Prise en charge des malades à l’étranger,Les transferts seront limités

Prise en charge des malades à l’étranger,Les transferts seront limités
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La réunion, la semaine prochaine, de la commission de transfert des malades à l’étranger est appelée, par sa tutelle, à la limitation des transferts à l’étranger aux cas complexes. Un appel qui semble ignorer que face à une défaillance flagrante dans le secteur, tout cas devient complexe.

Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould-Abbès, a annoncé jeudi, en marge d’une séance plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN), la réunion de la commission de transfert des malades à l’étranger pour soins. A cette occasion, le ministre de la Santé a souligné qu’il attirera l’attention des membres de la commission sur la nécessité de limiter les transferts à l’étranger aux cas complexes. Dans ce contexte, M. Ould- Abbès dira qu’il n’approuve pas les transferts à l’étranger pour de multiples raisons. Il citera notamment «la disponibilité de compétences et des moyens consacrés par l’Etat à la prise en charge sanitaire des citoyens, outre la dotation des hôpitaux en équipements pour permettre aux compétences nationales d’exercer dans les meilleures conditions». Défendant son secteur, le ministre précisera que son département veille à améliorer les prestations sanitaires au profit des citoyens, soulignant l’impératif de limiter les opérations de transfert des malades à l’étranger aux «cas exceptionnels, difficiles à prendre en charge dans le pays». Par ailleurs, si le ministre de la Santé tient toujours à défendre son secteur ainsi que ses prestations, cela ne devrait pas se faire au détriment de la santé, voire la vie des malades désemparés et coincés entre l’incapacité d’une prise en charge à l’intérieur du pays et une stricte limitation de transfert de malades à l’étranger. Il n’y a qu’à compter le nombre de personnalité politiques, d’artistes, de sportifs et tous ceux ayant les moyens de se faire soigner à l’étranger, pour douter de cette confiance aveugle que M. Ould- Abbas a en les capacités de prise en charge de son secteur. Aveugle, parce que les exemples de malades qui meurent annuellement par manque d’infrastructures ou la défaillance des équipements entraînant des complications au lieu d’apporter soulagement et remède, sont légion. C’est dire qu’avant de se concentrer sur la limitation des transferts des malades à l’étranger, il est prioritaire d’améliorer et d’assurer les conditions adéquates pour la prise en charge des malades au niveau du pays. Ce n’est pas la limitation des transferts à l’étranger qui va remédier au retard du secteur de la santé en matière de compétences et de moyens adéquats. «Entre l’étroitesse des capacités d’accueil pour certaines spécialités et l’inexistence d’autres, la modernisation de l’hôpital algérien demeure la démarche la plus urgente et pesante si le département de la santé souhaite vraiment limiter sainement les transferts des malades à l’étranger», estiment les professionnels qui soulignent l’incapacité de la prise en charge de tous les patients dans certains spécialités, faute de spécialistes et de plateau technique. D’autres observateurs, l’organisme national de promotion de la santé et du développement de la recherche (Forem) soulignent pour leur part «la non-transparence dans les transferts». Seuls les malades privilégiés ont généralement accès à une prise en charge médicale à l’étranger. Or, plusieurs cas complexes nécessitant un transfert sont des laissés- pour-compte. Espérons que la semaine prochaine les travaux de la réunion nationale de la commission des transferts des malades à l’étranger commenceront par définir ce qu’est «un cas complexe» et voir après si le secteur a les capacités nécessaires pour limiter les prises en charge à l’étranger.

Par Yasmine Ayadi