Les indépendantistes des zones anglophones du Cameroun ont mis à exécution leurs menaces de perturber hier l’élection présidentielle dont le président Paul Biya, 85 ans, est le favori face à sept candidats. Trois hommes armés, séparatistes présumés, qui tiraient sur des passants à Bamenda, dans la région anglophone du Nord-Ouest, ont été abattus après avoir été traqués par les forces de sécurité.
Dans la nuit de samedi à hier, dans cette même ville de Bamenda, un tribunal a été incendié par “des hommes armés”, selon des témoins. À Buea, dans le Sud-Ouest, l’autre région anglophone du Cameroun, des coups de feu ont été entendus à la mi-journée par des journalistes de l’AFP. Ils ciblaient une voiture du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune et celle du sous-préfet, mais n’ont pas fait de blessés.
Dans cette même ville de Buea, la distribution du matériel électoral avant l’ouverture des bureaux s’est faite sous haute protection de l’armée. Les bureaux étaient ouverts, mais en partie désertés, selon des journalistes de l’AFP. La ville est quadrillée par les militaires et les policiers, massivement présents.
La guerre s’est installée dans les régions anglophones depuis fin 2017, après plus d’un an de crise socio-politique qui a lentement dégénéré en conflit armé. Les séparatistes des régions anglophones du Cameroun avaient menacé d’empêcher le bon déroulement du scrutin présidentiel dans ces régions où ils veulent créer leur État indépendant qu’ils appellent “l’Ambazonie”. “Ce n’est pas impossible qu’il y ait des fauteurs de troubles dans les régions anglophones”, a déclaré à Yaoundé le ministre de la Communication, Issa Bakary Tchiroma à des journalistes. “Mais je peux vous assurer que la large majorité des habitants sont prêts et veulent voter”, a-t-il ajouté.
“À l’heure actuelle tout se passe pour le mieux dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest”, a-t-il tenté de rassurer. Le président Biya, au pouvoir depuis 1982, brigue un 7e mandat consécutif. Quelque 6,5 millions d’électeurs – sur 25 millions d’habitants – sont appelés à voter jusqu’à 18h00 (17h00 GMT) et auront à choisir entre huit candidats. Les résultats définitifs ne seront pas publiés avant au moins une semaine.
Parmi les huit candidats en lice, le président Biya qui, invisible physiquement durant la campagne hormis un meeting dans l’Extrême-Nord, a été omniprésent dans les débats et sur les affiches collées par milliers partout dans le pays. Juste avant le vote et pour la première fois depuis la présidentielle de 1992, deux opposants de poids se sont alliés contre lui.
Akere Muna, ancien bâtonnier du Cameroun, s’est désisté en faveur de Maurice Kamto, candidat majeur de l’opposition, ancien ministre délégué à la Justice (2004-2011) et transfuge du parti au pouvoir.