Quand la fortune eclipse le challenge sportif
Jamais primes de signature et salaires des joueurs n’ont été aussi colossaux. Le football est devenu le nouvel eldorado des sportifs et des profiteurs de tous bords.
Tantôt, c’est la chaleur, tantôt, c’est l’état du terrain, tantôt, c’est carrément, l’arbitrage qui est mis en cause. Les raisons pour tenter de justifier une défaite ou un faux pas ne manquent pas. Parfois, ce sont les joueurs mêmes qui sont pointés du doigt parce qu’ils auraient levé le pied contre tel ou telle équipe. Or, tout le monde sait que ce ne sont pas là les vraies causes. Les clubs ne forment plus et l’argent qui coule, désormais à flots, a pollué, avec le temps, notre football devenu un commerce juteux pour les dirigeants et les profiteurs de tous bords.
Il n’y a qu’à voir le montant des primes de signature de certains joueurs et les salaires faramineux qu’ils perçoivent pour s’en convaincre. La période où le transfert d’un bon joueur coûtait en moyenne 400 à 500 millions est révolue. C’est à coup de milliards que l’on tente de faire venir les meilleurs, aujourd’hui. Un club de la capitale n’a pas hésité à casser sa tirelire en consacrant près de 30 milliards de centimes pour s’assurer les services des stars du championnat.
Une frénésie qui semble s’être emparée de tous les pensionnaires de la Ligue 1, y compris les clubs endettés qui, toute honte bue, participent aussi à cette foire. Cette politique de l’autruche, qui consiste à privilégier l’argent en détriment de la formation, a pourtant montré ses limites. Nos équipes ayant investi beaucoup d’argent l’année dernière, ont terminé au milieu du classement, tandis que d’autres ont attendu la dernière journée du championnat pour sauver leur tête et se tirer d’affaire.
Une faillite qui explique le faible niveau du championnat qui n’a de professionnel que le nom. Dès lors, il ne faut pas s’étonner des contre-performances enregistrées par nos clubs dans les compétitions africaines. La Jeunesse Sportive de Kabylie qui est parvenue à se hisser en demi-finale de la champion’s League, la saison dernière, n’est plus que l’ombre d’elle-même en se faisant battre, à domicile, par le représentant nigérian.
Le Mouloudia d’Alger a, quant à lui, connu un cuisant revers lors de son déplacement au Maroc. Nous faisons abstraction de la première journée des rencontres de poules où ils ont passé leur temps à défendre. Au final, le premier n’a récolté aucun point après deux rencontres et le second un seul, qui les classent en queue de classement, loin derrière les favoris. Cette course à l’argent a également contaminé les joueurs algériens évoluant en Europe. L’aspect financier a pris le pas sur le challenge sportif.
Après Nadir Belhadj, c’est au tour de Ziani, Meghni, Antar Yahia et probablement Madjid Bougherra de rejoindre les pays du Golfe Pétrodollars obligent, ces joueurs en optant pour ces pays, ont voulu assurer leurs arrières, mais ils risquent de régresser et perdre du coup leur place en Equipe nationale car le championnat dans cette contrée n’attire pas les foules.
Le nouveau sélectionneur national, Wahid Halilhodzic a mis en garde les joueurs en déclarant qu’ils doivent assurer leurs responsabilités. Exception faite pour Meghni qui s’est retrouvé dans l’obligation d’opter pour un club quatari pour rebondir et retrouver toute la plénitude de ses moyens, les autres n’ont pensé qu’à eux-mêmes et semblent tourner le dos à l’Equipe nationale.
Bien qu’ayant perdu presque toutes ses chances de qualification à la CAN 2012, celle-ci doit d’ores et déjà, penser aux matchs de qualification pour la Coupe du Monde 2014 qui aura lieu au Brésil.
Sur sa route, il y aura le vainqueur du match Erythrée-Rwanda, le Bénin et la renversante sélection du Mali. Un groupe abordable, mais ce serait une grave erreur que de croire que la partie est aisée ou qu’elle est gagnée d’avance. Rappelons-nous de l’euphorie qui s’était emparée de tout le monde à l’issue du tirage au sort des éliminatoires de la CAN 2012.
Dès la première rencontre disputée face à la pourtant modeste Tanzanie, on savait que la tâche allait être difficile, pour ne pas dire compliquée. La défaite de trop essuyée face à la République centreafricaine l’a confirmé et la sortie ratée face au voisin marocain a dévoilé nos faiblesse et prouvé qu’une sélection ne se construit pas sur la base de stars qui ne sont pas encore descendues de leur nuage d’Oum Dourman.
Le tout est de savoir maintenant si les joueurs locaux, c’est-à-dire ceux qui évoluent dans notre championnat, possèdent le talent nécessaire pour les remplacer et ouvrir, pourquoi pas, une nouvelle ère comparable à celle de la génération de 1982. L’Equipe nationale militaire a ouvert la voie.