La Place des Martyrs à Alger, principal lieu de ralliement des manifestants, est depuis quelques jours entourée d’une immense barrière en treillis soudé, suscitant les moqueries de la presse qui évoque un « mur de la honte », a constaté un journaliste de l’AFP.
Pour le Quotidien d’Oran, c’est « le grillage à la place de l’état d’urgence ».
L’état d’urgence instauré en 1992 a été levé fin février constituant la seule mesure politique importante prise par le président Abdelaziz Bouteflika depuis que souffle le vent de la révolution sur le monde arabe.
« L’une des places publiques les plus connues, celle des Martyrs, vient d’être totalement +encagée+, par un long grillage l’interdisant aux manifestants », observait jeudi le Quotidien d’Oran.
« Une sorte de mur de la honte, de ligne Morice (ligne de défense électrifiée et minée construite à la frontière algéro-tunisienne en 1957 pendant la guerre d’Algérie), de solution par l’apartheid qui laisse pantois », se révolte son éditorialiste, Kamel Daoud.
« On est donc arrivé à cette limite de la bêtise? Qu’est ce qu’un Etat qui en arrive à du barbelé pour interdire les marches et verrouiller les places publiques? Que penser de cette politique du fil de fer et du grillage »? se demande-t-il en estimant que « grillager les places publiques est ridicule sauf si on veut enrichir un importateur de fil de fer ».
Au bas de la Casbah et à la frontière entre le centre-ville et le faubourg populaire de Bab El Oued, la Place des Martyrs, la plus grande d’Alger, est un lieu animé où aboutissent les manifestations qui partent le plus souvent de la Place du 1er-mai, à trois kilomètres de là.
Alors que les marches sont interdites à Alger, elle a accueilli plusieurs cortèges de protestataires ces dernières semaines.
Des travaux viennent d’y être engagés et des ouvriers s’affairent à arracher les dalles de sol qui la recouvrent.
Mais pour le quotidien El Khabar, il n’ y pas de doute: « les autorités ont grillagé la Place des Martyrs pour qu’elle ne devienne pas la Place Tahrir » au Caire, haut lieu de la contestation contre le régime de l’ancien président Hosni Moubarak