Prisons : comment neutraliser les grandes évasions

Prisons : comment neutraliser les grandes évasions

Une manœuvre suivie par le général-major Ahmed Bousteïla s’est déroulée jeudi dernier dans l’Oranie et s’inscrit en droite ligne de l’adaptation des élites d’intervention de la GN face aux insurrections qui menacent les établissements pénitentiaires.

La prochaine ouverture de nouveaux centres pénitentiaires en Algérie suggère une préparation appropriée de troupes spécialisées, surtout que ces nouvelles infrastructures sont érigées dans les périmètres relevant de la compétence de la Gendarmerie nationale. Du coup, de nouvelles tâches sont assignées à ce corps appelé à former et à entraîner, à travers des exercices de terrain, les élites de la GN, dont notamment les SSI (section de sécurité et d’intervention), les GIN (groupes d’intervention et de neutralisation), mais aussi les unités territorialement compétentes. C’est ainsi que le commandement de la Gendarmerie nationale a choisi le camp d’entraînement de Kamissis, à Sidi Bel-Abbès, pour jauger ces troupes lors d’une manœuvre soigneusement préparée par le 2e commandement régional (CR) d’Oran.

Comment prévenir contre une grande évasion de prisonniers dangereux et condamnés à mort ? Comment maîtriser et canaliser les milliers de détenus en colère et prêts, au prix de leur vie, à se détaler des centres de rééducation tout en ayant de grandes complicités avec des groupes armés qui tendent des embuscades aux unités d’intervention ? Comment déloger justement ces résistances isolées et libérer les otages au sein même de ces prisons ? Autant de questions et bien d’autres auxquelles ces élites ont répondu au cours d’une manœuvre qui s’est déroulée sous l’œil vigilant du patron de la GN, le général-major,

Ahmed Bousteïla, qui était accompagné de son staff et des 12 commandants de groupement du 2e CR.

Quand les terroristes viennent au secours des condamnés à mort

Plus de 1 500 hommes, issus de 9 escadrons, ont été mobilisés pour exécuter cet exercice qui s’est déroulé en trois étapes. La première était liée à la maîtrise d’un millier de prisonniers qui ont envahi inopinément la cour du pénitencier. Là, les forces antiémeute ont donné l’assaut et se sont scindées en deux groupes avant de canaliser les détenus et de maîtriser l’incendie déclenché par les prisonniers en furie. La seconde étape, cadrée par d’autres escadrons spécialisés dans la libération des otages, a donné lieu à la libération du directeur de la prison et de trois de ses agents séquestrés.

Le recours aux grenades assourdissantes et fumigènes était inéluctable dès que la situation dictait la maîtrise des assaillants prêts à tout faire, surtout qu’ils sont lourdement condamnés. Menée avec succès, cette opération sera suivie d’un exercice des plus rudes, puisque les unités d’intervention n’ont pas quitté ladite prison, surtout que le calme était précaire.

Surprises, ces unités ont fait appel aux GIN et aux escadrons héliportés. En effet, dans une habitation de fortune et abandonnée s’est organisée une résistance isolée composée de quatre terroristes armés. L’assaut sera extraordinaire au vu de la rapidité de son exécution. Les GIN recourent aux nouvelles techniques et usent de la grosse artillerie. L’accrochage sera très violent et durera près de dix minutes. Le groupe armé délogé, le bilan tombe : trois terroristes arrêtés, un autre abattu, un gendarme blessé et des armes récupérées. Ce dispositif intégré, en l’occurrence le Gomo (groupement opérationnel de maintien de l’ordre), sera d’un grand apport pour neutraliser les évasions dans les prisons, notamment les nouveaux pénitenciers.

Bousteïla aux cadres de la GN : “Le citoyen exige plus de sécurité”

Lors de son déplacement dans l’Oranie, M. Bousteïla a insisté sur la sécurité des personnes et des biens, et des moyens mis en branle pour lutter contre la délinquance et le crime organisé, mais aussi contre le terrorisme. Il dira à ses cadres qu’ils devront davantage “sensibiliser leurs subordonnés quant à la prise en charge des préoccupations légitimes exigées par le citoyen en instaurant un véritable climat de confiance avec la population”. Tout en mettant en exergue le processus de formation, de modernisation et de professionnalisation de ce corps, M. Bousteïla précisera que “des efforts indéniables ont été consentis. Il reste à les poursuivre, les consolider et les perfectionner pour construire la gendarmerie de demain et contribuer au maintien d’une paix sociale durable, utile au développement du pays”.