Après son passage devant les membres de la Commission des affaires étrangères du Parlement français, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, sera en visite officielle aujourd’hui à Moscou pour évoquer avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, les conflits en cours dans les pays arabes, a annoncé un communiqué de la diplomatie russe.
Le chef de la diplomatie algérienne devra notamment examiner les événements liés aux révolutions arabes et plus particulièrement le dossier syrien. Les deux ministres auront également à s’intéresser, selon le communiqué, au conflit arabo-israélien «qui doit être réglé sur la base des normes universellement reconnues du droit international, dont les résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, les principes de Madrid et l’initiative de paix arabe». Moscou, qui veut s’impliquer davantage dans le dossier sur le plan diplomatique, trouvera là une bonne occasion pour réaffirmer sa position qui ménage les deux parties et plus ses propres intérêts dans la région. Le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères aborde aussi le Printemps arabe où il est fait appel à «une position commune sur les transformations sociales et politiques dans certains pays arabes», une manière très diplomatique pour éviter des «escarmouches» avec les pays de la Ligue arabe sur la Syrie. En novembre dernier, le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait déclaré que la position de la Russie sur la question syrienne dans le cadre du Conseil de sécurité de l’ONU sera sobre et prudente. Entre-temps, M. Poutine a déclaré que Moscou analysait les situations dans les pays arabes, en qualifiant ce qui se passe en Syrie de «très sensible». Un général russe à la retraite, Leonid Ivashov, avait déclaré, pour sa part, que l’Occident n’a pas le droit d’intervenir encore une fois dans les affaires internes d’un État souverain, notamment la Syrie, soulignant qu’il soutient personnellement la position russe envers la Syrie, à savoir le refus de toute intervention militaire étrangère dans ce pays, voire le refus de la logique de l’ultimatum imposé par l’Occident à Damas. Alger et Moscou convergent vers «un large dialogue national, sans violence ni ingérence extérieure» pour régler les conflits dans les pays arabes. Le ministre algérien des Affaires étrangères avait souligné la position d’Alger sur cette question en réaffirmant la prudence algérienne. «Il nous semble que les informations qui viennent de Syrie ne sont pas toujours frappées du sceau de l’objectivité. Nous avons besoin que des commissions de la Ligue arabe aillent sur le terrain et restituent l’information pour agir en conséquence», avait-il déclaré devant la Commission des affaires étrangères du Parlement français.
Le séjour de Medelci en terre russe permettra également aux deux parties de passer en revue des sujets aussi sensibles que la crise financière internationale et ses conséquences, ainsi que la situation autour du programme nucléaire de l’Iran où les deux pays ont sensiblement la même vision avec la certitude d’Alger du droit de Téhéran à développer le nucléaire à des fins pacifiques.