Pour la première fois depuis sa création en février 2011, le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc) annule une action de protestation à la veille de son organisation pour des raisons sécuritaires. En effet, le rassemblement de cette organisation prévu pour la journée d’hier, dans la ville d’Ain Beida dans la wilaya d’Oum El Bouaghi pour réclamer des postes de travail durables pour les jeunes chômeurs de cette localité, n’avait pas lieu finalement.
Ses initiateurs qui ne sont que des membres dirigeants du Cnddc, ont décidé tard vendredi, d’annuler leur action que devrait accueillir le Centre-ville. Quant aux raisons de cette annulation, on avance le motif sécuritaire. « Vers 17h00, des groupes de jeunes connus par leur passé entaché, nous ont surpris à la place de maqam Achahid en train de préparer le rassemblement. Ils nous ont attaqué avec des armes blanches causant un blessé parmi nous.
Ils nous ont menacés de mort si on tient notre action de protestation « , nous a déclaré Chaâchouâ Karim, membre de la structure locale du Cnddc, rencontré hier, au Centre-ville d’Aïn Beida. Choqué par cette attaque, notre interlocuteur affirme que devant une telle situation, nous avons décidé d’annuler notre action pour préserver les vies humaines et » barrer la route à ceux qui veulent transformer la ville d’Aïn Beida en champ de bataille « .
Les initiateurs du rassemblement, d’après notre source, ont subi une avalanche d’insultes et de menaces de la part des groupes de jeunes mobilisés à cet effet. » Des appels haineux et appelant à notre lynchage, ont été lancés depuis des mosquées de la ville lors de la prière du vendredi » nous a fait savoir un autre membre de la structure locale du Cnddc, rencontré lui aussi à la ville d’Aïn Beida.

Il nous a affirmé en outre, que le coordinateur national du Cnddc, Tahar Belabès, a échappé de justesse à un acte de lynchage soigneusement préparé, selon ses dires. » C’est par miracle que nous avons réussi à évacuer en dehors de la ville Tahar Belabès « , a-t-il affirmé. « Nous voulons défendre pacifiquement notre droit au travail et à une vie digne. Nous sommes des enfants de la ville, et non pas des fauteurs de trouble comme essayent certains cercles de nous le coller », indique Fateh Djebari, lui aussi, jeune de la ville sans emploi. Les personnes rencontrées dans les rues de cette ville s’étonnent et s’interrogent sur les motifs de cette campagne qui visent à faire peur aux chômeurs.
Contacté par nos soins hier, Tahar Belabès nous a confirmé les informations rapportées par ses amis. » Effectivement, je suis victime d’un acte de violence « , nous a déclaré avant d’ajouter : » j’ai quitté en urgence la wilaya d’Oum El Bouaghi pour aller me réfugier à Constantine « . Concernant l’avenir du mouvement, les chômeurs d’Aïn Beida, tout en dénonçant les actes de violence et d’instrumentalisation des mosquées et des imams, il affirme que le gros travail durant les jours qui viennent, sera focalisé sur la sensibilisation des jeunes de la région pour éviter de nouveaux affrontements.
Par Rachid Chihab