Pressions pour une participation de pro-Morsi au gouvernement ,L’armée courtise les salafistes

Pressions pour une participation de pro-Morsi au gouvernement ,L’armée courtise les salafistes

Le nouveau Premier ministre égyptien Hazem Beblawi a affirmé ne pas exclure une participation des Frères musulmans au gouvernement de transition qu’il s’efforce de former, en dépit de la défiance des partisans de l’ex-président Mohamed Morsi.

Hazem Beblawi a indiqué vouloir identifier les meilleurs candidats sur deux critères : l’efficacité et la crédibilité, et ne pas se préoccuper de l’appartenance politique. Si quelqu’un est proposé par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ, bras politique de la confrérie islamiste) et que cette personne est qualifiée, sa nomination pourra être envisagée, a-t-il fait valoir, relayant une offre évoquée par la présidence et rejetée dès mercredi par les Frères musulmans qui ont écarté toute possibilité de pactiser “avec des putschistes”. Sa tâche s’annonce particulièrement ardue.

Sa première mission est de maintenir sur les rails le processus de transition politique édicté par le président intérimaire Adly Mansour, installé par l’armée, et qui prévoit notamment l’adoption d’une nouvelle Constitution et la tenue de législatives d’ici au début 2014. Ce cadre institutionnel a été également rejeté par les islamistes, et il est critiqué par les laïcs anti-Morsi, qui ont promis de présenter des amendements.

Dans la rue, le climat de grande tension persiste, deux semaines après la destitution de Mohamed Morsi. La défiance des partisans de ce dernier, incarcéré dans un endroit tenu secret, à l’égard des nouvelles autorités a été renforcée par le lancement, ce week-end, d’un nouveau mandat d’arrêt contre le guide suprême des Frères musulmans, Mohammad Badie, et d’autres responsables de la confrérie.

Les arrestations de centaines de militants islamistes laissent difficilement espérer une sortie de la crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis huit jours, a estimé hier le département d’État américain. “Les arrestations observées au cours des derniers jours, qui visent des groupes particuliers, ne correspondent pas à la réconciliation nationale que le gouvernement de transition et l’armée disent rechercher”, a ainsi déclaré le porte-parole du département d’État.

Ovationné il y a quatre ans à l’université du Caire d’où il avait appelé à un nouveau dialogue entre son pays et le monde musulman, Barack Obama est aujourd’hui vilipendé, autant par les jeunes de la place Tahrir que par les islamistes. Les Égyptiens se plaignent de sa politique exclusive à Israël. Les révolutionnaires ont compris ne rien attendre de lui, et les partisans de Morsi sont furieux : pour eux, Obama a autorisé, voire préparé, le coup d’État. Les Égyptiens non islamistes jugent qu’il s’était allié aux Frères musulmans depuis l’élection de Mohamed Morsi. Il n’y a que les militaires à trouver des satisfecits aux États-Unis qui ont manifesté leur “compréhension” à l’égard du renversement de Morsi en déclarant que la présidence du chef de l’État islamiste n’avait pas été démocratique. Et il n’y a pas ce contexte politique flou, le front social est à l’explosion. L’armée égyptienne, fidèle à elle-même, pense jouer sur la rivalité salafistes-Frères musulmans.

Alors que les Frères ne décolèrent pas d’avoir été dépossédés par l’armée d’un pouvoir qu’ils avaient gagné par les urnes, les salafistes du parti al-Nour espèrent leur voler les faveurs des électeurs conservateurs lors des prochaines élections. Voici pourquoi le général al-Sissi courtise al-Nour à qui il promet la place d’acteur-clé de la nouvelle transition politique.

D. B