«Je suis victime d’une machination. Tout a été monté contre ma personne dans le seul but de me porter préjudice et de freiner ma détermination à être un important investisseur dans le secteur des travaux publics.
On m’accuse d’un détournement que je n’ai jamais commis.» Achour Abderrahmane est catégorique : «On a monté de toutes pièces mon affaire pour combler un trou bancaire».
L’audition de Achour Abderrahmane, le principal mis en cause dans l’affaire du détournement de 21 milliards de dinars de la BNA, a duré près de sept heures. Son passage à la barre a duré toute l’après-midi de ce lundi, huitième jour du procès. L’ex-milliardaire de la ville de Koléa dira d’emblée au président du tribunal criminel que «les deux experts n’ont pas examiné les chèques ni enquêté avec la société National Plus. Ils ont seulement imprimé le document élaboré par l’inspection générale de la banque en 2005 l’accusant de détournement». «Si on avait apporté 1957 chèques bancaires avant la rédaction du rapport d’expertise, l’affaire n’aurait pas pris cette ampleur», a-til poursuivi. Pour Achour Abderrahmane, son implication dans cette affaire n’est qu’un complot visant à l’évincer du monde de l’investissement suite à son succès dans le secteur des travaux publics. «Mon entreprise prenait de l’ampleur et là, on a décidé de me freiner. La stratégie mise en place était simple. Monter à mon encontre une affaire et engager par la suite des poursuites judiciaires. Pour preuve, mes détracteurs ont jusque-là réussi leur coup. Aujourd’hui, je vous dis M. le président, que je n’ai rien à voir dans cette affaire», explique Achour Abderrahmane. Répondant aux questions du président du tribunal, Achour a indiqué que ses problèmes ont commencé lorsqu’il a créé la société National Plus spécialisée dans les travaux publics, ajoutant qu’il avait alors découvert la valeur du mètre carré dans les transactions entreprises par les investisseurs dans ce domaine. C’est dans cette optique, a-t-il ajouté, que «j’étais victime d’un complot», l’impliquant dans une affaire de détournement de deniers publics et émission de chèques sans provision afin de combler le trou financier enregistré en 1998 par la BNA d’un montant de 40 milliards de dinars. Profitant du climat qui règne durant l’audition de son client, la défense représentée par Me Laceb a mis à la disposition du tribunal criminel, et ce en séance tenante, des chèques endossés pour le compte de Achour Abderrahmane, «que mon client n’a jamais manipulés». «C’est une aberration», souligne la défense qui promet d’importantes révélations lors de sa plaidoirie.
251 chèques signés en un temps record
S’agissant de sa fuite au Maroc, Achour Abderrahmane dira qu’elle a été motivée par un appel téléphonique émanant d’un numéro inconnu et l’informant que le président du tribunal de Chéraga (Alger) allait le condamner à trois ans de prison ferme. Comme il a tenu à apporter à l’attention du président du tribunal criminel que les autorités marocaines lui avaient proposé l’asile politique, offre qu’il a déclinée selon ses dires. Avant l’audition de Achour Abderrahmane, le tribunal criminel a eu à entendre un autre accusé. Il s’agit de Aïnouche Rabah, associé du principal accusé. Selon Aïnouche, Achour Abderrahmane a signé, à partir du Maroc, 251 chèques aux montants faramineux en un temps record, alors que de son côté M. Mohamed Reggad a fait savoir que «251 chèques aux montants faramineux ont été émis pendant la période allant de février à septembre 2005 dans le cadre de transactions conclues par les sociétés Maamouna et Natassim, propriétés de Achour Abderrahmane». Ces transferts de 251 chèques «étaient inhabituels car les chèques ont été émis en l’espace de 18 jours et l’on atteignait parfois 27 chèques par jour», a-t-il ajouté. Il a également été indiqué que l’accusé Achour Abderrahmane se trouvait au Maroc pendant la période de l’émission de ces chèques, sachant qu’il a quitté le pays le 5 février 2005. Achour Abderrahmane disposait «d’agents à l’extérieur et à l’intérieur chargés de lui transférer les chèques pour qu’il puisse les signer», a précisé Aïnouche Rabah ajoutant que Achour Abderrahmane «gérait de loin comme de près ses sociétés et les comptes bancaires et n’avait pas besoin de spécifier le nom ou le lieu du signataire du chèque». Pour ce neuvième jour du procès, le président du tribunal criminel a entamé l’audition du sixième groupe d’inculpés où figure l’ex-PDG de la BNA. L’audition des témoins aura lieu ce mercredi et le réquisitoire du ministère public est attendu pour ce jeudi.
A. B.