La greffe hépatique est à l’arrêt depuis un an. faute de moyens logistiques, notamment l’absence d’un échodoppler, la transplantation de foie ne se pratique plus en algérie. cette situation a été dévoilée, hier, au forum d’el moudjahid par les professeurs debzi et aberkane lors d’une conférence-débat sur l’hépatite.
«Au jour d’aujourd’hui, 33 personnes ont été greffées dont 21 sont vivantes et bien portantes. Le plus âgé des greffés, une femme, a donné naissance à un bébé, il y a quatre mois », a tenu à préciser le Pr Nabil Debzi, hépatologue au CHU Mustapha et membre du conseil scientifique de l’association S.O.S. Hépatites.
Il affirmera que le programme de ransplantation reprendra l’année en cours avec, «notamment la levée des entraves administratives et l’encouragement du prélèvement sur cadavre qui reste bloquée ». M. Debzi a affirmé que «bien que la prévalence de cette maladie silencieuse en Algérie reste moyenne, il est nécessaire de veiller sur les régions du sud où il y a un brassage de population.
On doit tirer la sonnette d’alarme sur la situation épidémiologique d’autant que 30 000 Chinois travaillent chez nous, et ce pays est connu pour la prévalence de l’hépatite B», a-t-il relevé, tout en annonçant le lancement d’une campagne de vaccination pour l’ensemble des enfants et des adolescents. C’est-à-dire ceux nés après 2003, année où la vaccination contre l’hépatite B a été inscrite dans le programme de vaccination élargi.
Cette vaccination, d’après le Pr Debzi, doit concerner le personnel médical qui, pour des raisons, n’applique pas cette obligation. Idem pour les étudiants en médecine dont la vaccination reste ballottée entre le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé. L’orateur a estimé que le vaccin de l’hépatite B ne suffit pas à lui seul pour faire face à la propagation du virus.
«La prévention, ce n’est pas uniquement le vaccin. Une hygiène hospitalière et des mains est nécessaire», a-t-il insisté, appelant à la mise en place de centres thérapeutiques pour pouvoir assurer la qualité du traitement. L’orateur suggère la construction de 20 centres thérapeutiques, à travers le territoire national et l’évaluation des vaccins administrés, principalement chez l’enfant.
Car ce dernier est à 95% enclin à développer une hépatite C ou une cirrhose du foie alors qu’un adulte a 90% de chance de guérir. Au sujet du certificat prénuptial, le Pr Messaoud Berkane, gastro-hépatologue, a mis en avant le «vide juridique et la non-uniformisation des formulaires que le couple remplit une fois les préparatifs finalisés».
Saisissant l’occasion de la conférence de presse, M. Berkane a révélé que la prise en charge d’un malade atteint de l’hépatite B ou C revient à 250 millions de centimes, avec l’introduction en septembre et mai 2011, de nouveaux médicaments et de la trithérapie ; ce chiffre est passé à 500 millions de centimes, à la charge de l’Etat.
Il regrette aussi la ségrégation qui sévit dans la prise en charge des patients ou personnes infectées et l’indisponibilité d’examens biologiques moléculaires dans certains établissements sanitaires. Cela contraint les malades à recourir aux laboratoires privés pour un prix oscillant entre 15 000 et 17 000 DA. Aussi pour une meilleure prise en charge des malades hépatiques, des recommandations seront votées et éditées au mois de mars prochain avec la désignation des centres de référence.
Souhila Habib