«La crise de la zone euro pourra bien nous atteindre»
Un ralentissement de la croissance mondiale aura des effets sur la demande en pétrole et sur les revenus de l’Algérie.
S’exprimant à l’issue de l’adoption du projet de loi de finances pour 2012, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a estimé que la tempête ou l’impasse grecque liée à la crise de la zone euro pourra bien nous atteindre dans la mesure où notre structure financière dépend entièrement des recettes extérieures tirées de la fiscalité pétrolière, donc du prix et des quantités d’hydrocarbures exportées. Or, la constance dans la baisse de la croissance enregistrée par l’économie mondiale affectera en baisse la demande mondiale sur les hydrocarbures, un fait qui se répercutera sur le prix de l’or noir. Cela est d’autant plus inquiétant qu’aujourd’hui les prix des hydrocarbures sont loin d’être stables. Selon lui, «la conséquence sera amortie par le fait que le prix de référence sur lequel est basée la loi de finances est de 37 dollars et qu’on a constitué un fonds de régulation de recettes». «Nous savons pertinemment que tant que notre économie ne s’est pas transformée en termes de structure de revenus externes en celle de revenus internes, nous tomberons constamment sous l’effet des crises et chocs extérieurs. Outre le risque de baisse des recettes des hydrocarbures, l’autre inquiétude vient de l’absence d’alternative forte à même de substituer à l’énergie fossile», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le ministre a souligné que les dépenses de fonctionnement de l’ordre de plus de 4000 milliards de dinars ne cessent d’accroître d’une façon très importante, ce qui contraindrait le gouvernement à la prudence sur ces dépenses d’autant plus que 60% de ce budget sont destinés aux salaires. A titre de rappel, la Grèce a annoncé lundi dernier, à la surprise générale, sa volonté de soumettre à un référendum à haut risque le plan d’allègement de la dette du pays, conclu la semaine dernière à Bruxelles au terme de semaines de négociations difficiles. Cette décision a ébranlé l’Europe et les marchés financiers.
Par ailleurs, un projet d’amendement du Code des marchés publics a été soumis au gouvernement, a annoncé également le ministre des Finances. «L’idée est de prendre en considération les contraintes exprimées par les différents secteurs qui souhaitent plus de flexibilité dans la commission nationale des marchés (publics) et de trouver ensuite des points de passage entre ceux qui veulent aller vite dans leurs marchés, et ceux qui sont tatillons dans le respect strict de la réglementation, à savoir les commissions des marchés», a-t-il ajouté. Il a rappelé que le contrôle de la régularité des marchés était, jusqu’à présent, assuré par plusieurs commissions, tant au niveau de la wilaya, que ministériel ou national, en fonction des montants de ces marchés publics. La dernière session de l’actuelle législature a consacré l’interdiction définitive de l’importation de la friperie en sachant que le gouvernement a initié un plan d’assainissement de l’ordre de 60 milliards de dinars pour le secteur des textiles et cuirs. Il est convenu aussi de ramener la durée de l’incessibilité des logements LSP de 10 à 5 ans. «On s’est entendu sur cette période pour éviter l’amplification de la spéculation», a-t-il dit. Les députés ont réussi à modérer la proposition du gouvernement qui voulait reconduire l’interdiction de la cessibilité de ces logements à 10 ans, en introduisant un amendement réduisant cette durée aux cinq premières années de l’acquisition. Le budget de l’Etat pour 2012 est basé sur un baril de pétrole à 37 dollars pour le prix de référence fiscale et à 90 dollars pour le prix du marché, un taux de change de 74 DA pour un dollar, une croissance de 4,7% et une inflation de 4%. Il prévoit, sans l’introduction de nouvelles taxes, des dépenses de 7428 milliards de DA (mds DA) et des recettes de 3.455,6 mds de DA, soit un déficit budgétaire représentant 25,4% du PIB, contre un déficit prévisionnel de 34% pour 2011.