Prise d’otages d’In Amenas ,Ottawa et Tokyo veulent encore des explications

Prise d’otages d’In Amenas ,Ottawa et Tokyo veulent encore des explications

Deux pays, le Japon et le Canada, reviennent à la charge et réclament des explications à l’Algérie sur leurs ressortissants, victimes de l’attaque terroriste au site gazier de Tiguentourine, dans la wilaya d’Illizi.

Tokyo a demandé, hier, de lui communiquer les informations sur ses 3 ressortissants toujours portés disparus, et sur les circonstances dans lesquelles les 7 autres, identifiés lundi, ont été tués. Cette requête, rapportée par l’AFP, intervient une semaine après l’attaque du site gazier exploité par l’entreprise nationale Sonatrach avec les compagnies britannique British Petroleum et norvégienne Statoil, et 4 jours après l’assaut final des forces spéciales de l’ANP, pour libérer les otages et neutraliser la phalange Les Signataires par le sang. On apprend ainsi que le vice-ministre japonais des Affaires étrangères, Shunichi Suzuki, venu à bord d’un avion gouvernemental pour rapatrier les dépouilles des Japonais tués par les islamistes armés et éventuellement les 7 ressortissants nippons rescapés, est porteur d’une lettre de son Premier ministre, Shinzo Abe, dans ce sens, à l’attention du président Bouteflika.

La même source, citant un porte-parole du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a précisé que M. Suzuki rencontrera Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, dans l’après-midi. Bien avant Shunichi Suzuki, un autre haut responsable du ministère japonais des Affaires étrangères, Minoru Kiuchi, s’était déplacé en fin de semaine dernière, en Algérie, pour recueillir des informations sur les Japonais portés disparus et s’enquérir du sort des rescapés. Qualifiant la prise d’otages d’acte “absolument impardonnable”, ce dernier avait regretté l’usage de la force par Alger pour dénouer la crise. Hier, une dépêche de l’APS, a fait état de l’entrevue entre Mourad Medelci, le ministre algérien des Affaires étrangères et M. Suzuski. Une rencontre où le Japon, par la voix de son représentant, a condamné “fermement” l’attaque terroriste contre le complexe de Tiguentourine, exprimé “sa disponibilité à poursuivre la coopération avec l’Algérie, dans le domaine économique et dans la lutte contre le terrorisme” de même que “ses remerciements” aux autorités algériennes pour “le traitement de la situation”.

De son côté, Ottawa a demandé des précisions sur les 2 Canadiens faisant partie du commando Les signataires par le sang, afin de confirmer, entre autres, qu’il s’agit bel et bien de leurs ressortissants. L’information, rapportée par l’AFP, a signalé que l’ambassadeur algérien en poste à Ottawa a été convoqué par le gouvernement canadien, pour “faire le point directement sur la situation”.

Pour rappel, le Premier ministre algérien a annoncé, le 21 janvier, que les 32 hommes du groupe terroriste sont de plusieurs nationalités : tunisienne, algérienne, mauritanienne, nigérienne, canadienne, égyptienne et malienne. Trois ont été capturés et 29 ont été tués, a-t-il ajouté. Dans son bilan provisoire, M. Sellal a aussi indiqué que 38 otages, dont 37 étrangers et un Algérien, ont été tués. Il a, en outre, précisé que 5 étrangers sont toujours portés disparus et que parmi les 37 dépouilles de victimes (carbonisées), 7 ne sont pas encore identifiées. Hier soir, Tokyo a confirmé la mort de 2 autres de ses ressortissants pris en otages, portant à 9 le nombre de Japonais tués. Désormais, il reste un seul Japonais manquant à l’appel sur les 17 salariés de l’entreprise japonaise JGC. “L’usage de la violence ne peut en aucun cas être toléré. Nous condamnons fermement les actes terroristes”, a déclaré M. Suga, lors d’une conférence de presse. Hier, la Norvège, sans nouvelles de 5 ressortissants employés de Statoil, est aussi revenue sur le drame de Tiguentourine. “Ce qui est de toute façon clair, c’est que la responsabilité de ces souffrances humaines incombe entièrement et exclusivement aux terroristes”, a déclaré le Premier ministre Jens Stoltenberg devant le Parlement.

Paris, quant à lui, a salué la décision de l’Algérie de “sécuriser” ses frontières. “Je constate avec intérêt que l’Algérie, depuis déjà un certain nombre de jours, a décidé de fermer ses frontières, de les sécuriser et de faire en sorte qu’elles soient impénétrables”, a déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves

Le Drian dans “Politiques” sur France 24/RFI/l’Express, notant plus loin : “Et je peux vous dire que c’est fiable.” Enfin, soulignons que la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, s’est expliquée sur le risque terroriste islamiste, en Afrique du Nord, lors de son audition devant le Congrès sur l’attentat contre le consulat US de Benghazi. Selon elle, l’attaque de Benghazi de septembre dernier “n’est pas survenue dans le vide”. “Les révolutions arabes ont bouleversé l’équilibre des forces dans toute la région. L’instabilité au Mali a créé un refuge pour des terroristes, qui cherchent à étendre leur influence et à perpétrer davantage d’attaques du genre de celle de la semaine dernière en Algérie”, a-t-elle affirmé.

H A