Le gouvernement veut mettre fin à la grande spéculation sur le marché du ciment en fixant les marges plafonds de gros et de détail. La marge des détaillants est plafonnée à 60 dinars sur le sac de 50 kg et celle des grossistes à 40 dinars sur le prix sortie usine de la même quantité. Ces marges sont de 120 dinars sur le quintal pour les détaillants et de 80 dinars pour les grossistes sur la même quantité. Elles sont fixées par un décret exécutif publié mercredi au journal officiel.
Ce décret permettra aux services de contrôle du ministère du Commerce et à la Gendarmerie nationale de mieux contrôler le marché de la distribution du ciment, affecté ces dernières années par la spéculation, la hausse des prix et les pénuries.
Ces derniers mois, le sac de ciment de 50 dinars a atteint 700 dinars dans certaines régions de l’ouest du pays alors que son prix sortie usine ne dépasse pas les 300 dinars. Le ciment est fortement prisé par les spéculateurs et une véritable mafia s’est emparée de ce marché juteux, compromettant la réalisation d’importants programmes de logements et d’infrastructures. Derrière ce réseau de spéculateurs se cache en réalité de puissants lobby ayant de solides relations leur permettant d’obtenir auprès des cimenteries publiques des bons de ciment pour les revendre ensuite au marché noir.
L’application sur le terrain de ces nouvelles mesures ne sera pas chose aisée. Son efficacité va dépendre de la disponibilité du ciment. Le manque de ce matériau fortement demandé notamment en été pourrait pousser la mafia du ciment à la clandestinité en créant un marché noir, pour échapper aux contrôles des autorités. Selon les spécialistes, la meilleure solution pour lutter contre la spéculation dans le secteur du ciment est de revoir à la hausse les prix pratiqués par les cimenteries et les alignés sur les prix réels du marché tout en encourageant de nouveaux investissements dans la production du ciment.