Problèmes sécuritaires sur fond de difficultés économiques, Tunisie : démocratie en danger

Problèmes sécuritaires sur fond de difficultés économiques, Tunisie : démocratie en danger
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C’est que le risque de voir la jeune expérience démocratique tunisienne avortée, que l’Occident s’empresse de voler au secours de ce pays.

Précurseur de ce qui est appelé en Occident le Printemps arabe, considérée comme un des rares pays modèles dans le monde arabe ayant échappé au chaos, la Tunisie vit sans doute les moments les plus difficiles depuis la révolution de 2011 qui a chassé du pouvoir le dictateur de Carthage, Zine El-Abidine Ben Ali. Aux difficultés économiques et une transition laborieuse, viennent s’ajouter des problèmes sécuritaires. Longtemps à l’abri de la menace terroriste, destination de prédilection de nombreux touristes, la Tunisie fait face, depuis 2011, à l’essor du jihadisme.

Des dizaines de soldats et policiers ont en effet été tués depuis par des jihadistes. Si dans un premier temps, elles étaient circonscrites au mont Chaâmbi, près de la frontière algérienne, les actions terroristes ont gagné d’autres endroits notamment la capitale où deux figures de l’opposition, Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd, ont été tuées.

Avec l’attentat de Sousse où 38 touristes étrangers ont été tués, la nuisance terroriste vient sans doute de franchir un cap qui n’est pas sans conséquences sur le tourisme, première ressource du pays, et sur le sort de la jeune démocratie balbutiante du pays. Premières répliques du séisme de vendredi : des milliers de touristes rapatriés tandis que d’autres, notamment en France, ont demandé à leur voyagiste d’annuler leurs réservations prévues pour les prochaines semaines dans ce pays. Aussi, des mesures ont été prises par les autorités tunisiennes, lesquelles risquent, comme le redoutent certains, de menacer les libertés. C’est parce que le risque de voir l’expérience démocratique tunisienne avortée, d’autant que d’autres attentats ne sont pas à exclure — d’une part, la Tunisie n’est pas suffisamment préparée, autant sur le plan humain que sur le plan logistique, pour affronter un terrorisme aussi redoutable et dévastateur et d’autre part, le pays doit composer avec un voisin, la Libye en l’occurrence, livré au chaos — que l’Occident s’empresse de voler au secours de ce pays. “Le terrorisme a voulu frapper la Tunisie parce que c’est un pays qui a réussi sa révolution démocratique, qui a écarté l’islamisme radical, qui a réussi son Printemps arabe, qui épouse les valeurs de démocratie et de laïcité”, a assuré le Premier ministre français, Manuel Valls. Mais la jeune démocratie tunisienne qui peut servir de modèle aux autres pays arabes peut-elle être sauvée dans un contexte économico-sécuritaire difficile ? “Les terroristes ne l’emporteront pas. Nous serons unis (…) pour défendre nos valeurs”, a déclaré hier à Sousse la ministre britannique Theresa May en déplacement en compagnie de ses homologues français et allemands. “Cette visite vise à montrer à cette jeune démocratie (…) que la liberté est plus forte que le terrorisme. Et nous allons travailler ensemble pour que les terroristes n’aient pas le dernier mot”, promet le ministre allemand. Mais le danger plane.

K.K.