Jeudi a été marqué par un suspense dramatique sur le site gazier de In Aménas où des terroristes islamistes avaient pris en otages, mercredi à l’aube, des centaines de travailleurs algériens et étrangers de plusieurs nationalités. Les informations étaient contradictoires et tombaient au compte-gouttes.
En fait, ce sont les réactions outrées des pays ayant des ressortissants à In Aménas qui retiennent l’attention singulièrement par la manière peu diplomatique par laquelle certaines capitales avaient tancé Alger. Ainsi, Tokyo sommait l’Algérie de «cesser immédiatement son opération militaire».
Le Premier ministre britannique, qui serait entré dans «une noire colère», a regretté de «n’avoir pas été prévenu de l’opération militaire» algérienne. Pour sa part, la Maison-Blanche voulait obtenir des «éclaircissements» de la part des autorités algériennes. On comprend l’inquiétude de ces capitales pour la sécurité de leurs ressortissants, nous étions également inquiets pour nos compatriotes pris aussi dans le piège des terroristes islamistes.
Toute chose égale, par ailleurs, il y avait néanmoins des manières avec lesquelles ces partenaires étrangers pouvaient, légitimement, s’informer sur le développement de la situation sur le terrain. Mais, à ce qu’on sache, l’Algérie n’est pas une République bananière, à laquelle on peut intimer des ordres ou demander des com-ptes sur son action pour se protéger et protéger ses nationaux.

La question du terrorisme islamiste se pose depuis deux décennies quand des chefs terroristes on pu bénéficier du laxisme de ces mêmes capitales occidentales qui, aujourd’hui, font mine de s’offusquer de l’action de l’Algérie contre les preneurs d’otages. L’Algérie ne négocie pas avec les terroristes, principe réitéré à maintes reprises par les autorités du pays.
Il fallut, en fait, la tragédie américaine de septembre 2001, pour que ladite «communauté internationale» évalue à sa juste dimension la nocivité de groupes criminels qui, se voilant de l’étendard de l’Islam, terrorisaient ou voulaient terroriser le monde. Après ça, plus personne ne pouvait minimiser les nuisances du terrorisme qui s’est répandu aux quatre coins de la planète. Mais cela aurait-il pu se faire si, quelque part, il n’y avait pas eu indulgence, sinon volonté, de faire monter l’enchère terroriste pour des besoins ou des objectifs que seuls ceux qui – durant de longues années – ont hébergé des terroristes – notamment algériens – connaissent.
Faut-il rappeler que des chefs terroristes algériens ont toujours pignon sur rue, trouvant gîte et couvert à Washington, Londres, Berlin ou Paris? Aussi, compte tenu de l’invasion en 2003 de l’Irak par le coalition anglo-américaine, l’intervention de l’Otan, sous l’égide américaine, depuis 2001, en Afghanistan et dans divers lieux «chauds» à travers le monde, ces pays peuvent-ils affirmer qu’ils n’étaient pas avertis et préparés à toutes les éventualités y compris à des prises d’otages massives, comme celle qui eut lieu mercredi dernier à
In Aménas? Le terrorisme, cela fait des années que des pays comme l’Algérie – qui a pris sur elle de livrer une guerre sans merci, et avec ses seuls moyens, contre la terreur verte – ont vainement tenté d’en faire comprendre la dangerosité à une «communauté internationale» qui s’en tenait à sa seule lecture d’un phénomène qui, au fil des ans, prit une périlleuse ampleur dans l’ombre de la permissivité de ces mêmes pays qui nous assènent aujourd’hui des leçons. Durant des années, les Algériens prêchèrent dans le désert, car les décideurs du monde n’étaient ni prêts ni préparés à prendre au sérieux ces appels à la solidarité internationale.
De fait, Londres, par exemple, où la nébuleuse islamique internationale trouva refuge, a toujours fait la sourde oreille aux demandes d’extradition (de terroristes) faites par l’Algérie et d’autres pays victimes du terrorisme, car les Britanniques estimaient être à l’abri d’un tel fléau, jusqu’au jour où ils subirent, à leur tour, (en 2007) les assauts des hordes barbares. Oui, dans les années de braise, l’Algérie s’est battue seule contre le terrorisme, l’Occident ayant même refusé de vendre à Alger des armes appropriées qui lui auraient permis d’écourter le calvaire que vivait la population sous les menaces des égorgeurs jihadistes. Si lutter, aujourd’hui, par tous les moyens disponibles, contre le terrorisme est un devoir universel, il n’en demeure pas moins que la responsabilité de l’Occident dans son financement, son armement, dans la formation de ses tout premiers éléments subversifs, et en corollaire, son expansion, est fortement engagée. Le chaos, mode d’emploi!?
C’est à cela qu’a abouti la compréhension coupable dont firent montre des nations qui n’hésitèrent pas à héberger des hommes recherchés pour terrorisme par leur pays d’origine. Faut-il, encore une fois, relever qu’Al Qaîda et ses «filiales» de par le monde, c’est d’abord une création des puissances occidentales – qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraie – qui voulaient maintenir un abcès de fixation qui entretienne des «guerres de basse intensité» propice à leurs intérêts et à leur stratégie de contrôle des richesses du monde.
L’occupation du nord du Mali par des jihadistes islamistes, l’attaque contre In Aménas – où près de 800 travailleurs algériens étaient pris en otages – ne sont que la résultante et l’une des retombées de la politique hasardeuse des grandes puissances. In Aménas aurait pu être évitée si ceux-là qui sont choqués par la fermeté d’Alger face aux terroristes ne leur avaient pas donné les moyens et le temps pour asseoir leurs forces et amplifier leurs nuisances. Cqfd!