Les Algériens sont sur le gril. Paieront-ils leur pain plus cher? Cela devient de plus en plus une certitude, malgré les assurances des pouvoirs publics. L’échéance n’est vraisemblablement que repoussée. Le dossier du pain «est encore ouvert et la question est examinée avec sérieux… Celle-ci n’a pas fait l’objet de révision depuis une vingtaine d’années» a indiqué, le 16 mai, Mustapha Benbada en marge d’une séance du Conseil de la nation consacrée aux questions orales. Une déclaration qui montre qu’une augmentation du prix du pain se profile.
Le ministre, qui a assuré qu’aucune hausse du coût du pain n’est prévue par le gouvernement, a effectivement confirmé par ailleurs que la question demeurait d’actualité. Le prix de la baguette ordinaire est toujours fixé à 7,50 dinars et 8,50 dinars pour le pain amélioré. Des prix subventionnés par l’Etat qui n’ont pas évolué depuis 1996. Les boulangers les estiment bien en deçà de leur prix de revient. Comment satisfaire tout le monde? Benbada est au four et au moulin. La commission mixte chargée de l’évaluation du prix réel du pain, composée de représentants des ministères du Commerce, des Finances, de l’Agriculture, de la Fédération nationale des boulangers (FNB), de l’Office algérien des professionnels des céréales et du groupe industriel Riad, avait fixé le prix de la baguette à 8 DA pour le pain ordinaire et 10 DA pour le pain amélioré, a rappelé le ministre. Des niveaux qui seront largement dépassés. Selon le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa). L’heure est apparemment aux prolongations. Les boulangers, qui estiment travailler à perte, menacent de recourir de nouveau à la grève. Pourquoi une telle tension sur les prix du pain pourtant soutenus par l’Etat? Le ministre du Commerce nous livre une piste. «50% environ de la farine subventionnée par l’Etat n’étaient pas destinés à la fabrication du pain,» a révélé Mustapha Benbada. Où passe-t-elle si elle ne profite pas aux boulangers? L’augmentation du prix du pain est-elle orchestrée? et par qui? Le ministre du Commerce n’a pas fourni d’explications à ce sujet. Il s’est restreint à faire remarquer que les 50% restants étaient équitablement répartis entre le secteur industriel et celui de la confection de la pâtisserie. En plus de la malédiction du baril de pétrole, les consommateurs doivent faire quotidiennement face à celle de la flambée des prix des produits de consommation de base des fruits et légumes des viandes et du poisson…Et comme pour ces secteurs de la consommation dont les hausses des prix ont été imputées à la spéculation, au secteur de l’informel et à l’absence de mécanismes de régulation des marchés, celui lié à la fabrication du pain nous livre à son tour ses «tares» sans que ne soient explorés tous les arcanes qui conduisent au métier de boulanger. Un autre créneau qui profite surtout à ceux qui ne mettent pas la main à la pâte.