La botte d’ail qui se vend à 1800 dinars à Alger, ne dépasse pas les 200 dinars à El Oued. Idem pour la tomate qui ne coûte que 70 dinars le kg.
Il n’y a plus aucun doute, la flambée des prix des fruits et légumes est due à la…spéculation! En effet, lors de la visite qu’a effectuée le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la wilaya d’El Oued, qui est devenue le grenier agricole du pays, on a pu s’enquérir de la réalité des prix de ces produits vitaux, c’est-à-dire ce qu’ils devraient coûter chez nos marchands habituels.
On a bien sûr commencé par la star du moment, dont certains ironisent en le qualifiant du nouveau inconditionnel des trousseaux de mariage…Vous l’avez bien reconnu: il s’agit du «cher» ail! Alors qu’à Alger la botte d’ail se vend à 1800 DA à El Oued elle ne dépasse pas les 200 dinars.
«Elle ne dépassait pas les 100 dinars en début d’année», témoigne un père de famille habitant au chef-lieu de la wilaya. La tomate qui est l’autre produit agricole qui connaît une «crise» au nord du pays, ne coûte que 70 dinars le kg alors qu’à Alger et ses environs, elle a été cédée en certains endroits jusqu’à 180 dinars le kg.
Idem pour le produit qui constitue la base même de la table de la famille algérienne, à savoir la pomme de terre.
Le kg ne dépasse pas les 50 dinars dans cette wilaya devenue une référence en la matière alors qu’au Nord certains l’ont cédé à 140 dinars le kg. «50 dinars pour nous c’est une flambée.
On est habitué à payer la pomme de terre entre 25 et 35 dinars le kg», assure un autre habitant d’El Oued. Mais comment expliquer donc cette différence des prix entre les deux régions du pays? Un agriculteur rencontré sur place et qui a préféré garder l’anonymat, est catégorique: il y a une «mafia» bien organisée qui a la mainmise sur la vente en gros des fruits et légumes. «Ils contrôlent les prix sur les marchés comme bon leur semble, ce qui leur permet de spéculer à leur guise», soutient-il en affirmant que cette mafia dispose de tout ce qui lui est nécessaire pour arriver à ses fins. «C’est-à-dire qu’elle contrôle le réseau de distribution, de stockage et a infiltré, grâce à son argent, les réseaux de contrôle et de décisions», fait-il savoir non sans affirmer que les agriculteurs et les consommateurs étaient pris en otage par cette «mafia».
Néanmoins, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, semble avoir trouvé la solution pour couper l’herbe sous les pieds de ces spéculateurs. C’est d’ailleurs pour leur envoyer un message fort qu’il s’est rendu dans cette wilaya du pays. En bon chef de l’Exécutif, Sellal a «concocté» un plan antispéculation. L’un de ses atouts majeurs est la construction, sous l’égide de l’entreprise publique Frigomedit avec plus de 50 chambres froides à travers le pays.
Neuf sont déjà en service, à l’instar de celle qu’il a visitée à El Oued qui compte 20.000 m2 de chambre froide. «Ne faites pas comme le type de Aïn Defla en stockant des fruits et légumes pour déstabiliser le marché», a-t-il lancé en affirmant que les spéculateurs ne séviront plus. «Le surplus de la production agricole sera désormais stocké dans ces chambres froides pour le sortir au moment opportun.
Cela servira également pour conserver les produits destinés à l’exportation», a-t-il ajouté avec beaucoup d’ambition. Il faut dire qu’une petite journée dans cette wilaya «miracle» permet de faire le plein de l’ambition.
Car, en plus de la vérité des prix, elle nous donne la vérité du travail. Malgré une terre très difficile qui a nécessité d’énormes efforts et moyens pour qu’elle devienne fertile, El Oued est devenue le nouvel eldorado agricole du pays, alors que d’autres régions du pays disposent de terres fertiles qui font saliver le monde entier, mais n’arrivent pas à produire des fruits et légumes à même de couvrir les besoins de leurs populations, et ce malgré les moyens colossaux dégagés, par l’Etat, qui sont partis en fumée.
Si l’exemple d’El Oued était suivi par les autres wilayas, le pays n’irait pas à… «El Oued»!