Les prix de pratiquement tous les produits alimentaires sont en hausse
Encore une fois, le citoyen paye pour la mauvaise gestion de la sphère commerciale.
Il ne se passe pas un jour sans que le consommateur ne soit confronté à l’augmentation des produits alimentaires. La tendance est incontestablement à l’inflation.
Tous les produits alimentaires sont concernés par ces augmentations! Les consommateurs sont donc confrontés à une valse quotidienne des étiquettes. Les prix de pratiquement tous les produits alimentaires sont en hausse. La farine et le thon sont les stars du moment. Leur prix a connu une ascension que l’ont peut aisément qualifier des plus fulgurantes. Ainsi, le kilo de farine qui était vendu à 45 dinars, il y a à peine quelques semaines, coûte désormais 60 dinars. Une augmentation de 15 dinars d’un seul coup! Que dire alors du thon dont les prix sont en train de défier les lois de la physique…Plus de 75 dinars de plus pour la triplette de thon. Le pack de trois était vendu il n’y a pas si longtemps que ça à 135 dinars, il coûte désormais 210 dinars! De la pure folie.
On se «sucre» avec les subventions
Les sodas ne sont pas en reste de ces augmentations. Les prix sont montés en flèche. La bouteille de Coca-cola de deux litres est passée de 100 à 110 DA, celle d’un litre passe de 60 à 65 DA et la canette de 50 à 55 DA. Soit une hausse de 10%. Ce n’est pas la première augmentation du genre, puisque l’année dernière déjà à la même période, les producteurs de boissons avaient augmenté les prix. Mais le paradoxe est le fait que ces producteurs bénéficient d’un sucre subventionné par l’État depuis début 2011, au même titre que le citoyen.
Ce dernier reste malgré cela confronté à une inflation qui lui donne le tournis. Il est saigné à blanc avec ces augmentations qui viennent s’ajouter à celle des viandes et fruits et légumes qui elles sont…traditionnelles. En effet, ces produits de première nécessité sont en train d’atteindre des sommets. La majorité des fruits et légumes ont dépassé la barre symbolique des 100 DA le kilo gramme. A titre d’exemple, la pomme de terre est à 100 DA tout comme la salade, la tomate est cédée à 120 DA, le poivron à 110 DA. Les viandes jouent pour leur part au «yo-yo». Les viandes rouges flirtent depuis un moment déjà avec les 1400 DA le kilo. Alors que les viandes blanches, qui jadis étaient considérées comme la viande du pauvre, s’apprêtent à franchir la barre fatidique des 500 DA le kilogramme. Même la sardine «échappe» aux Algériens. Son prix est volatile, ils varient entre 250 à 350 DA le kilo, selon la période et l’endroit où elle est vendue. Les produits surgelés sont aussi frappés de temps à autre par quelques augmentations. «On ne peut plus faire ses courses sans sortir un billet de mille dinars», affirme un consommateur que nous avons rencontré dans une supérette de Kouba. «Nos portefeuilles ressentent très bien cette hausse vertigineuse des prix. On arrive difficilement à remplir nos paniers», ajoute-t-il d’un air dépité. On parle de cette inflation, on la dénonce même. Mais, quelles sont ses véritables raisons? Pour en savoir plus et décrypter la chose nous avons prix attache avec l’économiste Abderrahmane Mebtoul, ainsi qu’avec l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa).
A qui la faute? Explications…
Pour le Dr Mebtoul la raison est toute simple: l’Algérie ne dispose pas d’économie. «Après 50 ans d’indépendance le pays n’a pas encore mis en place une réelle économie», lance-t-il. «Nous ne faisons pas dans la production, mais dans la rente. Ce qui fait que nous favorisons l’importation au lieu de la production», affirme le Dr Mebtoul. «Il est plus facile d’importer en Algérie que de produire localement», dénonce-t-il. «Cette situation favorise l’inflation et de ce fait augmente les prix des produits alimentaires qui nous viennent de l’étranger», assure-t-il en précisant le fait que l’Algérie importe plus de 75% des besoins des ménages et des entreprises alors que 96% de ses exportations sont des hydrocarbures. Toutefois, pour le Dr. Mebtoul ce ne sont pas les seules raisons de l’augmentation des prix des produits alimentaires. «En plus du fait que nous n’avons pas de production et ainsi pas de productivité, la politique de subvention qu’a mise en place l’État influe sur les prix», atteste-t-il. «Les subventions sont désordonnées, elles sont données à tout le monde, alors qu’il devrait y avoir une différence entre celles données à quelqu’un qui touche le Snmg et quelqu’un qui touche 500000 DA. Or ils bénéficient tous de la même subvention», dénonce-t-il. «Ce n’est pas tout! L’État subventionne également les producteurs de boissons et de pâtes ainsi que les pays voisins à cause de la contrebande. Nos produits subventionnés sont passés illégalement aux frontières. Ce qui influe impérativement sur l’augmentation des prix», rapporte-t-il. Néanmoins, le paramètre le plus important qui favorise cette inflation est pour le docteur Mebtoul, la sphère informelle. «La masse informelle est l’élément majeur qui favorise cette inflation. Il représente 40% de la monnaie en circulation et 65% des produits de première nécessité», certifie-t-il. «Il ne faut pas voir les petits marchands du square Port Saïd et de Bachdjarah mais les grands bonnets qui tiennent cette économie parallèle», explique-t-il en indiquant qu’ils font dans la spéculation et maîtrisent les prix à leur guise vu que ce sont eux qui tirent les ficelles… Pour l’Ugcaa par contre, ces augmentations sont dues en premier lieu à l’absence de marché de proximité. «Cette situation fait qu’il y a beaucoup d’intermédiaires et les prix augmentent pour atteindre quelque-fois 100% de leur valeur, particulièrement en ce qui concerne les fruits et légumes», estime le porte-parole de l’Ugcaa Hadj Tahar Boulenouar. «En parlant des fruits et légumes l’augmentation régulière de leur valeur marchande est aussi due à un déficit de production qui est de l’ordre de 30%», témoigne-t-il. «L’offre est donc inférieure à la demande et logiquement les prix augmentent», conclut-il. Voilà donc un autre paradoxe algérien! L’inflation est donc en pleine ascension dans un pays qui dort sur 200 milliards de dollars de réserves de change… C’est ce qu’on appelle l’économie à l’algérienne.