Je n’arrive pas à avaler l’accusation de complot »

L’ancien général-major à la retraite, Bachir Tartag, a d’abord parlé de Dar El Afia, le lieu même de la réunion du 27 mars 2019. « Saïd Bouteflika en tant que conseiller du Président m’avait demandé de préparer la villa Dar El Afia, qui n’a jamais été une résidence secrète », a-t-il ajouté.

Il explique que la résidence « dépend de la Présidence. Avant, elle dépendait du DRS. Lorsque ce département a été dissous, ses services ont été tous rattachés à la Présidence ».

Interrogé sur son absence lors de cette réunion, Tartag affirme : « ils disent que je n’ai pas assisté à cette rencontre en raison de mon différend avec le général Toufik. Je n’avais aucun conflit avec ce dernier. Si j’avais envie d’y être, j’aurais été parmi les présents ».

Il ajoute encore : « Je n’arrive pas à avaler l’accusation de complot. La définition de cette accusation est très difficile. L’Algérie n’a connu qu’un seul complot. C’était en 1967… ».

Le général-major à la retraite a donc rejeté formellement toutes les accusations portées à son encontre, estimant « qu’elles sont fausses et que le vrai traitre est celui qui a parlé d’un complot ».

Saïd Bouteflika et Bachir Tartag maintenus en détention

Dans l’après-midi d’hier samedi, le Ministère de la Défense Nationale (MDN) a apporté des précisions dans un communiqué, au sujet du procès en appel en question.

Selon le MDN, les quatre mis en cause étaient poursuivis pour : « complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandant d’une formation militaire » et : « complot dans le but de changer le régime », soulignant que « ces actes sont punis par l’article 284 du Code de la Justice Militaire et les articles 77 et 78 du Code Pénal ».

« Mohamed Mediène et Louisa Hanoune, qui était en liberté, ont été relaxés », tandis que « Athmane Tartag sera maintenu en prison militaire à Blida, faisant l’objet de poursuite judiciaires devant la justice militaire ».

Concernant Saïd Bouteflika, le MDN a indiqué qu’ « il sera transféré à une prison civile, étant donné qu’il est poursuivi dans d’autres affaires devant le pôle pénal économique et financier relevant de la Cour d’Alger ».