Prise en charge des cancéreux algériens en France: Le professeur Bouzid dénonce

Prise en charge des cancéreux algériens en France: Le professeur Bouzid dénonce

Par 

       Le chef du service oncologie au Cpmc estime qu’il n’y a que la greffe de moelle osseuse chez les enfants, qui justifie un transfert à l’étranger. Il estime dans ce sens qu’il sera plus judicieux de faire des conventions avec les CAC algériens privés que de payer des prises en charge à l’étranger.

Comme à son habitude, le professeur Kamel Bouzid n’a pas mâché ses mots! En effet, le chef du service oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc) d’Alger s’est lâché, hier, au forum du quotidien national El Moudjahid. Il s’en est notamment pris à la prise en charge des patients algériens à l’étranger, notamment en France. «La France s’est gavée avec l’argent des prises en charge des Algériens», a-t-il souligné assurant que les accusations de surfacturation et de factures fantômes étaient bel et bien réelles. Celui qui est aussi président de la Société algérienne d’oncologie médicale estime que ces prises en charge sont une «aberration».

«En ce qui concerne les prises en charge de cancéreux, rien ne justifie un transfert à l’étranger, mais à part les greffes de moelle osseuse chez les enfants», a-t-il assuré. «C’est la seule chirurgie qui n’est pas encore effectuée en Algérie», a-t-il assuré. Quel que soit son grade social ou le type de son cancer, une prise en charge de l’Etat à l’étranger n’est donc pas justifiée! C’est ce qu’affirme cet éminent spécialiste qui a gagné ses grades sur le terrain. Pour lui, il serait plus judicieux de réserver cet argent des prises en charge à l’étranger pour des conventions avec les centres anticancer algériens, issus du secteur privé. «Une radiothérapie du cancer de la prostate coûte 10.000 euros en France alors qu’elle ne dépasse pas les 3000 euros en Algérie, avec des appareils beaucoup plus performants que ceux qui existent en France», a-t-il dénoncé. «Vous me connaissez, je ne suis pas du genre à défendre les intérêts de qui d’autre que mes malades.

Ces conventions vont permettre de prendre en charge beaucoup plus de malades en faisant de grandes économies au Trésor public», a-t-il poursuivi non sans rappeler les grands investissements consentis par les propriétaires des neuf CAC privés qui se sont équipés d’accélérateurs et d’appareils de dernière génération. Le professeur Kamel Bouzid a également fait l’éloge du secteur public. «L’Algérie dispose de 34 accélérateurs publics et 9 privés. On a fait un bond remarquable en quelques années puisqu’on était à sept accélérateurs en 2013», a-t-il soutenu. «D’ici la fin 2019 avec la réception des nouveaux accélérateurs, on sera au niveau recommandé par l’Organisation mondiale de la santé», s’est-il félicité en soutenant que l’offre a été quadruplée.

«Ce qui assure une chimiothérapie (oncologie médicale) de proximité dans presque toutes les wilayas du pays», a-t-il ajouté avant de revenir sur la durée des prises de rendez-vous qui a diminué à de très bas niveaux avec ces infrastructures. «Les délais diffèrent d’un endroit à un autre. A Alger ils sont beaucoup plus longs, mais dans les autres endroits du pays, ils ne dépassent pas les 30 jours alors qu’en France il faut attendre 70 jours», a-t-il révélé. Il estime dans ce sens que le premier plan anticancer (2015- 2019) a été réussi. «Même si certaines choses doivent être améliorées. On l’espère, cela se fera avec le prochain plan (2020-2024) qui est en cours d’élaboration», a-t-il soutenu. Le chef du service oncologie au Cpmc profite de l’occasion pour lancer un appel au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, afin de débloquer les budgets pour les médicaments innovants. «Ils ont été enregistrés, des patients attendent d’être sauvés», a-t-il conclu avec beaucoup d’émotion et d’espoirs.

Mal-bouffe, gaspillages et biosimilaires

Les trois conseils du professeur…

Lors de son passage au forum du quotidien El Moudjahid, le professeur Kamel Bouzid a tenu à prodiguer trois importants conseils qui permettront de sauver des vies. D’abord aux Algériens qu’il avertit contre la mal-bouffe. «C’est la première cause de cancer en Algérie. Améliorez votre alimentation. Évitez les fast-foods et autres endroits du genre», a-t-il recommandé en dénonçant la pizza «Made in bladi» qui, selon lui, est un morceau, une tranche habillée de frites, mayonnaise et ketchup… L’autre message fort envoyé par le chef du service oncologie au centre Pierre et Marie Curie (Cpmc) d’Alger est destiné au personnel médical.

«Évitons le gaspillage de médicaments. Cela coûte très cher, un jour on n’aura plus les moyens de les acquérir», a-t-il averti avec désolation. Enfin, il a appelé les autorités à mettre en place une législation pour l’utilisation de médicaments biosimilaires. «Ils sont aussi efficaces et nous ferons des économies de plus de 30% sur la facture globale», a-t-il insisté.