Le ralenti de la télévision est revenu sur l’instant où le défenseur central algérien, Antar Yahia, a eu un accrochage verbal avec le coach français de la Zambie, Hervé Renard. Difficile de lire sur les lèvres des deux protagonistes. Leurs gestes laissaient penser que les deux hommes ne se disaient pas de simples amabilités. En fait, tout a commencé quand nos capés se faisaient littéralement descendre sur le terrain par des tacles irréguliers de la part des joueurs zambiens, sans que le directeur du jeu mauricien ne daigne sortir le carton jaune. Et s’il avait fini par le faire, c’était après une grosse casse. Antar Yahia a reçu un méchant tacle, il échangeait des mots avec un attaquant zambien sur le jeu dur pratiquée par ses coéquiers. Renard, debout, les bras croisés le long de la ligne de touche, suivait les palabres entre son joueur et Antar Yahia. Il décide d’entrer en scène, il interpelle le joueur de Bochum, il ne se fait pas entendre, il donne de la voix. L’Algérien l’ignore d’un revers du bras. Il refuse d’écouter l’entraîneur. Mais les deux hommes finissent au bout d’un instant par se croiser des yeux. L’accrochage ne peut plus être évité. On apprendra, par exemple, que le coach de la Zambie aurait défendu à Yahia de parler à ses joueurs, en le tutoyant. Quoique cette pratique est générale dans le foot. Le défenseur central des Verts rétorque à son interlocuteur qu’il n’avait qu’à demander à ses joueurs de cesser de jouer dur. Mansouri, le capitaine des Verts, interviendra pour séparer les deux hommes et calmer son coéquipier. Yahia, qui avait reçu un méchant coup et que la télévision a montré les dents serrées et le visage masqué par la douleur, ne restera pas tout le match sur le terrain. Il ne reviendra pas après la pause, la douleur était trop forte et le sélectionneur ne voulait pas prendre de risque.
Yahia : «Renard est un provocateur et un menteur»
Le défenseur central des Vert est sorti blessé à la mi-temps. Il donne sa version des faits sur l’incident qui l’avait opposé à Hervé Renard, le coach de la Zambie, et parle du futur immédiat de l’équipe nationale.
Comment aviez-vous trouvé la Zambie ?
On s’attendait à cette réaction de la part des Zambiens. On a joué contre une équipe assez solide. Le match était serré.
Malgré votre blessure, vous aviez réussi à tenir votre rôle dans le onze rentrant…
Laissez-moi vous dire que je tenais absolument à jouer ce match, qui est une étape importante dans le chemin qui mène en Afrique du Sud. J’ai donc subi des injections avant le match pour pouvoir tenir mon poste.
A un moment donné de la rencontre, les yeux étaient tous braqués sur vous. Que s’est-il réellement passé avec Renard, le coach de la Zambie ?
Ce Renard, il a fait dans la provocation. Pourtant, j’ai tout fait pour l’éviter. Allant jusqu’à feindre de ne pas l’entendre. J’ai reçu un coup à la cheville. Au même endroit qu’une ancienne blessure. Je parlais au Zambien qui m’a donné le coup. J’étais énervé. Je lui ai demandé de dire à ses coéquipiers d’arrêter de jouer dur et de faire de l’anti-jeu. A cet instant, j’entends crier mon nom.
Comment aviez-vous réagi ?
Je me suis retourné instinctivement vers l’endroit d’où venait l’appel, quand j’ai vu Renard m’appeler, j’ai négligé son appel. L’entraîneur zambien ne s’est pas arrêté. Il a continué à crier mon nom. Mais le comble, il a joint le geste à la parole pour me faire signe avec les doigts de la main de me taire. Il m’a tutoyé, je connais cet entraîneur. Il parle trop, il a continué à lancer des mots inaudibles.
Il ne fallait sans doute pas rentrer dans son jeu…
A deux reprises, j’ai évité de répondre à ses provocations, au bout de la troisième fois, j’ai compris qu’il me cherchait. Il m’a dit : tu joues et tu te tais. J’étais blessé, énervé, il était difficile de se retenir. Malgré cela, à aucun moment, je ne l’ai insulté. Je suis resté correct avec cet entraîneur.
Hervé Renard a dit dans une déclaration à la presse qu’il ne s’était pas adressé à vous au moment de l’accrochage…
En plus, c’est un menteur, C’est à moi qu’il s’est adressé et qu’il avait fait tous les gestes du genre boucle-la. Sinon pourquoi lui aurais-je répondu. Je ne me serais jamais adressé à lui. J’avais autre chose à faire, un match plus important que tout, ce qu’il tentait de faire en me poussant à sortir du match.
Dans quel état d’esprit étiez-vous après l’annonce du résultat de l’Egypte face au Rwanda ?
La victoire de l’Egypte n’a fait aucun effet sur les joueurs. On savait ce à quoi nous étions préparés. Le résultat de l’Egypte ne nous importait peu. Il nous suffisait de gagner notre match pour garder notre fauteuil de leader.
Comment envisagez-vous la suite ?
Il faut rester concentrés, car un match va arriver bientôt, c’est celui qui va nous opposer au Rwanda. On va tenter de gagner contre cette équipe, à qui il ne reste pas beaucoup d’espoir, par un score très large. Le plus important, à mon sens, c’est de rester leaders du groupe. C’est ce que nous sommes en train de faire et que nous traçons comme objectif.
L’équipe nationale doit se déplacer en Egypte pour boucler ce tour qualificatif au Mondial 2010. Comment voyez-vous le dernier match des Verts ?
Justement, ce que nous cherchons avant ce déplacement, c’est d’essayer de nous mettre à l’abri avant ce voyage en Egypte. Et la meilleure manière de jouer au Caire avec de la sérénité, c’est de faire le carton plein au prochain match.
Renard : «Je discutais avec mon joueur»
Pour le coach de la Zambie, ce n’est pas au défenseur algérien qu’il s’adressait : «Je ne m’adressais pas à Yahia, mais à mon joueur, à qui je demandais de cesser de parler et de s’occuper du match.» Cette déclaration sera catégoriquement démentie par le joueur algérien.