Prévisions des finances et du FMI: des perspectives économiques inquiétantes pour le devenir de l’Algérie

Prévisions des finances et du FMI: des perspectives économiques inquiétantes pour le devenir de l’Algérie
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Ainsi au rythme actuel tant pour les prévisions du Ministère des Finances que du FMI, le fonds de régulation des recettes devrait s’épuiser début 2017 avec le risque d’un processus inflationniste accéléré remettant en cause le taux d’intérêt de l’emprunt obligataire fixé entre 5 et 5,75% et l’épuisement des réserves de change horizon 2018/2019 et donc un retour au FMI. Un changement de la politique socio-économique devient urgent impliquant la mobilisation de tous les Algériens, loin des discours démagogiques de certains responsables. Ce changement s’impose pour éviter un scénario catastrophe qui risquerait de déstabiliser le pays.

1.-Selon l’agence officielle APS en date du 07 mai 2016, reprenant les données du Ministère des Finances, le déficit du Trésor s’est creusé durant les deux premiers mois de l’année 2016 pour atteindre près de 1.404 milliards de dinars (mds DA) à fin février 2016 (contre près de 413 mds DA à fin février 2015), soit une hausse de près de 240%. Les recettes budgétaires effectivement recouvrées (pétrolières et ordinaires) ont baissé à 713,6 mds DA contre 894,43 mds DA sur les deux périodes de comparaison (-20,2%). Quant aux dépenses budgétaires, elles ont augmenté en passant à près de 2.040 mds DA sur les 2 premiers mois 2016, contre 1.222,6 mds DA sur la même période 2015, soit une hausse de 66,85% Facteur inquiétant, les dépenses de fonctionnement ont grimpé à 1.256,5 mds DA contre 937,64 mds DA (+34%), alors que celles d’équipement sont montées à 783,5 mds DA contre 284,96 mds DA (+175%) avec pour conséquence . un solde budgétaire déficitaire de 1.326,36 mds DA sur les 2 premiers mois contre 328,17 mds DA à la même période de 2015 (+304,2%) et des prélèvements de 666 mds DA sur les 2 premiers mois sur le fonds de régulation des recettes sachant que pour 2015 ces prélèvements ont atteint 2.886,5 mds DA (contre 2.965,67 mds DA en 2014) avec une hausse en 2015. de 6% du déficit du Trésor en 2015.

Selon les prévisions du FMI publiées le 25 avril 2016 dans son rapport sur les perspectives de croissance dans la région Moyen Orient-Afrique du Nord-Afghanistan-Pakistan (MOANAP), le Produit intérieur brut nominal de l’Algérie (PIB) devrait s’établir à 166 milliards de dollars (mds usd) en 2016 contre 172,3 mds usd en 2015 avec une croissance du taux de chômage. En 2016, les exportations devraient enregistrer une baisse à 27,7 mds usd contre 38,4 mds usd en 2015, mais devraient progresser en 2017 à 32,3 mds usd. Pour avoir un équilibre budgétaire toujours selon le FMI, l’Algérie aura besoin, en 2016, d’un prix de pétrole de 87,6 dollars/baril contre 109,8 dollars/baril en 2015. Le déficit budgétaire devrait s’élever à 15% du PIB en 2016 (contre 15,9% en 2015). Les importations en 2016 sont estimées à 57,5 mds usd contre 63,7 mds usd en 2015, et devrait atteindre en 2017 à 61,3 mds usd. Le déficit de la balance des comptes courants atteindra -28,3 mds usd en 2016 contre -27 mds usd en 2015. Et – 28,2 mds usd en 2017. Les réserves officielles de l’Algérie devraient reculer sous l’effet de la chute des prix de pétrole à 113,3 mds usd en 2016 en couvrant 22,2 mois d’importations, contre 142,6 mds usd en 2015 et poursuivront leur contraction à 92,3 mds usd en 2017. Ainsi au rythme actuel tant pour les prévissions du Ministère des Finances que du FMI , le fonds de régulation des recettes devrait s’épuiser début 2017 avec le risque d’un processus inflationniste accéléré remettant en cause le taux d’intérêt de l’emprunt obligataire fixé entre 5 e t5,75% et l’épuisement des réserves de change horizon 2018//2019 avec un retour aau FMI ce qu’aucun Algérien ne souhaite.

