Prise en charge des personnes handicapées “Les lois existent, mais pour la forme”

Prise en charge des personnes handicapées “Les lois existent, mais pour la forme”

C’est le constat connu dressé hier par le président de l’Union nationales des handicapés algériens, Mohamed Rezzak, invité du journal “DK News”.

“La situation de l’handicapé en Algérie” était le thème d’une rencontre organisée, hier, par le Forum du quotidien DK News, à Alger. En présence du président de l’Union nationale des handicapés algérien (Unha), Mohamed Rezzak, un état des lieux a été fait. Le président du syndicat a d’emblée fait savoir que “les textes de loi pour la protection et la promulgation des handicapés en Algérie existent depuis plus de 10 ans, mais demeurent toujours insuffisants et peinent à être exécutés”. Le premier responsable de l’Unha fait constater que “les personnes handicapées souffrent toujours de problèmes de gestion du fait de leurs mise à l’écart lors de la promulgation de lois les concernant”.

Selon l’hôte du Forum, les personnes handicapées souffrent d’absence d’infrastructures et de commodités pour faciliter leur autonomie. M. Rezzak rappelle qu’il faut revoir la loi de 2002 et les 37 textes la constituant, car, d’après lui, elle souffre de “plusieurs manquements”. Pour le conférencier, la première lacune qu’enregistre cette loi concerne la prise en charge sanitaire. M. Rezzak souligne à ce sujet que “le diagnostique tardif et le manque des programmes de prévention et de sensibilisation constituent une barrière devant l’handicap”. D’après le responsable de l’association, la famille est également considérée comme un frein pour la promotion de la personne handicapée : “Dès qu’il y a un enfant handicapé, la famille est déstabilisée. Cela est dû non seulement au refus des parents, mais également au manque de formation et de soutien de la part des pouvoirs publics.”

Le conférencier pointe aussi du doigt le refus de la société de cette frange de population. Selon lui, une personne handicapée est isolée et traitée comme une personne “anormale”. Elle est mise à l’écart de la société dès la naissance. Outre la famille, le système éducatif algérien n’est pas adapté pour ces personnes. Car dès qu’un enfant handicapé arrive en âge de scolarisation, une vraie bataille est engagée par les parents. Les écoles algériennes “pour les enfants normaux” ne proposent aucune commodité pour permettre à ces enfants de s’intégrer.

L’autre calvaire des personnes handicapées est l’accès au travail. Le président de l’association reconnaît que “la loi algérienne oblige les entreprises à employer les personnes handicapées au sein de leur entreprise, mais en réalité rien n’est fait”.

Pour ce qui est de la pension, M. Rezzak assure que ce n’est pas “gagné”. “Nous avons une prise en charge de 6 000 DA que nous percevons de manière irrégulière, chose qui ne facilite pas l’autonomie. Nous avons demandé à la tutelle de revoir à la hausse cette prime pour attendre le SNMG, mais après assainissement de la liste des personnes handicapées. Car à ce jour, nous n’avons pas le nombre exact des personnes handicapées en Algérie”, résume-t-il. Les handicapés souffrent aussi de problèmes de couverture sociale. “La loi existe depuis 1962, mais dans les faits, nous constatons plusieurs dysfonctionnements dans l’application. Nous faisons face à la bureaucratie et à la lenteur administrative. Nous avons du mal à avoir le minimum en matière de Sécurité sociale, à savoir la carte d’handicapé et la carte de Sécurité sociale”, regrette le conférencier.

Ces problèmes, entre autres, auxquels font face les handicapés en Algérie sont essentiellement dûs à un problème culturel et de la vision que porte la société à cette frange de la population.

D S