Relativement insuffisantes et mal réparties à travers le territoire national, les ressources forestières, dont la superficie ne dépasse pas les 4,8 millions d’hectares, sont au centre des priorités des pouvoirs publics.
Compte tenu de l’enjeu qu’elles présentent au double plan économique et écologique, les forêts s’apprêtent à être soumises à une nouvelle stratégie de gestion et ce, à travers le renforcement de la législation les régissant. Dans ce sillage, il a été fait savoir auprès de la Direction générale des forêts, (DGF) que la loi concernant la forêt sera soumise à l’amendement avant la fin de l’année en cours.
Les modifications que les responsables du secteur ont proposées, visent principalement la mise en œuvre de nouveaux mécanismes de protection des espaces forestiers contre leur accaparement par les populations rurales qui sont installées dans les périmètres immédiats. Entre autres mesures introduites dans le nouveau texte de loi, préfigurent le durcissement des sanctions contre les contrevenants et l’instauration davantage de fermeté contre l’attribution de permis de construire sur les terres relevant du domaine forestier.
A cet égard, la DGF relève, depuis des années, de nombreux cas d’atteinte au tissu forestier de diverses natures. D’un côté, il y a des citoyens qui se sont appropriés des parcelles de terrains dans ces périmètres et y ont érigé des habitations illicitement sans procéder à une quelconque demande d’autorisation ou permis de construire. D’autres citoyens procèdent depuis quelques années au défrichement de larges périmètres forestiers pour y pratiquer des activités agricoles diverses. Pour cette dernière catégorie, la direction générale des forêts a mis en place un dispositif d’attribution des espaces forestiers pour l’activité agricole mais n’y sont autorisées que les activités ne constituant pas un facteur de dégradation du potentiel forestier.
En perspective de la mise en œuvre des nouvelles mesures réglementaires en la matière, la DGF a instruit les différentes conservations des forêts à travers le territoire national de procéder au diagnostic détaillé des périmètres ayant déjà fait l’objet d’une exploitation illicite. Parallèlement aux nouvelles mesures coercitives que la DGF compte mettre en vigueur pour la protection de ce patrimoine relevant du domaine public de l’Etat, une nouvelle démarche est également proposée en matière de gestion et d’exploitation de ce secteur. Il s’agit ainsi, dans le cadre de la nouvelle loi, d’une démarche basée sur l’implication des populations locales voisines des zones forestières dans la gestion du secteur.
Sur ce plan, la DGF a fait état de pas moins de 10 000 projets de proximité de développement rural intégrés (PPDRI) qui ont déjà été attribués dans le cadre de la politique de renouveau rural et dont ont bénéficié pas moins d’un million d’habitants dans les différentes wilayas du pays. Dans les années à venir, cette politique de gestion participative est appelée à s’intensifier tout en veillant sur l’exploitation rationnelle des ressources et la lutte contre leur dégradation. Ceci au moment où les pressions sur le patrimoine forestier ne sont pas près de s’atténuer eu égard à une frange importante de la population qui y habite. Selon la DGF, 14 millions d’habitants sont localisés dans les zones d’implantation des ressources forestières.
Avec les dispositions supplémentaires prévues dans le cadre de la nouvelle loi, les facteurs de dégradation du potentiel forestier sont susceptibles de diminuer mais il reste à savoir si la tutelle ira jusqu’au bout dans cette démarche. En effet, révélé peu avant le récent remaniement du gouvernement, qui a touché le secteur de l’agriculture à l’instar de nombreux autres départements, nul ne sait à présent si l’amendement de la loi sur la forêt poursuivra son cheminement ou sera mis au placard comme cela a été le cas pour de nombreux projets dans le passé.
Mourad Allal (L’Eco n°113 / du 1er au 15 juin 2015)