Ils sont venus de plusieurs régions du pays pour accueillir leurs parents et proches de retour des Lieux Saints.
Certains ont passé la nuit à l’aéroport. Manque d’informations fiables et de précisions, beaucoup de personnes ont fini par passer la nuit dehors après avoir appris que l’avion avait du retard.
Prévu à 4h du matin, l’avion devant ramener les pèlerins à Alger a finalement atterri à 11h55. «Je suis là depuis 7h du matin. Je suis venu de Blida pour accueillir mon père. L’avion devait être là à 4h mais finalement, on nous a annoncé son arrivée à 10h, alors j’attends», nous dira ce jeune homme.
Les mêmes propos sont tenus par un autre groupe venu de Ksar El Boukhari. «On a démarré de la maison la nuit, après avoir pris contact avec nos proches qui se trouvent en Arabie Saoudite. Ils sont encore à l’aéroport. On n’a démarré que lorsqu’ils nous ont informés qu’ils ont embarqué.
L’avion peut arriver d’un moment à l’autre», nous diront-ils. Moins chanceux, les citoyens venus des wilayas de Djelfa et de Laghouat ont passé la nuit à l’aéroport. «Il a fait froid et humide mais nous sommes obligés de supporter cela.
Nous avons fait un long chemin pour arriver à Alger sans prévoir ce retard, nous y restons jusqu’à ce que nos parents arrivent», ont-ils indiqué.
L’entrée de l’ancien terminal abritant les lignes intérieures est bondée. Des centaines de personnes se sont rassemblées pour attendre l’arrivée de l’avion. Les éléments du dispositif sécuritaire mis en place pour organiser cette foule ont trouvé beaucoup de difficultés dans leur mission. «L’avion arrive à 12h. Vous devez libérer les lieux et revenir au moment de l’atterrissage», a répété un agent de l’ordre public qui a essayé de disperser la foule. Sans succès.
Le retard crée l’anarchie
La confirmation de l’heure d’arrivée de l’avion a entraîné une grande foule. Les gens ont eu d’énormes difficultés à trouver une place dans les parkings réservés aux lignes intérieures et extérieures. Vers 11h, les agents de l’ordre ont ouvert le parking de ce terminal pour les familles. Ils étaient près d’un millier de personnes à attendre que les hadjis quittent l’enceinte de l’aéroport.
A l’intérieur, tout a été mis en place pour accueillir les hadjis. A l’heure indiquée, les premiers hadjis sont sortis après avoir accompli les formalités de police et de douane. «Cela fait 36 heures que nous sommes en train d’attendre. Nous avons passé 24 heures à Djeddah.
J’avais eu la chance de sortir après avoir obtenu une autorisation. J’ai passé la nuit à l’hôtel que j’ai payé de mes propres moyens. ça n’a pas été le cas pour des centaines d’autres passagers qui étaient contraints de passer la nuit à l’aéroport», nous raconta un hadji de Tizi Ouzou.
«Le vol était programmé à 22h, puis décalé à 00h30. Au moment du décollage, nous avons été retardés en raison du surnombre de passagers. Il a fallu régler ce problème et cela nous a pris quelques heures de plus», a-t-il ajouté. Sur les conditions de séjour, le même interlocuteur a pointé du doigt les membres de la mission. «Ça a été une véritable catastrophe à Mina.
Les gens étaient mal logés et les conditions étaient déplorables. Certaines femmes ont passé la nuit dehors. Les membres de la mission étaient absents durant tout le séjour. On ne les a pas vus depuis qu’ils nous ont déposés à l’hôtel», a-t-il encore indiqué.
Les hadjis malmenés
Il a également responsabilisé les agences de voyages qui n’ont pas joué leur rôle. «Des hadjis ont payé 1800 euros supplémentaires mais se sont trouvés dehors la nuit. Personne n’a respecté ses engagements», a-t-il encore ajouté.
«Il y a eu beaucoup d’insuffisances. Les hadjis étaient malmenés, ils ont dormi à même le sol, ils se sont égarés et certains ont perdu leurs bagages. Aucune prise en charge digne de ce nom ne leur a été consacrée», s’est révolté hadj Azouz Brahim de Draria, qui accomplit son rite pour la huitième fois.
