Les prix du pétrole trébuchaient lourdement, hier, en cours d’échanges européens, perdant plus de 3 dollars le baril à Londres, dans un marché ébranlé par les craintes au sujet de l’Espagne et la Grèce, et par le net renforcement du dollar face à un euro sous pression. Vers la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, échangé sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, valait 103,82 dollars, en baisse de 3,01 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en septembre, dont c’est le premier jour comme contrat de référence, abandonnait pour sa part 2,76 dollars à 89,07 dollars. « Les inquiétudes sur la zone euro reviennent, encore une fois, sur le devant de la scène », tirant nettement vers le bas les prix de l’or noir, soulignait David Hufton, analyste du courtier PVM. « Après sept jours de hausses consécutives (dopés par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient), la montée irrésistible des cours du baril a connu un coup d’arrêt vendredi » et le marché creusait ses pertes lundi, « minés par le renchérissement du dollar et les nouvelles de plus en plus inquiétantes sur l’Espagne », a poursuivi M. Hufton. La région espagnole de Valence, à cours de liquidités, a demandé vendredi l’aide de Madrid, attisant encore la nervosité des marchés, qui redoutent le scénario catastrophe d’un sauvetage international de l’Espagne, dont le gouvernement prévoit une poursuite de la récession jusqu’en 2013. Signe de la défiance des investisseurs, le taux d’intérêt à dix ans de l’Espagne continuait à s’envoler lundi au-dessus des 7%, un niveau jugé insoutenable sur la durée, et l’euro, considéré comme un actif risqué, évoluait autour de 1,21 dollar, à des niveaux plus vus depuis plus de deux ans. Ce net renforcement du billet vert face à la monnaie européenne rendait encore moins attractifs les achats de pétrole, libellés en dollars, pour les investisseurs détenant d’autres devises, ce qui contribuait à plomber les prix. « Des articles de presse indiquant que le Fonds monétaire international (FMI) était réticent à apporter une aide supplémentaire à la Grèce », ce qui pourrait précipiter une sortie du pays de la zone euro, « ont encore accru les inquiétudes des opérateurs et la glissade des Bourses comme des marchés de matières premières », ajoutaient les experts du cabinet viennois JBC Energy. Cependant, « une séries d’attentats en Irak et l’explosion d’un oléoduc (en Turquie) pourraient enrayer » le plongeon des cours du brut, estimaient-ils. Une série d’attaques a fait au moins 91 morts en Irak lundi, journée la plus sanglante qu’ait connu le pays en plus de deux ans. Par ailleurs, une explosion a endommagé dans le week-end un oléoduc irako-turc dans le sud-est de la Turquie, provoquant une coupure de l’approvisionnement en pétrole irakien. « Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient sont beaucoup plus fortes qu’il y a un mois », en particulier dans le dossier iranien, et devraient continuer de soutenir le marché pétrolier, commentait de son côté David Hufton. En Asie, les cours du pétrole étaient en baisse, hier matin, plombés par les inquiétudes sur la situation financière en Espagne, le marché craignant un scénario catastrophe pour la zone euro qui pèserait sur la demande de brut. Lors des échanges matinaux, le baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en septembre, perdait 1,13 dollar à 90,70 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord échéance septembre cédait 86 cents à 105,97 dollars.
Farida B.