Présidentielles du 17 avril 2014, Ruée des saisonniers de la politique

Présidentielles du 17 avril 2014, Ruée des saisonniers de la politique
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Les intermittents de la politique pointent à nouveau leurs nez. Visiblement c’est la ruée vers le ministère de l’Intérieur en vue du retrait des formulaires de souscriptions pour une éventuelle candidature à la magistrature suprême.

On ne connaît pas encore les noms de tous les postulants, mais la majorité d’entre eux sont des inconnus au bataillon. Il y’en a parmi eu aussi des politiques qui peinent, après des années d’existence sur la scène politique nationale, à constituer de véritables partis.

Dans cette catégorie, deux hommes se distinguent. Pas pour leurs prouesses, mais par l’image caricaturale qu’ils renvoient. Il s’agit d’Ali Zeghdoud, président du Rassemblement Algérien (RA) et Mohamed Hadef, président du mouvement national d’espérance (MNE). Deux chefs de partis politiques qui cumulent plus d’une quinzaine d’années d’existence sur la scène nationale, sans pour autant réussir à se faire connaître auprès des algériens. Ce n’est pas leur objectif, visiblement.

A la tête des coquilles vides, les deux personnages font encore parler d’eux. Et pour cause, les procédés auxquels ils recourent à chaque rendez-vous électoral. N’ayant aucune base militante, Ali Zeghdoud et Mohamed Hadef se mettent à quémander, tantôt des parrainages des électeurs et des comités de soutien, tantôt des candidats aux législatives et aux locales.

Après avoir lancé, en 2012, une sorte d’avis d’appel d’offres à candidature pour les législatives en faisant insérer des placards publicitaires dans la presse nationale dans lesquels ils invitent les citoyens intéressés par la députation à venir constituer des listes électorales chez eux, ils récidivent cette fois-ci aussi. Les deux hommes ont commencé à publier dans les grands titres de la presse nationale des appels à l’adresse des électeurs pour recueillir les 60 000 signatures exigées par la loi électorale.

De la pub pour se porter candidat

Ali Zeghdoud, n’ayant pas visiblement une manne financière importante, a inséré dans les colonnes de journaux arabophones un 1/5 (cinquième) de pub, pour 5000 DA, dans lequel il a invité les élus et les citoyens à constituer, en sa faveur, des comités de soutien pour l’aider à dépasser l’écueil des souscriptions. A cet effet, il communique des numéros de téléphone et une adresse email.

Mohamed Hadef opte aussi pour le même procédé, en se payant carrément une demi page (1/2) de publicité pour annoncer à la fois sa candidature, son programme et faire un appel à l’aide pour la collecte des signatures. Quel sérieux ! Ces deux responsables de partis politiques sont de véritables fonctionnaires de la politique. Ils ont battu tous les records de longévité à la tête de leurs partis respectifs. Plus de 15 ans à la présidence, sans convoquer ni congrès, ni conseils nationaux, ni aucunes autres instances des deux partis. Pis encore, les deux prétendants à la magistrature suprême n’expriment aucune position sur l’actualité nationale et internationale.

Et cela en contradiction avec la loi sur les partis politiques qui exige pour tous les partis une réunion des instances, l’organisation des congrès périodiques (chaque 5 ans), et la présentation des bilans annuels, comme le stipule l’article 61 de ce texte. Sur le plan des scores électoraux, ces deux partis n’obtiennent presque aucune voix. Résultats : aucun siège au Parlement et aucune Assemblée locale remportée.

Les nouveaux partis en hibernation

La cinquantaine de partis créés à la faveur des réformes politiques engagées en 2011, ne font pas mieux que le RA et le MNE. Après une participation timide aux législatives de mai, puis aux locales d’octobre 2012, les responsables de ces partis ont rangé armes et bagages en attendant un nouveau rendez-vous.

Hormis quatre à cinq formations issues de la dernière campagne d’agrément des partis, la majorité des formations politiques version 2012 observe le silence. Elles ont cessé leurs activités depuis le mois d’octobre 2012. Étrange position pour ces partis dans un pays qui doit organiser, dans quelques semaines, une consultation présidentielle.

A qui la faute ? Il est vrai que chaque citoyen algérien a le droit d’exercer la politique et de créer, avec d’autres, des partis politiques. Mais à quelle fin ? Les autorités qui ont empêché, pendant plusieurs années, des personnalités de lancer leurs propres formations ont, semble-t-il, fait dans la précipitation en agréant plus d’une cinquantaine de partis au même temps. Surtout que ces derniers ne présentent aucun projet de société et n’ont aucune vision d’avenir pour l’Algérie. Cela se confirme sur le terrain aujourd’hui. Faute de personnalités politiques crédibles, ce sont des inconnus qui souhaitent se lancer dans la course au palais d’El Mouradia.

En plus des binationaux, dont certains comme Rachid Nekkaz, ont même tenté une carrière politique en France et Ali Benouari qui est membre d’un parti politique Suisse, des commerçants, des maçons, des anonymes et des saisonniers de la politique qui tentent l’aventure…présidentielle.

Boualem Rabah