Avec un pouvoir d’achat faible, les citoyens trouvent toujours que les prix des produits sont chers. Mais cette cherté ne se compare pas seulement à la faiblesse du pouvoir d’achat mais aussi à un manque de contrôle et une politique de tarification des prix non conformes.
En Algérie, un fruit ou légume de saison suffisamment disponible peut afficher le double de son prix du jour au lendemain. Dans les marchés, il y a bien des commerçants qui n’en font qu’à leur tête pour afficher des prix peu acceptables mais ne sont pas les seuls pointés du doigt, car des questions demeurent sans réponse quand on sait que la flambée touche aussi des marchés qui jouissent de la quantité et de la qualité. D’un point de vue commercial, une hausse des prix d’une marchandise est souvent liée à des pénuries.
Depuis le début de l’année 2012, les prix ont augmenté d’un cran comme le veut la coutume dès le commencement de chaque année. Une tournée à travers les marchés d’Alger nous fait découvrir le désarroi des ménages. Interrogés sur la tendance des prix, les clients parlent de «feu». «Il y a du feu sur les étals» déclare une vieille femme trouvée au marché couvert Meissonnier.
Par ailleurs, il ne s’agit certainement pas du feu qu’on peut souhaiter en ces jours hivernaux, mais d’un feu qui donne froid dans le dos. «On travaille pour manger, c’est dur de passer sa vie à travailler du matin au soir et attendre la paie de la fin du mois et ne servir que pour les couffins des légumes et autres produits de large consommation», se lamente un père de famille, fonctionnaire rémunéré à 18 000 Da/mois qui regrette la cherté de la vie qui ne permet aucune économie pour d’autres projets : acheter une voiture, voyager… Dans les marchés algérois, les prix des fruits, des légumes et des viandes ont enregistré une hausse de 20 à 50 %. La pomme de terre largement consommée par la société algérienne est vendue de 50 à 55 Da au lieu de 25 et 30 Da il y a quelques semaines. L’oignon est passé de 25 et 35 DA/kg à 50 Da/Kg. La carotte 40 Da et plus le kilogramme. 60 Da le chou-fleur.

La courgette est vendue de 100 à 120 Da. Le prix de la tomate oscille entre 60 et 80 Da. Le poivron est à 140 Da et plus. Les fruits de saison : oranges, dattes et mandarines ne viennent pas au secours des ménages pour les consoler de la flambée des prix des légumes. Ils sont vendus aux mêmes tarifs. D’autres fruits ayant fait le voyage de l’importation comme c’est le cas des bananes et des pommes. Moyennement, les prix des fruits locaux ou importés oscillent entre 80 et 18 Da le kg. Loin d’être à la portée des petites et moyennes bourses, les prix des viandes ont aussi enregistré une hausse depuis le début d’année. Cette hausse est expliquée par «l’insuffisance des capacités d’entrepôts de froid, et surtout la défaillance des mécanismes de régulation et d’organisation des réseaux de distribution». La viande ovine est vendue 750 et 870 Da/kg tandis que le prix de la viande bovine oscille entre 850 et 890 Da. Dans une réponse à la presse, Lakhdar Marrakchi, directeur général de l’Office national interprofessionnel des légumes et viandes a expliqué que «la qualité et la quantité ne posent pas problème dans les marchés algériens, mais les prix sont très élevés, de temps en temps. Principalement, dans la logique économique, quand il y a hausse des prix c’est qu’il y a pénurie. Aujourd’hui, en Algérie on n’a pas de pénurie, mais on a des prix forts. Donc il y a quelque chose qui ne va pas…». Mais justement il y a longtemps que les Algériens se posent la question de cette chose qui ne va pas.
Par Yasmine Ayadi