Prix, ouverture du capital, dinar… : Benkhalfa remonte au front

Prix, ouverture du capital, dinar… : Benkhalfa remonte au front

Les grandes entreprises stratégiques publiques ne seront pas privatisées ni aujourd’hui, ni demain. C’est ce qu’a précisé hier le ministre des Finances, M. Abderrahmane Benkhalfa, en avançant dans la foulée qu’une centaine d’entreprises publiques, sans ressources, sont obligées d’ouvrir leur capital pour se moderniser.

Quelles sont les entreprises qui sont concernées par l’ouverture du capital ou par l’article 66 de la loi de finances 2016, qu’elles soient stratégiques ou pas ? Le ministre s’est montré très évasif dans ses réponses hier aux journalistes, lors du forum d’El Moudjahid.

Il s’est contenté de dire que la liste est établie de fait, que les statuts des grandes entreprises stratégiques telles Sonatrach et Sonelgaz ne permettent pas à ces dernières d’ouvrir leur capital. Cela veut-il dire que tout le reste est éligible à une privatisation ? Pas de réponse claire et précise.

Pour Benkhalfa, il impossible aujourd’hui d’élargir le secteur public et de le moderniser sans passer par l’ouverture du capital à des potentiels investisseurs locaux. Et d’insister qu’il est impossible d’envisager une expansion du secteur public uniquement avec l’argent de l’Etat.

Contrairement à certaines appréhensions exprimées par les uns et les autres sur l’article 66 de la LF 2016, Benkhalfa a estimé que les dispositions de cet article « ne sont pas un danger sur les entreprises publiques». Il précise que «l’ouverture du capital des sociétés publiques au privé est un saut qualitatif et non pas un danger».

Il s’est interrogé pourquoi certains expriment des doutes sur les capacités et les compétences des équipes dirigeantes des entreprises publiques. Et de faire de l’éloge du secteur public en affirmant que les entreprises publiques ont des règles et un avenir dans l’exportation. Il demande de ne pas avoir un regard péjoratif sur les entreprises publiques, en précisant que «les entreprises publiques ne doivent pas travailler uniquement pour le marché local, elles ne doivent pas non plus fonctionner uniquement sur le budget de l’Etat».

Et de souligner que justement l’article 66 a été conçu pour permettre une nouvelle vision aux entreprises publiques. Pour Benkhalfa, l’article 66 permettra une ouverture pour les fonds nationaux. « Et je serai heureux, et vous serez heureux et le président sera heureux, parce qu’avec cette nouvelle vision, au lieu d’avoir 800.000 entreprises petites, moyennes et grandes, on aura 3.000 entreprises d’un niveau régional, avec un niveau de gouvernance et avec des capitaux mixtes et avec une ouverture respectable», a-t-il affirmé.

«Il faut eviter le strabisme qui nous fait voir qu’un seul investisseur»

Le ministre des Finances a défendu bec et ongles le projet de privatisation d’entreprises publiques, notamment celles qui sont déjà déficitaires et qui ont besoin aujourd’hui des ressources des investisseurs privés pour leur expansion. Le ministre a appelé les Algériens à «éviter le strabisme qui nous fait voir qu’un seul ou deux investisseurs». Il a appelé à éviter de faire «de fausses lectures sur nos investisseurs». Et de lancer : «Nous demandons aux Algériens de faire confiance à nos investisseurs». Et d’affirmer que «certains pensent qu’il y a uniquement un seul ou deux investisseurs» sans citer nommément le patron du FCE, Ali Hadad ou le patron de Cevital Issad Rabrab, «mais ce n’est pas le cas, nous avons beaucoup d’investisseurs qui ne sont pas très visibles seulement».

Il a, dans ce sens, invité les Algériens à aller dans les communes pour constater que «nous avons des milliers d’entreprises dont la taille diffère, entre grande et petite et moyenne entreprise ; nous avons 800.000 entreprises», a-t-il souligné en s’interrogeant «pourquoi douter d’un investisseur qui veut investir des milliards ?» Avant de poursuivre : «Au moment où beaucoup d’investisseurs algériens ont droit à notre grande considération». «On ne doit pas douter de ceux qui payent leur IBS, nous avons 10.000 entreprises qui payent l’IBS et qui nous rapportent des milliards». Pour Benkhalfa, l’ouverture du capital aux investisseurs privés ayant des ressources financières et managériales permettra à nos entreprises «le retour à la valeur».

«Maintenir la stabilite et la croissance en meme temps !»

Le ministre des Finances a souligné que les augmentations qui seront appliquées le mois de janvier, conformément à la loi de finances 2016, «concerneront uniquement les prix de l’électricité, du gaz et carburant et point barre», dit-il fermement. Mais, ajoute-t-il, «nous devons travailler tous ensemble, en cette année 2016, pour lutter contre le gaspillage, contre la surconsommation et contre la contrebande». Et de lancer dans la foulée: «Si nous pouvons ensemble lutter contre le gaspillage et contre la contrebande, nous pouvons gagner beaucoup, avant d’aller à d’autres politiques» en faisant allusion au ciblage des subventions, une démarche qui a été déjà qualifiée par le ministre des Finances de «sensible et compliquée». Pour ce qui est de l’impact de ces augmentations sur le pouvoir d’achat des Algériens, notamment les couches les plus défavorisées, le ministre a affirmé que «le tarif social» instauré par la Sonelgaz à certaines catégories sensibles a été élargi. Il est passé de 500 KW par an à 1000 KW par an, pour élargir ce tarif. Et de citer également la compensation des habitants des wilayas du Sud pour le prix de l’électricité et une éventuelle compensation des agriculteurs suite à l’augmentation des prix des carburants, ceci, précise-t-il, pour maintenir la stabilité et la croissance conformément aux directives du président Bouteflika.

Depreciation du dinar

Pour le ministre des Finances, la valeur de la monnaie nationale reflète la valeur de l’économie du pays. Et de préciser que tous les dispositifs mis en place, notamment à travers la loi de finances 2016 et les dispositifs précédents visent à renforcer l’économie compétitive, pour revaloriser notre monnaie. Et de souligner que ce n’est pas le dinar qui a baissé mais c’est bien le dollar qui a augmenté. Benkhalfa précise qu’ «il faut que certains cessent de vendre des grands montants de monnaie algérienne comme des croissants à des prix bas», sans évoquer clairement le marché parallèle. Et d’insister : «Il faut instaurer la confiance en notre monnaie !»