Aléas climatiques chez les pays producteurs et crises politiques chez beaucoup de pays arabes, notamment maghrébins, semblent influer négativement sur le marché mondial du blé, qui risque de s’affoler.
Tout prête à le croire au regard de l’empressement de certains pays maghrébins qui se sont rués sur ce produits en doublant leurs commandes afin de recomposer leurs stocks stratégique et faire face à toute éventualité. Cela aurait pu être une embellie pour le marché mondial si ce n’est le décalage entre l’offre et la demande qui influe conséquemment sur les prix.
Lesquels prix du blé, qui avoisinaient en juillet 2010 les 06 dollars le boisseau et sont actuellement à 7,62 dollars, » risquent d’atteindre ou dépasser les 13,34 dollars le boisseau, prix enregistrés en 2008 « , estiment certains analystes. A eux seuls, les pays du Maghreb ont réceptionné en ce début d’année plus de 3,5 Mt de blé avec une consommation en blé dur et tendre avoisine les 17 Mt.
Les approvisionnements en blé à destination de l’Algérie ont atteint 5,3 Mt en 2010, contre 5 millions en 2009. Ce qui positionne l’Algérie à la cinquième place et fait d’elle le plus gros importateur mondial de blé. Notre pays a acheté plus d’un million de tonnes de blé meunier depuis le début de l’année 2011. Il y a quelques jours, l’Office algérien des céréales (OAIC) a acheté au moins 600.000 tonnes de blé meunier et continue à prospecter le marché en vue d’acquérir au moins 50.000 tonnes de blé dur.
Certaines sources affirment que l’OAIC aurait acheté jusqu’à 750 000 tonnes de blé meunier pour alimenter les minoteries et éviter une pénurie. A cet important volume viendrait s’ajouter 350 000 tonnes commandés au début du mois de janvier. Toujours selon les mêmes sources, l’Algérie aurait payé le blé entre 360 et 400 dollars la tonne, coût et fret. Ces importations sont loin de satisfaire l’Algérie qui vient de lancer un nouvel appel d’offres pour la fourniture d’au moins 50 000 tonnes de blé dur pour des chargements en mars. A cette demande accrue s’ajouteront les inondations dévastatrices en Australie, la poursuite de la sécheresse en Amérique latine et dans certaines zones des États-Unis. Ces éléments ont contribué à l’envol des prix du blé sur la marché mondial. D’ailleurs, selon Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank « le cours du marché sont très sensibles aux effets climatiques défavorables parce qu’il ne reste plus grand-chose pour les amortir après les pertes des moissons de la campagne en cours ». Les prix du blé meunier européen ne sont qu’à 15% du pic des 300 euros la tonne atteint durant la campagne 2007-2008. Ce qui fera dire au même analyste « qu’il ne faudrait pas grand-chose pour combler l’écart » et que « s’il y a encore des problèmes au niveau des moissons, les cours pourraient atteindre neuf dollars le boisseau ou encore 300 euros la tonne dans le courant de l’année ».
Son homologue, James Dunsterville, du cabinet genevois Agrinews prophétisera que « si Mère nature n’est pas propice, comme c’est le cas actuellement, nous n’avons pas fini de souffrir et nous n’avons pas forcément vu le pire ». Et le pire pourrait provenir de cette hypothétique super tempête en Californie, thèse que soutiennent plus d’une centaine de scientifiques.
Cette hypothèse avait, d’ailleurs, incité les autorités fédérales californiennes à se réunir autour d’une conférence sur les préparations en cas d’urgence. Les responsables américains tentent d’ores et déjà de prendre les précautions nécessaires afin de ne pas être surpris par cette « super-tempête » qui, si elle venait à se former et frapper la Californie causerait des dommages liés aux inondations et aux vents estimés à 400 milliards de dollars.
Mais cela n’est qu’une hypothèse. Cependant, les exportations européennes sont de 20 millions de tonnes de blé, prévus, pour cette année par les 27 États membres de l’UE qui a accordé des licences pour l’exportation de 11,9 millions de tonnes. De leur côté, les USA comptent exporter 1,3 milliard de boisseaux.
Azzedine Belferag