Cet habitué dira que les choses se dégradent d’année en année. Pour lui, la responsabilité incombe aux éléments de la mission qui étaient défaillants.
Il a salué le travail accompli par les services de la Protection civile. «Ils ont fait un excellent travail. Il étaient vraiment à nos côtés à tout moment», a-t-il ajouté. Les mêmes préoccupations ont été exprimées par les femmes.
«Nous avons beaucoup attendu à l’aéroport de Djeddah. Nous sommes restés debout pendant plusieurs heures sans aucune intention de la part des concernés. Les travailleurs saoudiens se sont moqués de nous. Ils n’ont cessé de nous répéter que nous allons passer plusieurs nuits dans cet aéroport avant qu’un avion vienne nous chercher. Pour eux, c’est devenu une habitude et cette situation est spécifique à l’Algérie.
Ça a été le cas puisque plusieurs centaines d’Africains, de Chinois, de Pakistanais ont pris leur avion normalement alors que nous on était bloqué», nous confia une femme. Pour une autre, le hadj a été très difficile. «Il n’y avait personne pour nous orienter et guider.
Nous avons détruit nos bagages à force de les trimballer partout. Le jour de Arafa, nous n’avons cessé de marcher depuis l’aube jusqu’à la prière du îcha. Au moment du retour au camp, nous n’avons pas trouvé nos tentes.
Nous nous sommes dirigés vers un poste de police pour retrouver les nôtres. Nos doléances n’ont pas été prises au sérieux. Heureusement qu’un hadji, qui était de passage, nous a reconnus et conduits vers le camp», nous raconta une vieille dame.
Les membres de la mission pointés du doigt
Elle a vécu d’autres aventures plus dramatiques encore. «Un jour, un bus qui transportait la délégation algérienne est tombé en panne.
Le chauffeur s’est enfui et nous a abandonné en milieu de chemin», a-t-elle ajouté. Révolté par les conditions du déroulement du hadj, Chaoune Ali de Tissemsilt recommande de mieux former les hadjis sur la valeur de la monnaie saoudienne et des pratiques quotidiennes en plus du rituel lui-même.
«Beaucoup de hadjis ont été arnaqués par des commerçants, chauffeurs et autres car ils sont vieux et ne connaissent rien de l’Arabie Saoudite», a-t-il indiqué.
Une commission d’inspecteurs du ministère des Affaires religieuses étaient sur place pour constater les doléances des hadjis. L’arrivée de la délégation parlementaire composée des membres de la commission de l’éducation, de l’enseignement supérieur et des affaires religieuses a été remarquable. Le président de cette commission, Mohamed Zenir, a écouté plusieurs témoignages et promis des mesures pour s’expliquer sur les défaillances constatées.
«Après avoir écouté et recueilli les témoignes de plusieurs hadjis, il nous a été donné de constater que de graves lacunes et de grandes fautes ont été commises par certains éléments de la mission du hadj», a-t-il relevé lors d’un point de presse tenu à l’issue de cette visite.
M. Zenir a salué le travail accompli par les agents du secteur sanitaire et ceux de la Protection civile. «Mais ceux chargés de l’accompagnement et de la prise en charge quotidienne des hadjis ont fait grandement défaut», a-t-il ajouté.
L’APN compte interpeller les responsables
Il a précisé que l’APN suit de près ce qui se passe aux Lieux Saints par l’intermédiaire des parlementaires présents sur place et qui communiquaient les informations au jour le jour.
«Nous allons faire un rapport détaillé dans les prochains jours aux autorités du pays. Nous allons interpeller le premier responsable de l’Office national du hadj ainsi que le ministre des Affaires religieuses et l’ambassade algérien en Arabie Saoudite qui auront à répondre à nos questions», a-t-il encore ajouté en soulignant qu’«il est inadmissible que nos hadjis, dont l’âge dépasse les 80 ans, soient maltraités de la sorte», a-t-il indiqué.
N. B.