Prise d’otages à In Aménas:les capitales occidentales le reconnaissent,L’assaut était inévitable

Prise d’otages à In Aménas:les capitales occidentales le reconnaissent,L’assaut était inévitable
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«Nos sources confient que l’assaut n’a été ordonné qu’après une évaluation de la situation et une appréciation de toutes les hypothèses.»

«La France a été régulièrement informée par Alger dans l’affaire de la prise d’otages mercredi dans le complexe gazier d’In Aménas» a indiqué, hier, le Quai d’Orsay, qui a estimé qu’ «il n’y avait pas d’autre choix que de donner l’assaut». Etayant ses propos, la même source reconnaît que la situation était «particulièrement complexe compte tenu de l’ampleur de la prise d’otages».

Aussi, et contrairement au Premier ministre britannique qui affirmait que son pays n’a pas été mis au courant de l’assaut, Paris affirme «être régulièrement informé par Alger», a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, lors d’un point de presse. Même son de cloche côté américain, qui, tout en parlant de la sensibilité de la posture des forces de sécurité algérienne, affirme que la priorité doit être à la sécurité des otages. Pour sa part, le Premier ministre britannique semble avoir mis un bémol dans ses déclarations. En effet, après avoir indiqué ne pas être informé de l’assaut par les autorités algériennes, il change de ton. «Jeudi, le nombre de Britanniques en danger était de moins de 30. Heureusement, nous savons maintenant que ce nombre a diminué de façon vraiment significative», a-t-il poursuivi. «Je suis sûr que la chambre (des Communes) comprendra pourquoi – alors qu’une opération est en cours – je ne peux pas en dire plus à ce stade», a-t-il encore affirmé. A noter qu’hier, le ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, a reçu les ambassadeurs des Etats-Unis d’Amérique, de France, de Grande-Bretagne, du Japon, d’Autriche, de Norvège, du Canada et de l’Union européenne dont les ressortissants sont encore détenus par les ravisseurs. Cette rencontre a permis au ministre d’«actualiser des informations communiquées précédemment aux chefs de missions diplomatiques concernés ainsi qu’à leurs responsables lors des entretiens téléphoniques échangés par le Premier ministre, M.Abdelmalek Sellal et M.Medelci avec leurs homologues en ce qui concerne la situation de leurs ressortissants respectifs exerçant sur le site», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, dans une déclaration. Jusqu’à hier en début d’après-midi, la confusion sur le bilan de l’assaut donné par l’Armée nationale populaire contre les preneurs d’otages à In Aménas faisait l’actualité, alors que des médias internationaux continuaient à diffuser en boucle dans tous les sens des informations parfois contradictoires. Citant un rescapé, Stephen McFaul, 36 ans, le ministre irlandais des Affaires étrangères, Eamon Gilmore, confirme que «des otages étaient bardés d’explosifs quand l’Armée algérienne a ouvert le feu sur un convoi de cinq véhicules transportant des ravisseurs et des prisonniers, jeudi sur le site «. Les ravisseurs, qui tentaient de s’échapper avec quelques otages, ont été rattrapés par les militaires. Neuf terroristes de différentes nationalités, égyptienne, malienne, libyenne, tunisienne et française, ont été abattus. Des otages, dont deux Algériens, ont malheureusement été tués. Sur les 705 otages libérés, il y avait 573 Algériens et 132 ressortissants étrangers. Huit et non pas 35 comme rapporté par des médias (quatre Japonais, deux Britanniques et deux Philippins) ont été tués alors que 13 blessés ont été dénombrés dont sept étrangers et six Algériens, selon des sources hospitalières à In Aménas. Des sources très bien informées avancent le chiffre de 18 terroristes abattus, dont un certain Abou Al Bara, qui serait le cerveau de cette attaque. Mais au-delà du bilan qui sera certainement communiqué par les autorités algériennes, beaucoup s’interrogent sur la rapidité de l’opération déclenchée par l’ANP. Selon des sources sécuritaires, l’Algérie, connue pour sa détermination illimitée dans la lutte antiterroriste, possède une immense expérience qui lui permet ce genre d’action. Les ravisseurs qui ont eu à préparer leur coup durant deux mois, n’avaient même pas eu le temps de formuler leurs revendications. Ces mercenaires pensaient pouvoir tirer profit de leur acte en exigeant la libération de certains de leurs acolytes détenus après des opérations militaires et l’arrêt immédiat de l’intervention française au Mali.

Les terroristes, munis d’un armement conséquent et sophistiqué, s’attendaient à des négociations, croyant profiter de l’effet de surprise générale. Nos sources confient que l’assaut n’a été ordonné qu’après une évaluation de la situation et une appréciation de toutes les hypothèses. Pour nos sources, il n’était pas question de négocier quoi que ce soit et le choix de l’assaut était plus qu’inévitable. Hier, aux environs de 14h, les forces de l’ANP s’apprêtaient à libérer le dernier groupe d’otages encore retenus. L’assaut donné par les forces spéciales algériennes constitue un exploit. Arriver, en effet, à libérer plus de 700 otages, dont 573 Algériens et 132 étrangers, dans des conditions compliquées similaires à celles qui prévalaient à In Aménas, est une preuve supplémentaire que l’Algérie est en mesure de régler ses problèmes sécuritaires sans aucune assistance étrangère.

Les terroristes étaient dotés d’un arsenal de guerre

L’assaut donné dans des conditions «extrêmement complexes» par les troupes spéciales de l’ANP pour neutraliser un groupe terroriste multinational, doté d’un véritable arsenal de guerre composé de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d’assaut, a évité un «véritable désastre» dans le site gazier d’In Amenas qui aurait provoqué des dégâts humains et matériels «incommensurables», a estimé, hier, une source gouvernementale. Ce groupe composé de plusieurs nationalités, muni également de ceintures d’explosifs, s’était fixé comme objectif suprême d’enlever le maximum d’otages occidentaux, causer le plus de dégâts matériels et humains sur place et acheminer les otages au Mali pour en faire une monnaie d’échange de leur «perfide chantage», indique la même source.