Une récompense financière pour dénoncer un trafiquant de drogue ? L’idée semble attractive… mais ne sera pas distribuée à la légère. C’est l’un des sujets les plus débattus lors d’une séance d’audition consacrée au nouveau projet de loi sur la lutte contre les stupéfiants, tenue récemment à l’Assemblée populaire nationale.
Face à l’ampleur du fléau et à la complexité croissante des réseaux criminels, les parlementaires ont plaidé pour une stratégie globale, mêlant rigueur légale et implication citoyenne. L’une des mesures phares envisagées ? Encourager les habitants à signaler les trafiquants… à condition que ces signalements soient pertinents, étayés, et surtout, utiles aux enquêtes.
En effet, la proposition n’est pas nouvelle, mais elle prend aujourd’hui une tournure plus concrète. L’article 35 bis 1 du projet de loi prévoit ainsi d’accorder « des incitations financières ou autres » aux personnes fournissant aux autorités des informations menant à l’arrestation de trafiquants ou à la neutralisation de leurs réseaux.
Des récompenses pour ceux qui dénoncent les trafiquants de drogue, oui, mais pas sans preuves
Cependant, les membres de la commission des affaires juridiques ont insisté. Toute prime devra être conditionnée à la qualité et à la pertinence des informations transmises. En clair, pas question de récompenser une simple rumeur. Les faits doivent permettre des résultats concrets, tels que :
- L’identification de trafiquants avérés,
- La saisie de quantités importantes de substances,
- Le démantèlement d’un réseau organisé.
Les parlementaires ont également souligné que les primes ne pourront être versées qu’une fois l’enquête achevée et les résultats confirmés par les services de sécurité.
Le respect des libertés individuelles au cœur des débats
Autre point ayant suscité un débat nourri, l’exigence de tests de dépistage de drogues dans les concours de la fonction publique. Si certains y voient une mesure de prévention efficace, d’autres alertent sur ses implications pour les libertés individuelles.
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Les députés se sont notamment inquiétés de l’utilisation d’une base de données nationale susceptible de « stigmatiser » les personnes testées. Même en cas de résultats négatifs. Pour apaiser ces craintes, plusieurs élus ont proposé que ces analyses soient réalisées dans le cadre scolaire, de manière anonyme, et intégrées aux programmes de santé scolaire, afin de préserver la vie privée des enfants et des adolescents.
Lutte antidrogue en Algérie : une stratégie nationale à renforcer et évaluer
Les débats ont également mis en lumière la nécessité de mieux coordonner la lutte antidrogue à l’échelle nationale. À ce titre, plusieurs propositions ont émergé :
- La création d’un pôle national de lutte contre les drogues, chargé de coordonner les efforts de toutes les institutions concernées,
- La mise en place de centres de traitement des addictions dans chaque wilaya, avec du personnel médical spécialisé,
- La réalisation de bilans annuels permettant d’évaluer l’efficacité de la stratégie nationale à travers des indicateurs chiffrés (quantités saisies, nouveaux types de drogues, évolution de la consommation…).
Un filet de sécurité à renforcer pour les professionnels exposés au fléau de la drogue
Le dernier point évoqué concerne les conducteurs de bus, de camions ou encore les employés de certains établissements publics pourraient bientôt faire l’objet de contrôles médicaux réguliers.
L’objectif est de prévenir les accidents en détectant d’éventuelles consommations de stupéfiants parmi ces profils sensibles.
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En somme, entre incitation citoyenne, durcissement des peines et renforcement du maillage institutionnel. La nouvelle législation algérienne entend marquer une rupture face à une menace qui ne cesse d’évoluer.