Les choses ne sont pas encore mises en place
Le retard dans la révision de la Constitution, l’entrée tardive des partis politique en campagne électorale et surtout l’éventuelle guerre en Syrie pourraient amener à reporter l’élection présidentielle à mai ou juin.
C’est connu, la présidentielle sera l’événement le plus important en Algérie en 2014. Mais à six mois avant la fin du mandat du Président Bouteflika, les choses ne sont pas encore mises en place et aucun candidat sérieux ne s’est officiellement lancé dans la campagne électorale. Dans certains pays où les présidentielles ont une place médiatique et politique importante, les campagnes pour les présidentielles démarrent généralement une année et demie et jusqu’à deux ans avant l’échéance électorale. Allons-nous vers un report de la présidentielle? Une hypothèse qui est fortement discutée selon certains observateurs et plusieurs indices favorisent cette nouvelle thèse politique.
La plus plausible, c’est la révision de la Constitution. Le projet devait intervenir avant la fin de l’année 2013, mais la maladie du Président est venue chambouler le programme et le projet a été renvoyé aux calendes grecques. Et pourtant, une commission chargée de la révision de la Constitution, composée de cinq juristes, dont certains ont déjà collaboré avec les autorités, a été installée et chargée de remettre son rapport dans «les plus brefs délais», en mars 2012. La révision de la Constitution devait intervenir avant la convocation de l’électorat pour l’élection présidentielle, prévue au moins trois moins avant l’échéance électorale. Avec cette nouvelle donne, la date du mois d’avril 2014 est remise en cause et pourrait reporter l’élection d’un ou plusieurs mois.

Un report qui arrangerait sûrement la classe politique qui ne s’est pas encore lancée dans la bataille politique.
Après un Ramadhan calme et un mois d’août vacancier, les partis politiques commencent à se réveiller en septembre après une hibernation politique qui a duré plus de deux mois.
Après le règlement de la situation au FLN, considéré comme l’un des piliers de la présidentielle 2014, la majorité des partis ont allumé leur machine politique et ont commencé dés ce début septembre à occuper le terrain par des meetings.
C’est le cas notamment, des partis proches du pouvoir, comme le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) de Mohamed Saïd, du TAJ de Amar Ghoul, ou du Front du changement (FC) de Menasra, voire du FAN de Djamel Benabdesslam. Ces partis qui n’ont pas pour le moment de candidats à présenter pourront servir de caisse de résonance pour le candidat du consensus.
D’autres partis comme le RND qui prépare le renouvellement de son bureau national ou encore du MPA de Amara Benyounès peuvent également entrer dans la campagne électorale.
Mais l’une des causes les plus sérieuses pour un report de la présidentielle 2014, c’est la situation sécuritaire régionale et notamment la guerre en Syrie. Une intervention militaire étrangère en Syrie risque de créer dans la région de la Méditerranée une tension et une crise diplomatique sans précédent. Une action militaire qui nécessitera indéniablement un report d’un mois ou deux de l’élection présidentielle en Algérie, surtout si le conflit se généralise dans une guerre mondiale entre le camp occidental et le bloc de l’Est conduit par la Russie et la Chine. Cette situation géopolitique ne favorise pas un «blanc» ou «un vide» dans la gestion des affaires de l’Etat. Des décisions parfois importantes peuvent être prises par l’ancien ou le nouveau chef de l’Etat. Par ailleurs, une guerre dans la région risque de perturber la campagne des partis politiques et même désorienter l’électorat. Les partis politiques ne peuvent pas se concentrer dans une campagne électorale alors que la Syrie est bombardée. D’ailleurs, avant même qu’une intervention ait lieu, des mouvements et des partis, notamment de la mouvance islamiste ont déjà exprimé leur mécontentement et organisé des manifestations.
L’année 2014 sera également marquée par l’organisation de la Coupe du Monde au Brésil et la qualification de l’Algérie à cet événement planétaire pourrait également venir perturber la campagne électorale. Jamais les présidentielles algériennes, n’étaient aussi bien mal placées dans un agenda politique et médiatique international. Autant d’indices qui peuvent remettre en cause la date du mois d’avril et un report au mois de mai ou juin. On verra plus clair fin octobre, quoi qu’il en soit, le Président Bouteflika a les prérogatives légales et constitutionnelles pour annoncer un report.