L’Algérie, à l’instar des autres pays dans le monde, célèbre, aujourd’hui, la Journée internationale de la presse. Lieu de débat, outil de combat ou instrument de pouvoir ; on ne fini pas de discuter, de nos jours de la place et du rôle des médias. Ce qui est certain, c’est que cette journée est propice pour évaluer les avancées, les contraintes et les faiblesses de ce secteur des plus névralgiques.
Et là, nul ne pourra remettre en cause l’apport de la presse dans l’émergence de la culture démocratique de notre pays, du moins pour ce qui est de la presse privée, appelée également presse « indépendante ». Certes, cette corporation a parfois manqué de professionnalisme, mais peut-on le lui reprocher quant on sait qu’elle est née dans la douleur et a fait face à l’obscurantisme à un âge précoce.
La commémoration de cette journée nous fera revivre des moments des plus douloureux. La corporation journalistique, meurtrie dans la chair et dans le sang, a payé un lourd tribut lors de la décennie noire.
À la mémoire, nous reviennent ceux et celles qui sont tombés sous les balles assassines des intégristes. Après la décennie noire au moment où la corporation s’attendait à une meilleure situation, aux meilleurs conditions de travail et à moins d’entraves, notamment d’ordre juridique dans l’exercice du métier, c’est le contraire qui s’est produit. Le mépris et la dénégation ont été le lot des journalistes.
Il a été même confectionné des articles tels les 144 et 144a du Code pénal de 2001 qui prévoient de lourdes amendes et des peines de prison, notamment une peine de cinq ans, pour ce qui est qualifié de délits journalistiques. Constat : Plus d’une centaine d’affaires de presse ont été enregistrées en 2005. De nombreux procès se sont terminés par la condamnation. Pas moins de 20 journalistes ont subi des peines de prison ferme.
Ces condamnations ne sont pas sans susciter les plus vives réactions des ONG internationales de protection de la liberté de la presse. La dernière, date du mois dernier, à l’occasion de la visite en Algérie de Frank La Rue, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression. Celui-ci a dressé un rapport critique sur la situation de la presse et des libertés publiques en Algérie. «La diffamation doit être dépénalisée.
C’est une priorité », a-t-il martelé. La corporation, mais aussi la société civile algérienne condamne, également, cet état de fait réclamant plus de liberté d’expression. Cela ne pourrait être interprété qu’en tant que simple reconnaissance envers une presse qui a pourtant payé un lourd tribut durant les années 90. Qu’y a-t-il de plus légitime que de revendiquer, maintenant, une liberté de presse?
En définitive, le « beau » voyage dans le temps tant espéré par les professionnels des médias à la faveur de la loi d’avril 1990 et l’article 40 de la Constitution de 1989, ne s’est jamais réalisé tant le chemin à emprunter était tellement épineux : accès à l’information verrouillé, arsenal juridique contraignant.
Récemment, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a annoncé que la nouvelle loi sur l’information complétera la législation actuelle, notamment à travers la dépénalisation du délit de presse.
Le chef de l’État a affirmé que la liberté d’expression est une réalité que reflètent nos médias de par leur diversité et par l’audace dans le ton qui les caractérise.Voila qui réjouira, d’emblée, la corporation journalistique en attendant sa concrétisation sur le terrain.
Amokrane Hamiche