Inutile de revenir sur la tragédie que constituent les accidents sur nos routes et dans lesquels l’élément humain est toujours mis en cause. Sanctionner sévèrement en cas de non-respect du code de la route peut s’avérer utile certes, mais force est d’admettre que jusqu’au jour d’aujourd’hui les résultats obtenus sont loin de ceux escomptés. Des spécialistes proposent alors d’autres voies.
Et cela coûte très cher. 100 milliards de dinars chaque année pour le Trésor public.
Des chiffres effarants. Et une question reste sans réponse : Comment arrêter l’hécatombe ? Parmi les mesures préconisées par les experts : la formation des moniteurs d’auto-écoles.
Experts et acteurs de la société civile sont quasi unanimes : il faut en urgence revoir le dispositif d’obtention du permis de conduire. Mais surtout : former les moniteurs d’auto-écoles et mieux évaluer les élèves au volant. «Il y a un programme national et il faut s’y tenir», indique Mustapha Hamouche, auteur du manuel de code la route, qui intervenait ce matin à la chaîne III de la radio nationale.Pourtant il reviendra sur ce drame qui touche cette activité en mettant le doigt sur un de ses paradoxes. «Depuis quand l’Algérie s’est-t-elle dotée d’une école de formation de formateurs ?», s’interroge-t-il, ajoutant que «parmi les 16 000 formateurs, la majorité écrasante n’a pas été formée».
Pour en revenir aux chiffres, le ministre des Transports, Amar Ghoul nous apprenait hier que les accidents de la route font perdre à l’Algérie plus de 100 milliards de dinars par an, soit la valeur de 20 aéronefs.
Ainsi, en 2013, 4 540 personnes ont perdu la vie et 69 582 autres ont été blessées dans 42 864 accidents de la route, a indiqué le ministre dans une intervention à l’occasion d’une journée d’études sur l’«Enrichissement de la politique nationale de la sécurité routière». S’exprimant sur la politique routière, M. Ghoul a affirmé que la situation actuelle nécessitait des solutions «urgentes, profondes et durables» impliquant tous les acteurs des différents secteurs concernés.
Pour endiguer ce phénomène qualifié de «catastrophique et de tragique», le ministre a annoncé que son département allait présenter au gouvernement «un plan national de la sécurité routière» dans le cadre des recommandations des grandes assises nationales des transports. Ce plan englobe plusieurs aspects, dont l’ouverture de branches locales du Centre national de prévention routière dans le cadre de la redynamisation de son rôle au niveau local et de ses relations avec les parties sécuritaires, militaires et locales.
Le décret exécutif et les textes d’application relatifs à la restructuration de ce centre «sont fin prêts», afin de permettre l’élargissement des prérogatives de ce centre et sa réhabilitation en termes de ressources humaines et moyens, a ajouté le ministre.
■ Le plan évoqué par le ministre prévoit des mesures coercitives pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à l’encontre des contrevenants au code de la route et des mesures incitatives pour encourager les citoyens à recourir aux transports en commun, ainsi qu’au renforcement du transport ferroviaire pour le transport des personnes et des marchandises, pour alléger la surcharge qui pèse sur les routes d’autant que le parc automobile est en constante augmentation et compte aujourd’hui 8 millions de véhicules.
L.S