Ayant pratiquement doublé pendant les jours de l’Aïd, comme de coutume, cupidité des spéculateurs oblige, les prix des fruits et légumes n’ont toujours pas baissé, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre. Ils restent trop élevés, défiant toute morale et toute logique.
Les prix ont quasiment doublé durant les jours de l’Aïd dans tous les marchés et aucun indice ne semble présager pour le moment un retour à la normale.
Les vendeurs disent n’avoir aucune explication sur cette hausse. Ils se contentent de justifier cet état de fait par l’instabilité du marché de gros. Hier matin, au marché ex-Clauzel et dans certains marchés en l’occurrence celui de Birkhadem, Bir Mourad-Raïs et Birtouta, la pomme de terre était affichée à 90 DA le kilogramme contre 45 DA, il y a presque un mois. A Fort de l’Eau, le prix de ce produit a frôlé les 100 DA le kilo ! a-t-on constaté. La plupart des ménagères se limitent à acheter des petites quantités de pomme de terre pour éviter d’être ruinées financièrement. Les oignons sont affichés à 60 DA alors que leur prix variait entre 30 et 35 DA début octobre. La tomate est à 100 DA alors qu’elle coûtait à peine 40 DA. La courgette et la salade sont cédées à 180 DA, les haricots verts et le poivron demeurent toujours inaccessibles. Au marché ex-Meissonnier les prix sont effrayants. A l’entrée, une sexagénaire a beaucoup de mal à s’approvisionner. «On dirait que tout est planifié. Depuis quelques temps les prix n’ont pas chuté et tout est cher ici et ailleurs !». Les fruits ne sont pas en reste. Les pommes et les bananes sont vendues à 170 DA alors qu’ils étaient à 140 DA. Les figues et les pommes sont affichées à 220 DA le kilo alors qu’ils ne dépassaient pas les 200 DA. La période est particulièrement propice pour les commerçants pour doubler les prix sur un marché devenu incontrôlable, sans aucun mécanisme de régulation. «Je pense que ce n’est pas une affaire d’argent», estime un homme d’un certain âge rencontré au marché. Il ira jusqu’à déduire que cette situation pousse aujourd’hui les gens au vol et même au crime ! Interrogé sur cette question, l’expert en agriculture, Akli Moussouni, nous indique que cette situation s’inscrit dans la logique de la déliquescence de la filière de la pomme de terre. Contrairement aux années précédentes, les coûts de production de ce tubercule ont atteint des niveaux importants (35-55 DA) pour des raisons suivantes : l’importation de la quasi totalité de la semence dont le prix est déjà élevé (140 DA/kg) , celui des engrais (entre 6 000 et 7 000 DA/q) , la location des terres (jusqu’à 50 000 DA), ainsi que la mauvaise conduite des cultures par manque de savoir-faire et de mécanisation sans que les rendements en Algérie ne dépassent les 250 qx/ha. Or, enchaîne-t-il, la production moyenne mondiale est située entre 350 et 400 qx/ha. Le prix de ce produit est passé désormais à un stade qui ne risque pas de revenir à la normale (25 DA). Ce problème ne concerne pas uniquement la pomme de terre mais il touche toutes les filières agricoles.
Samia Lounes
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