Prise en charge des cancéreux : le parent pauvre du système de santé

Prise en charge des cancéreux : le parent pauvre du système de santé

Des rendez-vous de radiothérapie éloignés, des affectations anarchiques des spécialistes à travers les différentes régions du pays, ou encore le manque de formation des personnels médical et paramédical spécialisés, tels sont, entre autres, les problèmes soulevés par le Pr Bouzid.

Le 7e congrès national de la Société algérienne d’Oncologie médicale (Saom) s’est tenu mardi et mercredi dans la wilaya d’El-Oued. Il a été présidé par le professeur Kamel Bouzid. Les cancérologues et les représentants du mouvement associatif qui y ont pris part ont insisté, une fois de plus, sur la nécessité d’adopter des stratégies favorisant particulièrement la prévention, le diagnostic et le dépistage précoce des cancers, tous types confondus. Ceci, tout comme ils ont appelé à l’amélioration de la prise en charge des personnes atteintes, déplorant, au passage, des manques aussi bien d’encadrement humain que de moyens matériels.

Nonobstant les investissements consentis ces dernières années, notamment dans le cadre du Plan national de lutte contre le cancer (PNC 2015-2019),  se déclinant à travers notamment la construction de centres anti-cancer (CAC) dans différentes régions du pays, les professionnels continuent de brosser un tableau très peu reluisant. Le Pr Bouzid, chef de service oncologie du CMPC, énumère une série de problèmes dont les rendez-vous de radiothérapie éloignés de six mois dans certains centres, à l’instar du CPMC, les affectations anarchiques des spécialistes à travers les différentes régions du pays ou encore le manque de formation des personnels médical et paramédical spécialisés.

Le professeur déplore particulièrement le maintien du service civil imposé aux spécialistes. Selon lui, le service civil serait inutile en ce sens qu’il ne règle pas le problème du manque de médecins spécialistes dans les régions enclavées du pays. D’où son appel à l’abolition de ce système qu’il qualifie de “farce” et son remplacement par des mécanismes plus adéquats tel que, suggère-t-il, l’affectation d’une équipe pluridisciplinaire de spécialistes dans les structures dépourvues et pallier, du coup, aux éternels déserts sanitaires dont souffrent les populations de plusieurs régions retirées du pays. Ceci, sans parler des ruptures cycliques de certains médicaments et autres consommables. Une situation qui pénalise et le personnel médical et les patients qui se retrouvent parfois dans l’obligation de poursuivre leurs soins à l’étranger.

Dépistage : El-Amel du CPMC donne l’exemple

Concernant le dépistage, les opérations pilotes menées ces dernières années par l’association El-Amel du CPMC, en collaboration avec le ministère de tutelle et des services médicaux spécialisées du CPMC et du CHU Bab El-Oued, ont été citées comme étant la meilleure expérience dans ce domaine précis.

Ces opérations, toujours en cours, concernant exclusivement le cancer du sein, cette maladie affectant un large pan de la junte féminine, permettent en effet de donner une meilleure visibilité et aux autorités et aux professionnels de santé. Permises grâce à l’acquisition, en 2012, d’un mammobile, (service de mammographie ambulant), ces opérations de dépistage, menées aussi bien dans le milieu professionnel (Algérie Télécom), que dans les zones les plus enclavées du pays, ont à présent permis le dépistage de plus de 5 000 femmes dont les cas positifs sont systématiquement pris en charge.

Une expérience saluée par le Dr Amina Abdelouaheb, sénologue au CPMC, qui met en avant le taux d’adhésion très appréciable des femmes à ce dépistage (plus de 80%). Pour permettre la poursuite de ce dépistage mené avec succès, la secrétaire générale de l’association El-Amel n’a pas manqué l’occasion pour appeler au renforcement de l’action par la formation des équipes médicales et paramédicales pluridisciplinaires et la mise en place d’un réseau de prise en charge systématique des cas positifs diagnostiqués. Elle plaide ainsi pour aller, à terme, vers un dépistage de masse organisé.

Une mission qui échoit, a priori, aux autorités sanitaires qui sont désormais appelées à s’impliquer davantage pour institutionnaliser le dépistage de l’ensemble des types de cancer tel qu’il est énoncé dans le PNC.