2.-Dès lors que face à la baisse du cours des hydrocarbures de longue durée et des tensions géostratégiques, l’Algérie a besoin de rassembler toutes les énergies sans exclusive, tenant compte de leurs différentes sensibilités afin de réaliser tant la transition économique qu’énergétique. Le débat contradictoire productif, le dialogue serein et la symbiose Etat/citoyens, sont la condition sine qua non pour établir tant un bilan objectif afin de corriger les erreurs du passé que de tracer les perspectives futures du pays. Les débats contradictoires productifs traduisent la vitalité d’une société. Personne n’a le monopole du nationalisme et de la vérité. Le plus grand ignorant est celui qui prétend tout savoir d’où l’importance du respect et de la tolérance des idées d’autrui. Tous les Algériens aiment leur pays et rêvent qu’ils deviennent un pays émergent. Les discours déconnectés de la réalité sociale avec une jeunesse exigeante de plus en plus instruite et parabolée, qui voient l’ennemi de l’extérieur partout, (ce dernier agissant lorsque le corps social interne est décomposé), afin de voiler les difficultés internes ne portent plus. Au contraire, avec un manque de communication transparente et de crédibilité, ils jouent comme repoussoir. -L’Algérie pour sortir de la crise doit asseoir une économie diversifiée fondée sur une bonne gouvernance. Les ajustements économiques et sociaux nécessaires où les sacrifices devront être partagés, impliqueront de profondes réformes structurelles, des stratégies d’adaptation tant aux nouvelles mutations mondiales qu’internes à l’approche de la quatrième révolution industrielle analysée minutieusement lors de la dernière rencontre du Word Economic Forum. Son Excellence le président de la République le 01 mai 2016 a rappelé l’urgence de profondes réformes, condition pour une économie diversifiée(2). Pour atteindre ce but, sans chauvinisme devant éloigner toute vision de sinistrose mais également de toute autosatisfaction déconnectée des réalités, l’Algérie a toutes les potentialités pour y arriver, une dette extérieure inférieure à 4 milliards de dollars, des réserves de change supérieures à 140 milliards de dollars qu’il  s’agit de ne pas gaspiller et surtout la ressource humaine richesse bien plus importante que toutes les réserves d’hydrocarbures. Mais cela implique de reposer le développent sur les trois fondamentaux du XXIème siècle : premièrement, la bonne gouvernance, l’Etat de Droit et la démocratisation, de la société tenant compte de son anthropologie culturelle conciliant la tradition et la modernité ; deuxièmement la valorisation de la connaissance en améliorant la qualité et troisièmement la dialogue permanent entre le Pouvoir et les différentes forces sociales et économiques, le mouvement de toute société donnant naissance à des forces nouvelles dynamiques tant politiques, sociales qu’économiques. Il ne fait pas se faire d’illusions d’un retour du cours du pétrole à plus de 80 dollars à prix constants car déflaté le cours du pétrole des années 1980 équivalait avant la chute, en 2014 à plus de 90 dollars. Selon la majorité des experts et institutions internationales existe plusieurs scénarios : un retour de la croissance de l’économie mondiale permettait un cours variant entre 60/70 dollars ; une croissance modérée entre 50/60 dollars ; une croissance en berne entre 40/50 dollars et une dépression mondiale un cours inférieur à 30 dollars. Etant une erreur de raisonner sur un modèle de consommation énergétique linéaire du passé, au-delà de 2020, le monde s’oriente vers une grande mutation énergétique mondiale allant vers MIX énergétique. Les deux plus grands producteurs de pétrole au monde l’ont compris. L’Arabie Saoudite consacrera plus de 2000 milliards de dollars pour se libérer de la dépendance rentière. La Russie , ne parlant pas des USA qui ont une économie diversifiée s’autosuffisant et exportant bientôt vers l’Europe , envisage de réaliser également cette transition car pour reprendre les propos récents du Ministre du développement russe, je le cite : « de la même façon que l’âge de pierre, qui n’a pas pris fin parce qu’il n’y avait plus de pierres, l’ère du pétrole est terminée Nous nous sommes retrouvés dans le camp des pays perdants qui n’ont pas eu le temps d’adapter leur économie. Le futur est arrivé avant que l’on s’y attende »(1).

LG Algérie

En résumé, en ces moments cruciaux pur son devenir, si elle veut éviter le retour au FMI et des tensions sociales de plus en plus aiguës, avec cette fois les risques du fait de la déstabilisation de la région d’une intervention étrangère qui n’est pas à écarter, l’Algérie a besoin de plus de moralité, d’une vision stratégique claire et de revoir son modèle socio-économique et sociopolitique, loin des discours démagogiques populistes. Les solutions ne sont pas essentiellement économiques mais aussi politiques. Faute de quoi il ne faut pas s’attendre à un retour à la croissance avec les risques d’une déflation sociale à terme. Pour positiver l’action future, l’Algérie a besoin surtout d’un regard lucide et non de courtisans liés à la rente. Certains qui attisent la haine et la division ne rendent pas service au pays en cherchant surtout à préserver leurs intérêts personnels au détriment des intérêts supérieurs de l’Algérie. Afin de préparer une économie diversifiée conditionnée par les réformes structurelles, les Algériens doivent se rassembler.